Banque du Japon: statu quo monétaire et ton accommodant malgré la chute du yen

La Banque du Japon (BoJ) n'a pas modifié vendredi son taux directeur, maintenu entre 0% et 0,1%, et a gardé un ton accommodant, en minimisant les potentiels effets négatifs de la chute du yen...

Le siège de la Banque du Japon (BoJ), le 26 avril 2024 à Tokyo © Kazuhiro NOGI
Le siège de la Banque du Japon (BoJ), le 26 avril 2024 à Tokyo © Kazuhiro NOGI

La Banque du Japon (BoJ) n'a pas modifié vendredi son taux directeur, maintenu entre 0% et 0,1%, et a gardé un ton accommodant, en minimisant les potentiels effets négatifs de la chute du yen, qui s'est encore intensifiée après ses annonces.

Cette pause était largement attendue après l'amorçage en douceur en mars de la normalisation de la politique monétaire de la BoJ, qui avait alors mis fin à ses taux négatifs, l'outil le plus spectaculaire de sa politique ultra-accommodante.

Mais l'institution n'a pas non plus modifié sa politique en matière d'achats d'obligations publiques japonaises (JGB) comparé au mois dernier, alors que nombre d'observateurs attendaient une réduction de ce vaste programme d'assouplissement quantitatif.

Ce statu quo a aussitôt fait encore davantage chuter le yen face au dollar: le billet vert a franchi la barre des 156 yens juste après les annonces de la BoJ, atteignant de nouveaux sommets depuis 1990.

Car le décalage reste entier entre la politique accommodante de la BoJ et celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui devrait elle maintenir ses taux élevés plus longtemps qu'initialement prévu.

Le dollar a grimpé jusqu'à 156,82 yens et valait 156,56 yens à 08H50 GMT, contre 155,65 yens jeudi à 21H00 GMT.

Un yen faible est généralement considéré comme un avantage pour les nombreuses entreprises exportatrices du Japon.

Mais en renchérissant également les importations du pays, la dégringolade du yen pèse en même temps sur la consommation intérieure et peut alimenter une inflation "importée": le contraire d'une hausse des prix stimulée par des augmentations de salaires et la demande, la configuration que la BoJ souhaiterait entrevoir avant de resserrer davantage les vannes du crédit.

Prévisions d'inflation relevées

Le gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, a cependant estimé vendredi lors de sa conférence de presse que la chute du yen n'avait pas un "impact significatif" sur l'inflation japonaise pour l'instant, et que "généralement", l'effet des variations de change sur l'inflation n'est que "temporaire".

Le ministre nippon des Finances Shunichi Suzuki avait lui déclaré plus tôt vendredi que si la dépréciation du yen a "des aspects positifs et négatifs", à l'heure actuelle le gouvernement "s'inquiète de ses aspects négatifs".

Une prochaine intervention du Japon sur le marché des changes pour donner un peu de répit au yen, comme à l'automne 2022, paraît de plus en plus probable s'il continue de se déprécier aussi brutalement que ces dernières semaines.

La BoJ a relevé vendredi ses prévisions d'inflation, mais davantage à cause de la récente hausse des cours du pétrole et de la dissipation des effets des mesures anti-inflation du gouvernement qu'en raison du début d'un "cercle vertueux" entre les hausses de salaires et les prix, même si celui-ci devrait "s'intensifier" à terme selon elle.

L'institution anticipe désormais une hausse des prix à la consommation (hors produits frais) de 2,8% sur l'exercice 2024/25 entamé le 1er avril, contre 2,4% lors de ses précédentes projections en janvier. Elle prévoit une inflation de 1,9% en 2025/26, contre 1,8% précédemment.

Elle a fixé sa première prévision pour 2026/27 à 1,9% également, soit juste en-dessous de son objectif d'une inflation stable de 2% hors produits frais.

La Bourse de Tokyo rassurée

S'agissant de la croissance économique au Japon, la BoJ table sur un ralentissement en 2024/25 (+0,8% contre +1,2% anticipé en janvier) mais a maintenu sa prévision de 1% pour 2025/26. Elle mise aussi sur une croissance de 1% en 2026/27.

"La Banque du Japon a de nouveau surpris par son ton accommodant" et "n'a pas montré un sentiment d'urgence" face à l'effondrement du yen, a commenté Charu Chanana, stratégiste devises chez Saxo Capital Markets.

Mais le scénario d'une nouvelle hausse de son taux directeur en juillet "reste sur la table", surtout si les résultats finaux des négociations salariales annuelles au Japon, attendues au début de l'été, "surprennent à la hausse", a ajouté Mme Chanana, interrogée par l'AFP.

La Bourse de Tokyo a applaudi le flegme de la BoJ, qui signifie que les conditions du crédit devraient rester encore très généreuses au Japon pour encore un certain temps. Stable en matinée, l'indice Nikkei a clôturé en hausse de 0,81%.

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