BD de la semaine

Quelques planches de la BD "1984".
Quelques planches de la BD "1984".

1984

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Pertinente adaptation du roman éponyme culte et visionnaire de George Orwell, publié en 1949, cette BD suit les pas de Winston Smith, un habitant de Londres, rattaché au bloc Océania, l'un des trois grands territoires du monde avec Eurasia et Estasia. Employé du Parti, Winston travaille au Ministère de la Vérité, «Miniver» en novlangue, la langue officielle. Il est chargé de réécrire continuellement l’Histoire afin de justifier les décisions du parti. Dans un monde où tout sentiment amoureux est interdit, il est attiré par Julia, une jeune femme en quête de liberté. Ensemble, ils vont tenter d’échapper à l’emprise du gouvernement et de Big Brother, le système de surveillance du parti... Le scénario, signé Jean-Christophe Derrien, imprime au récit un rythme proche du thriller mais n'oublie pas de nous interroger aussi sur notre époque où pensée unique et fake news marchent de concert. Tandis que le dessin en noir et blanc, ponctué de touches de couleurs vives, de Rémi Torregrossa participe à la réussite de cet ambitieux projet.

Soleil.

Louisiana, la couleur du sang

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Cette trilogie historique se déroule à La Nouvelle-Orléans, et s'ouvre en 1805 avec l’inauguration de la plantation de canne à sucre d’Augustin Maubusson pour s'achever en 1961, au moment où Louise Soral, sa descendante, questionnée par ses petites-filles sur son enfance, se confie à sa domestique, une femme de couleur, et lui demande de mettre par écrit les lourds secrets de ses ancêtres. Ce deuxième volet met en scène Laurette, l’arrière-grand-mère de Louise, qui, rongée par le remord après le suicide de son mari, s’efface peu à peu pour laisser la place à sa fille Joséphine. Le retour d’Antoine s’étant révélé désastreux, la jeune femme se retrouve plus que jamais seule pour gérer la plantation et se montre prête à tout pour protéger sa famille. Né après un voyage dans le sud des États-Unis, le scénario de Léa Chrétien, basé sur une histoire vraie, est nourri par l’histoire de l’esclavagisme et le quotidien dans les plantations du sud des États-Unis. Soit une fresque familiale dépourvue de manichéisme où les femmes doivent affronter une société profondément misogyne, raciste et violente. Tandis que le dessin de Gontran Toussaint transpose parfaitement la lourdeur du climat et l’atmosphère de l'époque.

Dargaud.

Le réveil du tigre

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Neuvième et ultime aventure de Chinaman, la passionnante série signée par Olivier TaDuc (dessins) et Serge Le Tendre (scénario), ce western se déroule dans les années 1850, suivant les pas de Matt Monroe, tout juste recruté chez les Pinkertons, la célèbre agence de détectives privés. Les enlèvements se multiplient autour de Bakersfield en Californie et l’aînée des filles du banquier Kelley est retrouvée assassinée. Soit l'opportunité pour le jeune homme de remonter la piste de son vrai père, qui n’est autre que Chen Long, le légendaire Chinaman. Le vieux tigre chinois, brisé par la guerre de Sécession et le bagne, vit désormais retranché dans la nature d’Idlewild et les fumées d’opium, ignorant qu’Ada, sa femme, lui a donné un fils avant de mourir... Fresque romanesque magistrale pleine de bruit et de fureur, Le Réveil du tigre est un vibrant plaidoyer pour la justice et contre la violence mais aussi une œuvre testament exalté par le graphisme d’Olivier TaDuc qui n'est pas sans évoquer l'atmosphère crépusculaire d'Impitoyable de Clint Eastwood.

Dupuis.


Moby Dick

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Maintes fois adapté en BD, l'intemporel roman d'Herman Melville exerce toujours autant de fascination sur les dessinateurs et scénaristes. Pour preuve, cette version signée de l'immense Bill Sienkiewicz dont la grande virtuosité plastique magnifie ce chef-d'œuvre de la littérature américaine. Soit l'histoire d'Ismaël, le narrateur, qui décide de partir à la chasse à la baleine. Il embarque sur Le Pequod, commandé par le Capitaine Achab, obsédé par un cachalot blanc particulièrement féroce surnommé Moby Dick qui lui a arraché la jambe. À travers le voyage «sans retour» de son personnage principal, Melville aborde nombre de thèmes universels, dont celui de l'appartenance à une classe sociale. Fort de sa liberté créatrice - le dessinateur utilise la peinture à l'huile, l'aquarelle, les encres, voire le collage -, Bill Sienkiewicz signe un ouvrage qui fera date.

Delcourt.


Ion Mud

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Fédérant avec habileté les codes de la science-fiction, cette BD suit les pas de Lupo, un homme solitaire errant à la surface d’un vaisseau tentaculaire, tentant de survivre alors que des aliens se tapissent dans cette gigantesque architecture métallique. Il doit aussi faire face à une contamination par un organisme hostile transformant toutes formes de vie en créatures mutantes et causant de graves dysfonctionnements au vaisseau. Son salut passe par la découverte des Toranas, de grandes portes noires infranchissables qui pourraient bien expliquer sa présence dans ce monde. Lupo devra rivaliser d’intelligence et de persévérance lors de sa périlleuse quête identitaire... Signé Amaury Bündgen, cet impressionnant roman graphique en noir et blanc plonge le lecteur dans un univers foisonnant d'une richesse architecturale rare. Avare en dialogues, cet ouvrage parfois déroutant assume le parti-pris lacunaire du scénario et parie sur la curiosité et l'intelligence du lecteur. Lequel sera récompensé au terme de ce surprenant voyage.

Casterman.

Edmund Kemper

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Personnage effrayant et fascinant de l'extraordinaire série Mindhunter, Ed Kemper est un serial killer qui ébranla l’Amérique dans les années 1970. Enfermé à perpétuité, ce dangereux psychopathe est l’auteur de multiples meurtres sordides, tandis que son gabarit démesuré - plus de 2 m pour 160 kg -, lui valut le surnom d'Ogre de Santa Cruz. Le récit s'ouvre en février 1986 alors qu'Edmund Kemper, détenu dans la prison de Vacaville en Californie depuis avril 1973, reçoit la visite d'Etienne Jallieu. Ce dernier lui explique son travail auprès des serial killers et l'objet de leur entretien. D'une redoutable intelligence, Kemper va conduire la discussion, se remémorant son enfance, puis décrivant ses premiers meurtres... Ce quatrième volume d'une série consacrée aux tueurs en série nous plonge dans la terrifiante «carrière» d'un personnage complexe et torturé à travers ses crimes - plus suggérés qu'illustrés ici - mais aussi de son enfance, de ses relations avec sa mère et ses grands-parents, ou de ses collègues à l'école. Le scénario parfaitement documenté de Jean-David Morvan est complété par un dossier glaçant étayé de photos et articles de presse tandis que les dessins signés Damien Geffroy et Facundo Percio s'accordent avec la froideur et la violence du personnage.

Glénat