Bayer doute de l'avenir de son herbicide au glyphosate face aux poursuites judiciaires

Le groupe de pharmacie et d'agrochimie allemand Bayer a assuré vendredi qu'il devient "impossible de continuer" à vendre de manière rentable son herbicide au glyphosate comme auparavant, en...

Des bouteilles d'herbicide Roundup dans un magasin en Californie, aux États-Unis, le 1er septembre 2019 © MARK RALSTON
Des bouteilles d'herbicide Roundup dans un magasin en Californie, aux États-Unis, le 1er septembre 2019 © MARK RALSTON

Le groupe de pharmacie et d'agrochimie allemand Bayer a assuré vendredi qu'il devient "impossible de continuer" à vendre de manière rentable son herbicide au glyphosate comme auparavant, en raison des "poursuites judiciaires" en cours.

Concernant les ventes de glyphosate aux États-Unis, il n'y a "pas de plans spécifiques pour abandonner cette activité", a assuré Bill Anderson, président du directoire de Bayer, lors de l'assemblée générale des actionnaires.

Mais il s'avère "impossible de continuer à commercialiser le produit de la manière dont nous l'avons fait par le passé, en termes de viabilité financière, en raison des poursuites judiciaires", a-t-il prévenu, interrogé sur ce point par des actionnaires fort critiques.

Depuis le rachat de l'américain Monsanto en 2018, le groupe de Leverkusen croule sous le poids de procès aux États-Unis liés au Roundup, célèbre herbicide à base de glyphosate produit par sa filiale et accusé d'être cancérigène.

Bayer, qui promet depuis plusieurs mois de réduire "significativement" les litiges liés au glyphosate d'ici la fin 2026, a réitéré vendredi cette promesse.

Le groupe a déjà dû s'acquitter de 11 milliards de dollars pour régler à l'amiable plus de 100.000 procès aux États-Unis, tandis que 67.000 sont toujours pendants devant la justice.

Pour en sortir, le groupe mise sur une décision de la Cour suprême américaine, saisie début avril d'un recours lié au glyphosate.

Mais afin de se préserver une "marge de manœuvre" dans la gestion des litiges encore en cours, Bayer a demandé vendredi à ses actionnaires d'approuver le principe d'une "augmentation de capital potentielle", qui pourrait aller jusqu'à 35%, se chiffrant alors en milliards d'euros.

Les actionnaires ont approuvé cette mesure par la majorité des trois quarts requise, avec un vote à 82% favorable, a communiqué Bayer en fin d'assemblée.

Le groupe ne recourrait à cet apport potentiel "qu'en lien avec des mesures permettant de contenir de manière substantielle les litiges aux États-Unis – et seulement après avoir examiné d'autres options de financement", avait expliqué en matinée M. Anderson.

A la Bourse de Francfort, le titre Bayer a terminé en hausse de 2,27% dans un indice Dax gagnant 0,81%.

Mais le cours reste sur un recul de près de moitié depuis l'arrivée de M. Anderson à la tête de Bayer en juin 2023.

"Les enjeux (liés au glyphosate) sont vraiment importants, pour nous et pour les agriculteurs américains", a souligné le patron américain. 

C'est pourquoi "il est très important que des changements législatifs soient apportés pour les agriculteurs américains, les consommateurs américains et la sécurité alimentaire des États-Unis", a-t-il martelé.

M. Anderson fait face à l'hostilité croissante des actionnaires alors que son contrat court jusqu'en 2026.

"Le bilan de votre mandat est désastreux" et Bayer se trouve dans une "impasse stratégique", a déclaré Ingo Speich, représentant du fonds Deka, lors de l'assemblée. 

Celle-ci est tenue en mode virtuel et a été suivie par jusqu'à 2.600 actionnaires en ligne, selon le décompte communiqué par Bayer.

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