A Bondues
Avec ses billards sur mesure, Billards Toulet surfe sur une belle croissance
Installée à Bondues à l'abri des regards, la PME centenaire Billards Toulet fabrique des billards depuis 1857. Rachetée en 2008 par Marc-Alain Deledalle, la société a changé de visage et affiche aujourd'hui 5 millions d'euros de chiffre d'affaires et un carnet de commandes plein.
Billards Toulet figure
parmi les cinq derniers fabricants de billards en France et parmi
les cinquante derniers fabricants dans le monde. Sur ce marché de
niche, la PME nordiste a trouvé sa place. A l'époque, les billards
Toulet étaient fabriqués à la fois à Paris, Bruxelles et Lille.
Ce n'est qu'en 1954 que la production a été centralisée dans la
capitale des Flandres. Labellisée EPV (Entreprise du patrimoine
vivant), Billards Toulet a été cédée en 2008 par la dernière
génération alors à la tête de l'entreprise familiale.
Marc-Alain Deledalle,
diplômé d'une école de commerce et ancien joueur
semi-professionnel de billard, fait le pari de racheter cette PME
mais surtout de la redynamiser. «J'avais été sponsorisé
par Billards Toulet lorsque j'étais joueur et j'avais déjà
travaillé dans l'entreprise à l'issue de mes études, je
connaissais bien la maison», raconte l'actuel dirigeant. A
cette période où le billard pâtit d'une image vieillissante,
Billards Toulet ne cible qu'une clientèle BtoB. «A cette
époque, les billards étaient tous marrons au tapis vert, pas du
tout personnalisables. J'ai choisi de relancer toute la gamme. Pour
cela, j'ai frappé à la porte de l'ISD, l'institut du design de Valenciennes, pour nous aider à remoderniser les gammes et relooker
les billards», indique le dirigeant. Pari réussi :
l'entreprise est passée de 1,5 à 5 millions d'euros de chiffre
d'affaires entre 2008 et 2022.
Un panel de savoir-faire
Historiquement ébéniste
menuisier, la société compte aujourd'hui une quarantaine de
collaborateurs et des métiers bien différents les uns des autres.
Des soudeurs aux peintres, en passant par des couturiers qui
travaillent les tapis de billard, des ardoisiers et un service de
sellerie-maroquinerie, l'entreprise s'appuie sur des savoir-faire
bien spécifiques, ce qui constitue sa principale force sur le
marché. «Depuis une dizaine d'années, nous nous sommes
positionné sur du haut de gamme et nous souhaitons accélérer sur
ce mouvement-là. Des billards hyper personnalisés et
sur mesure, c'est notre marque de fabrique aujourd'hui. Nous vendons
de l'hyper luxe à l'international et du haut de gamme en France», résume le dirigeant.
Essor des «game rooms»
Billards Toulet a opté
pour une stratégie de diversification il y a quelques années au
regard des exigences du marché. «Les particuliers veulent
de plus en plus se créer des game rooms, donc régulièrement l'achat
d'un billard s'accompagne de l'achat d'un Baby-foot.». Les Baby-foot représentent aujourd'hui 1 M€ de chiffre d'affaires sur
les 5 M€ de CA. Depuis deux ans, l'entreprise propose également à ses
clients toute la décoration qui suit avec le billard.
Le Covid, porteur de
croissance
Si la crise a fait des ravages pour certaines entreprises régionales, chez Billards Toulet, elle est venue booster les ventes. «Le Covid a été porteur avec deux très belles années réalisées. Les gens ont ressenti plus que jamais le besoin d'être bien à la maison et se sont fait des maisons dorées. C'est très simple, toutes les crises que ce soit le Covid ou les attentats, ont boosté nos ventes car les gens préfèrent passer plus de temps chez eux...» En période post-Covid, l'entreprise rencontre aujourd'hui, comme de nombreuses sociétés, des difficultés d'approvisionnement en bois et en métal ainsi que des difficultés de recrutement.
30% du chiffre d'affaires à l'export
En croissance chaque année depuis son
rachat en 2008, l'entreprise aux 5 M€ de CA vise toujours plus
haut : «Notre objectif est de doubler le chiffre
d'affaires progressivement, mais nous souhaitons vraiment y aller
doucement car je suis le seul associé, je veux développer la
société step by step», confie Marc-Alain Deledalle. Billards Toulet, qui réalise 50% de son chiffre d'affaires à l'export
(Europe, Asie, Etats-Unis), souhaite continue d'accélérer à
l'international. Pour y parvenir, le fabricant recrute 10% de sa
masse salariale sur son site de production à Bondues, tous corps de
métiers confondus. A bon entendeur donc...