Développement

Ault fait peau neuve

La station balnéaire de la côte picarde rattrape son retard en termes de développement. Des travaux d’aménagement sont en cours, les commerces sont plus nombreux pour le plus grand bonheur des habitants et touristes. Revue de détails avec Marcel Le Moigne, maire d'Ault depuis 2020.

Le maire d'Ault a de nombreux projets pour sa commune.
Le maire d'Ault a de nombreux projets pour sa commune.

Picardie La Gazette : Quelles sont les caractéristiques d'Ault ?

Marcel Le Moigne : C'est une station balnéaire de 1 282 habitants en hiver et de 6 000 en été. La démographie a beaucoup chuté ces dernières années, je pense que nous avons cessé l’hémorragie, de nombreuses personnes d’une cinquantaine d’années y achètent une résidence secondaire. Elles y viennent les week-ends puis y passent leur retraite. 

Notre ville s’est aussi adaptée au télétravail. Par exemple, une agence immobilière, Amarym, a créé un espace de coworking. Au niveau médical, nous n’avons que deux kinés et une grande pharmacie d’une dizaine de salariés, les autres professionnels sont installés à Friaucourt. 

Le nombre d’élèves à l’école primaire Simone-Veil est en augmentation. Côté commerces, cela s’est bien développé depuis notre arrivée il y a deux ans, avec l'ouverture de huit enseignes. Nous comptons au total près de 20 commerces, dont une poissonnerie, une brocante, des bars restaurants, un hôtel, un magasin de prêt à porter, un autre d’articles de décoration, une supérette, un supermarché… Un beau marché se déroule le samedi matin, dans la grande rue.

Les incontournables falaises d'Ault.

Ault est portée par le tourisme, cela se confirme cette année encore ?

Oui, nos plages sont prisées durant la saison estivale. La commune gère deux campings municipaux et cinq appartements dans un manoir à louer. Il y a aussi des gîtes et chambres d’hôtes. 

Une étude menée par la communauté de communes des Villes Sœurs au niveau touristique a révélé qu’il n’y avait pas d’endroit où se détendre le soir. L’établissement Le Patio, qui se trouve dans la grande rue, organise des soirées à thème et cela fonctionne ! Nous avons mis en place une politique d’animations. La municipalité a notamment organisé un triathlon d'envergure nationale.

Il est important de ne pas oublier le passé de cette grande station balnéaire qui avait son casino et qui a été en déclin durant 40 ans, même l’écrivain Victor Hugo était admiratif. Un musée ouvert le week-end raconte ce glorieux passé. Il faut remettre de la vie dans notre ville. Pour cet été, nous avons installé des guirlandes dans la rue menant au front de mer.

La station balnéaire a décroché une étoile au Guide Vert Michelin, comment avez-vous réagi ?

Je ne m’y attendais pas… Une étoile cela veut dire que notre ville vaut la visite. Nous sommes contents. Le Guide Vert Michelin, c’est une référence. Beaucoup de touristes viennent se balader le guide à la main. Notre commune vaut le détour avec l’église Saint-Pierre dotée d’un beffroi ecclésiastique classée Monument historique, la grande rue, l’enfilade de falaises, le hâble d’Ault prisé pour ses couchers de soleil, la plage de galets, la plage de sable d’Onival, le bois de Cise avec ses villas Belle Époque, la porte du Moulinet, le point plage où on peut pratiquer sous surveillance des activités nautiques. Nous recevons d'ailleurs régulièrement des demandes pour des tournages de clips vidéos, de films.

Cet été, la municipalité a installé des guirlandes dans la rue menant au front de mer, pour égayer la ville.

Comment se porte le marché immobilier ?

Quand je suis arrivé, il y a 16 ans, une centaine de logements sur plus de 2 000 étaient à vendre. Maintenant, les biens en bon état sont vite vendus et souvent comme résidence secondaire. Il faut compter 3 000 euros du mètre carré. 

Les gens, depuis la pandémie, sont plus sensibles à la nature, Ault était la dernière commune du littoral à attirer les acheteurs. Il nous faut aujourd'hui trouver un équilibre entre résidences principales et secondaires. 

On s’aperçoit que c’est compliqué pour la jeunesse d’acheter ici : à compter de septembre, avec des aides de l’Agence nationale de l’habitat, une opération programmée d'amélioration de l’habitat sera menée. Environ 12% des biens seraient fortement dégradés, souvent ce sont de petites maisons de famille, jusqu’à 75% des travaux pourront être pris en charge. Si les foyers ne peuvent pas tous les mener à bien, ils pourront les effectuer selon les priorités.

L’une de vos grandes problématiques, c'est la protection de votre littoral, quelles actions avez-vous initié ?

La digue de 1983 défend bien Ault mais il faut l’entretenir régulièrement. Là, ça ne bouge plus, nous nous sommes inscrits dans la démarche de la loi climat et résilience. Nous espérons contractualiser avec l’État pour rénover ou construire des ouvrages de défense contre la mer et non plus reculer. 

Nous pouvons dialoguer et trouver des solutions. Notre souci, notamment aux falaises d’Onival sur lesquelles la route est posée, vient en effet des eaux pluviales à 75%. Nous allons adapter le schéma d’écoulement pour les maintenir sur le plateau, grâce notamment à la création d’une prairie inondable sur une parcelle de 7 000 m², de fossés à redents, de plantation des haies, du maintien de bandes enherbées, c’est un projet à 400 000 euros.

Qu’en est-il du projet d’aménagement du quartier du Moulinet dont on a beaucoup entendu parler ?

Le PLU sera révisé pour 2023, le début des travaux est attendu début 2024 pour un achèvement début 2026. Les neuf hectares sont en majorité la propriété du Syndicat mixte baie de Somme-Grand littoral picard. 

Un hôtel-restaurant verra le jour dans le château, il sera prolongé dans l’ancienne colonie de vacances, de petits bungalows en bois et une résidence senior seront aussi érigés. La commune est propriétaire du terrain de football : 120 logements en R+2 maximum y seront construits, en accession à la propriété ou à la location.

Le parvis de l’église déjà pavé.

Quels sont vos autres projets ?

Entamer la troisième saison d’aménagements. Nous avons déjà repensé les réseaux d’assainissement des eaux usées rue de Saint-Valery. Nous avons aussi enfoui les réseaux électriques et imperméabilisé cette rue, un chantier à 1,1 million d’euros aidé à 70%. Les véhicules sont désormais interdits afin de ne plus la fragiliser et le plan de circulation devra être revu, une réunion publique a été organisée à ce sujet. 

Concernant l’éclairage public, 165 lampadaires ont été changés pour des éclairages à leds. Ce qui représente plus de 9 000 euros d’économies par an et un investissement de plus de 246 779 euros pour lequel nous avons eu des aides de la Fédération départementale de l’énergie de la Somme, du Conseil départemental et de la communautés de communes des Villes Sœurs. 

Sur la place De Gaulle, devant l’église, le parking a été réhabilité. À compter de septembre, toute la voirie va être pavée, de la poissonnerie jusqu’au front de mer, soit environ 500 mètres. Le coût est de 5, 2 millions d’euros, subventionné à hauteur de 75%. Cela permettra aux maisons de ne plus être inondées en cas de fortes pluies. 

D’ici la fin de l’année, un chemin entre le bois de Cise et Ault va devenir carrossable. Près de l’école, un parc intergénérationnel va être aménagé, il devrait être terminé pour septembre/ octobre. Et en novembre, nous devrions recevoir l’étude diagnostic concernant l’église Saint-Pierre, qui est à rénover intégralement.