Auréolé de succès passés, Kelly Ortberg relève le défi de redresser Boeing

"Un atout", "un bon choix", "un recrutement bénéfique": experts aéronautiques et analystes ne tarissent pas d'éloges envers Kelly Ortberg, qui abandonne jeudi sa vie de pré-retraité pour relever le défi de redresser...

Une photo non datée de Kelly Ortberg, qui va prendre la tête de Boeing, fournie par le constructeur aéronautique le 31 juillet 2024 © Handout
Une photo non datée de Kelly Ortberg, qui va prendre la tête de Boeing, fournie par le constructeur aéronautique le 31 juillet 2024 © Handout

"Un atout", "un bon choix", "un recrutement bénéfique": experts aéronautiques et analystes ne tarissent pas d'éloges envers Kelly Ortberg, qui abandonne jeudi sa vie de pré-retraité pour relever le défi de redresser la marque et les finances de Boeing.

La nouvelle est tombée le 31 juillet, en même temps que le constructeur annonçait une perte trimestrielle de 1,44 milliard de dollars: Robert K. "Kelly" Ortberg, 64 ans, succède à Dave Calhoun en tant que directeur général.

"Je suis extrêmement honoré et reconnaissant d'intégrer ce groupe emblématique", a commenté M. Ortberg, qui ne s'est pas encore exprimé publiquement.

M. Calhoun, 67 ans, doit rester conseiller spécial du conseil d'administration jusqu'à sa retraite en mars 2025.

Si les finances de l'avionneur peinent à se rétablir après les crashes de 2018 et 2019 (346 morts) et la pandémie, la chute de Dave Calhoun résulte de l'accumulation de problèmes de qualité et de conformité dans la branche aviation commerciale (BCA) de Boeing.

"Nous considérons Kelly Ortberg comme un atout pour Boeing", ont relevé les experts de Melius Research, soulignant que l'ex-patron de Rockwell Collins (devenu Collins Aerospace, filiale de RTX) "coche beaucoup de cases".

Selon eux, outre sa formation d'ingénieur, il a dirigé une entreprise cotée, affiche une carrière de plusieurs décennies dans l'aéronautique et n'appartient pas à la famille Boeing, "ce qui devrait offrir une nouvelle approche".

"Il s'agit d'un recrutement bénéfique étant donné son expérience dans l'industrie et dans la gestion d'un important fournisseur" aéronautique, a renchéri Angelo Zino, de CFRA Research.

Michel Merluzeau, consultant du cabinet spécialisé AIR, estime que son mandat chez Collins a été "solide, de bonnes acquisitions, un bon repositionnement du portefeuille tourné vers l'innovation et la migration vers des contrats gouvernementaux sur l'espace".

Passage

Il anticipe de Kelly Ortberg, un "patron de transition", une "rationalisation" pour concentrer Boeing sur ses activités fondamentales.

Le dossier le plus urgent est sans nul doute la qualité de la production. Le groupe a concocté une feuille de route, exigée par le régulateur FAA, pour y parvenir.

Boeing veut aussi racheter Spirit AeroSystems, un fournisseur crucial auquel il avait donné son indépendance en 2005. L'opération à 4,7 milliards de dollars, annoncée début juillet, doit être finalisée mi-2025.

La prise de fonction de celui qui a commencé sa carrière en 1983 comme ingénieur chez Texas Instruments, intervient après deux longues journées d'auditions organisées par l'Agence de sécurité des transports (NTSB) pour son enquête sur un incident en vol en janvier sur un 737 MAX 9.

Cet incident a sonné le glas de responsables du groupe, mobilisé la FAA -qui a notamment gelé sine die la production du 737-, déclenché des enquêtes et réactivé le volet pénal lié aux deux crashes.

Autant de dossiers auxquels Kelly Ortberg va devoir s'atteler.

"Cela ne va pas être tâche facile, c'est certain", a relevé M. Merluzeau.

Sans être issu du sérail Boeing, il ne lui est néanmoins pas inconnu puisque, rappelle Melius Research, M. Ortberg a remporté une "victoire importante" dans le programme du 787 Dreamliner lorsqu'il dirigeait Rockwell Collins. Et d'autres contrats ont suivi avec Boeing et son concurrent européen Airbus, ajoute Melius.

Autre élément en sa faveur: il compte s'installer à Seattle (nord-ouest), berceau de Boeing où se trouvent en particulier les chaînes d'assemblage du 737 -avion vedette- et du 777, dont la nouvelle génération 777X semble enfin à portée de certification après des années de retard. Les 737 MAX 7 et MAX 10, eux, languissent toujours.

Le syndicat IAM-District 751, qui représente plus de 30.000 employés de Boeing autour de Seattle, a estimé que sa présence "près du coeur économique du groupe, (était) un pas dans la bonne direction".

Un satisfecit d'autant plus important que Boeing négocie avec le syndicat la convention collective devant entrer en vigueur en septembre. Le principe d'une grève faute d'accord à la date-butoir a déjà été approuvé.

Autre gros dossier: le plaider-coupable de Boeing dans le volet pénal lié aux crashes annoncé le 24 juillet, qui attend la décision du juge, et les poursuites civiles.

Robert Clifford, avocat de familles de victimes, a également réagi positivement à la nomination de Kelly Ortberg, soulignant sa "bonne réputation" et le fait qu'il ne sorte pas des rangs de Boeing.

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