... avec l’espoir de devenir fabricant français régional
40 ans depuis que Pharaon naquit à Halluin. De la production artisanale de produits de nettoyage, la société est passée grâce à Didier Mériaux à la conception et au négoce d’appareils innovants d’aspiration industrielle. Avec la volonté de fabriquer elle-même ses propres machines ici.
Didier Mériaux touche au but ! Après avoir connu la première partie de la vie de Pharaon de 1972 à 2009 à Roncq, le voilà aux commandes d’une société qu’il veut 100% régionale dans l’esprit et le fonctionnement mais aussi à vocation nationale.
Elle a toujours conservé le charme d’une très bonne PME qui voulait maîtriser son développement et ne pas trop s’aventurer loin des frontières du Nord. “On peut même dire des frontières de la métropole lilloise“, sourit Didier Mériaux… Effectivement, en 1972 Guy Dieryck tenait plus de Tryphon Tournesol que de l’investisseur cherchant du soutien en CCI international. “C’était un chimiste, se souvient son successeur, un chercheur infatigable et un producteur. Il vendait lui-même ses produits, il faisait tout, à vrai dire, mais sans chercher à devenir un grand ni quitter Lille et ses banlieues. Il a troqué Halluin pour Roncq dont il avait racheté l’ancien cinéma parce qu’il commençait à manquer de place, et puis aussi parce qu’il avait calculé que du balcon de la salle, il pouvait remplir, via des pipettes qui pendouillaient, ses bidons bien calés en contrebas. Cela résume le personnage.”
Mais Guy Dieryck sent au fil des ans qu’il lui faut un assistant qui l’épaule et qui donne une autre dimension à l’entreprise. Didier Mériaux arrive donc à Pharaon en 1995 comme directeur général et succède quelques années plus tard au chimiste halluinois. Puis il déménage en 2008 à Sars-et-Rosières, tout près de Saint-Amand-les-Eaux, sur le parc d’activité desservi par l’A23.
Changement d’orientation. Pendant 13 ans, Didier Mériaux va changer bien des choses. Il a une formation professionnelle de chaudronnerie (CAP), il est spécialiste en aéroliquides industriels à haute pression et constate, vu son poste de directeur commercial et technique, que le monde du nettoyage industriel et de l’entretien n’a plus rien à voir avec la vente de bidons au porte-à-porte par paquets de quatre… Après que M. Dieryck lui a dit qu’il souhaitait l’ouverture d’une nouvelle filière industrielle, il décide de mettre Pharaon sur de nouveaux rails et démarre très vite le négoce et la conception d’aspirateurs industriels. Plus tard, mais cette fois en tant que seul chef d’entreprise, ce sera des ensembles plus complexes, pour coller à la demande des manufactures. Et pour rester dans l’égyptologie et dans la logique des changements, il fait de la société une filiale du groupe Sphinx & Co.
Non au low cost. A Sars-et-Rosières et déjà auparavant, c’est aussi dans les méthodes de gestion que les transformations vont se multiplier. Didier Mériaux est un régionaliste militant. Dès son arrivée sur ce parc d’activité qu’il a choisi entre autres parce qu’il était à haute valeur environnementale, il travaille avec les entreprises du voisinage autant que faire se peut. Cette proximité, il la recherche, il revendique le fait d’habiter une ville éminemment ouvrière, lui dont le père fut un modeste mineur. “Je ne cesse de dire autour de moi qu’il faut acheter français, à tout le moins européen, pour aider nos entreprises et l’emploi, et qu’il faut arrêter de creuser notre tombe en achetant non européen et low cost, en remplissant les poches de ceux qui nous poussent à Pôle emploi ! Ne jouons pas avec le feu. J’ai une approche très morale de tout cela. Assumons le coût de notre travail !” Et d’ajouter : “Les technologies que je vends sont à cette image, elles sont françaises et européennes, elles méritent leur prix en ne tombant quasiment jamais en panne et elles, elles durent !”
Pharaon reste délibérément une petite équipe d’une quinzaine de collaborateurs pour lesquels ont été installés un réfectoire et une salle de sport. Son showroom de 120 m2 dans lequel il expose ses nouveautés annuelles, Didier Mériaux en a fait une galerie d’art permanente. Les tableaux et sculptures sont omniprésents dans l’entreprise.
Cette équipe, il veut la peaufiner et, pour conserver l’esprit maison, il a recours systématiquement depuis plus d’un an à la formation en alternance. Ainsi sont arrivés chez Pharaon un directeur commercial responsable du bureau d’études, un responsable marketing, deux adjoints à la responsable RH et un assistant commercial. “Et ça va continuer, sourit-il. J’ai un contrat avec Pôle emploi qui fonctionne très bien. En ce moment même, un magasinier se forme chez nous à raison de 350 heures. Ensuite, s’il est compétent et adhère à l’esprit qui est le nôtre à Brillon, il aura un CDD puis un CDI. L’emploi est aussi un étalon de performance d’une boîte. Quand j’ai repris Pharaon le 1er janvier 2007, ils étaient six dans la société, aujourd’hui on est une quinzaine.”
Innovation et perspectives. La seconde vie de Pharaon a réellement débuté à Sars-et-Rosières en 2008, dans un bâtiment qui ne passe pas inaperçu. La première mesure structurelle fut de faire de la filière négoce de machines de nettoyage industriel et aspirateurs haute pression la principale activité avec 95% d’un CA qui, depuis la reprise de 2007, a été multiplié par trois (soit plus de 3 M€). L’ancienne activité qui mobilisa tant M. Dierick durant les années héroïques ne pèse plus que 5% et elle décroît régulièrement. L’autre mesure décisive fut de doper le réseau de distributeurs à l’échelle cette fois de la France entière1. Plus de 110 sont aujourd’hui à l’œuvre pour vendre les produits de Pharaon et en parler. “Et ce sont des gens qui connaissent leur travail, précise Didier Mériaux. J’ai remarqué pendant mes années de commercial qu’il y avait distributeur et distributeur… Je suis donc très vigilant sur leur choix, car c’est en grande partie d’eux que nous dépendons.” Le troisième pilier sur lequel la société repose, c’est ce bureau d’études qui non seulement colle aux demandes spécifiques de pratiquement chaque client, mais a glané quelques récompenses au titre de l’innovation. En 2003, 2e prix de l’Innovation au salon Europropre Paris pour une laveuse balayeuse ; en 2005, 1er prix de l’Innovation au même salon pour le DM 600, un aspirateur industriel électrothermique ; en 2012, le “Coup de cœur” du salon Expobois Paris pour l’aspirateur basse pression DGRBP. Suivront deux autres prix en 2012, le 1er prix Confort de travail et santé Paris pour l’Aspitoile, puis le 1er prix Matériel et productions au salon Europain Paris pour ce même aspirateur de toiles.
L’export souhaité ! Pharaon, qui reste à 95% fournisseur du marché français, le reste étant concentré sur l’Europe, touche les dividendes de sa réactivité en devant répondre à des demandes asiatiques, via ses réseaux de distribution. Les machines de Pharaon sont certifiées par la Carsat et la Drire, mais c’est leur longévité qui attire ces clientèles lointaines ainsi que des délais de livraison courts. La quasi-totalité est fabriquée en Europe mais Didier Mériaux voudrait aujourd’hui réaliser un vieux rêve : rapatrier la fabrication de certains modules dans le Nord. “Je deviendrais ainsi un vrai producteur industriel français, explique-t-il. J’en ai les compétences professionnelles et j’ai en partie l’outil et le foncier. Il ne faudrait que quelques subventions publiques pour acquérir les bonnes machines et on exporterait là où l’on délègue aujourd’hui la construction, sauf pour les machines à air comprimé que nous assurons. Notre CA serait dynamisé. Aujourd’hui nous sommes sollicités par l’étranger, mais nous devons renvoyer les commandes à nos prestataires…”
Quelques chiffres
− 500 modèles d’appareils disponibles
− 35 000 appareils en circulation
− 5 700 clients
− Plus de 110 distributeurs en France
− 700 installations en réseaux
Infos clés
Entreprise : Pharaon
Statut : SA
Dirigeant : Didier Mériaux
Ville : Brillon (59178)
Effectif : 15
CA : 3 M€
Web : www.pharaon.fr
Siret : 321 290 603 00034
NAF : 4644 Z
L’essentiel
− Didier Mériaux répond à l’appel de Guy Dierick en 1995 pour lui succéder et crée à sa demande une filière nettoyage et aspirateurs industriels qui va devenir la principale activité.
− Le déménagement à Brillon, sur le PA de Sars-et-Rosières, voit l’entreprise décoller et devenir un major du nettoyage industriel, glanant de nombreux prix à l’innovation.
− Aujourd’hui, alors que la présence de Pharaon en France est assurée ainsi que sa notoriété en Europe, il est temps de songer à produire sur place et exporter.