Banque et assurance montrent la voie de l'achat responsable
Pour le secteur de la banque et de l'assurance, le label «Relations fournisseurs et achats responsables» constitue un outil précieux pour structurer leur démarche. Bercy s'attache à promouvoir ce dispositif auprès des entreprises.
La banque- assurance, modèle de vertu ? Avec 18 entreprises ayant obtenu le label «Relations fournisseurs et achats responsables», ce secteur figure en tête des plus engagés sur le sujet. Plusieurs de ses représentants étaient reçus à Bercy par Olivia Grégoire, secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale, solidaire et responsable auprès du ministre de l’Économie et Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises, Objectif de ce rendez-vous ? Promouvoir ce label.
Créé en 2012, il n'a jusqu'à présent été attribué qu'à une soixantaine d’entreprises et entités publiques, ce qui représente plus de 100 milliards d’euros d’achats annuels. Décerné conjointement par le Médiateur des entreprises et le Conseil national des Achats, le label, qui s'adosse à la norme ISO 20400, traite spécifiquement de l'équilibre et de la qualité des relations entre donneurs d’ordres et fournisseurs. Effets bénéfiques attendus : performance économique et compétitivité, amélioration des critères environnementaux et sociaux, responsabilité et ancrage territorial, culture de médiation…
Globalement, la démarche de l'achat responsable intéresse toujours plus les entreprises. «Chaque année, je constate des progrès, j'observe des changements dans le comportement des acheteurs. Certains commencent même à prendre en compte des externalités qui ne sont pas encore prises en compte par la loi, comme la biodiversité», confirme Annie Sorel, dirigeante d'ASEA, agence de notation extra-financière qui traite de nombreux dossiers d' entreprises qui aspirent à obtenir le label. De fait, d'après les témoignages de participants à la réunion à Bercy, qui, pour certains, ont obtenu à plusieurs reprises le label décerné pour trois ans, les bénéfices sont là. Y compris pour des entreprises qui avaient déjà initié des démarches en matière d'achats responsables depuis longtemps.
«Remise en question» des pratiques existantes
Par exemple, pour Jean-Gil Saby, directeur achats Groupe chez BNP Paribas, le label «a permis de reconnaître des opérations déjà réalisées par les équipes. Il a apporté une standardisation des critères au sein du groupe, la définition d'un plan d'action partagé ainsi que l'identification de pistes d'amélioration prioritaires». Autre témoignage, celui de Michel Augé, directeur RSE, formation et communication des achats au Crédit Agricole. Pour lui, le label représente une salutaire «remise en question» des pratiques existantes. La «communauté d'échanges et de challenges» qui se constitue autour du label permet de bénéficier d'un œil extérieur.
Autre bénéfice de l'opération, «cela donne de la fierté aux acheteurs, passés du rôle de "cost killer", à un rôle où ils partagent de la valeur avec les fournisseurs, sur un terrain plus consensuel», ajoute Michel Augé. Dans le même sens, pour Marc Pothron, responsable des achats pour la Caisse d'Epargne Île-de-France, «cela a apporté des relations différentes avec les fournisseurs, un cadre contractuel amélioré». Et aussi des innovations , comme la mise en relation entre une entreprise classique et une entreprise d'insertion, pour nouer un contrat tripartite…
La démarche d'obtention du label a aussi conduit quatre établissements à s'engager dans une autre pratique novatrice : ces banques ont réalisé un appel d'offres conjoint auprès de l'AFNOR, afin de définir les familles de risque (éthique, conditions de travail, environnement...) concernant leurs différents types d'achats. Ceux de produits numériques, par exemple, présentent de nombreux risques, notamment à cause de la consommation de métaux rares induite.
«Cette approche menée par une filière a des effets bénéfiques : les quatre banques ont bénéficié de ce service à un prix divisé par 4. De plus, le fait d'avoir une approche similaire vis à vis de leurs fournisseurs amène ces derniers à apporter une réponse, car ils constatent qu'il existe une demande du marché», relate Pascal Gautier, responsable Innovation, performance et RSE à l’AFNOR. Signe de l'intérêt que trouvent les établissements bancaires à la démarche proposée par le label, nombre d'entre eux envisagent - ou sont en train - de l'élargir à leurs établissements à l'étranger. C'est notamment le cas de BNP Paribas, du Crédit Agricole et de Société Générale.