«Aujourd’hui, on doit être la ville où c’est possible»

Arnaud Decagny est reparti pour un deuxième mandat. Elu avec 47,82% des voix lors du second tour des élections municipales en juin dernier, il a su donner envie aux Maubeugeois de le soutenir après six premières années marquées par le lancement de grands chantiers. Avec la volonté de faire de Maubeuge une ville à nouveau attractive et dynamique, celui qui se définit comme "borloiste", en référence à Jean-Louis Borloo, l’ancien premier magistrat de la Ville de Valenciennes, n’hésite pas à porter des projets communs avec les autres élus – tous bords confondus – de la communauté d’agglomération Maubeuge Val-de-Sambre.

«Aujourd’hui, on doit être la ville où c’est possible»

La Gazette : Comment se porte la ville aujourd’hui dans son développement et d’un point de vue économique ?

Arnaud Decagny : A Maubeuge, on a fait baisser le taux de demandeurs d’emploi de deux points. En deux ans, on est arrivés sur un standard compris entre 12,5 et 13. On était à plus de 15 il y a deux, trois ans. Avant la crise sanitaire, les chiffres étaient vraiment à la baisse en termes de demandeurs d’emploi, avec des poussées importantes. Je pense à MCA qui fabrique la Kangoo, mais aussi à différents secteurs économiques où toutes les entreprises cherchaient de la main-d’œuvre. Tout notre tissu industriel était bien relancé avec des perspectives importantes. Je l’ai dit pendant ma campagne, les investissements, dans les sept ou huit prochaines années, représenteront une enveloppe de 500 millions d’euros, ce qui est beaucoup. Il y a le contournement nord de Maubeuge qui se précise : 120 millions d’euros. Vous avez plusieurs quartiers en rénovation urbaine : plus de 200 millions d’euros. Il y a un programme Cœur de ville qui est à plus de 100 millions d’euros. On est sur une dynamique importante. Je pense que Maubeuge est en vrai renouveau.

Quels sont les atouts de la ville que vous pouvez mettre en avant pour expliquer ce renouveau ?

D’abord, on a joué collectif ! Ça s’est vu avec ce qu’il s’est passé avec MCA, mais aussi avec le rôle de l’Agglomération, on a changé l’état d’esprit. On est sur des consensus politiques forts avec des personnes très différentes. On a fait le choix de travailler ensemble pour le territoire et de porter des projets en commun. Un exemple avec la Marlière, à l’entrée de Maubeuge, qui va devenir une très grosse zone économique. Nous savons qu’à peine sortie de terre, elle sera déjà remplie. Le contournement nord de Maubeuge est aussi un projet commun. Aujourd’hui, on porte tous ensemble des projets pour nos villes, et on a une vision partagée de la ville. Ça, c’est un vrai changement de paradigme si on se réfère à ce qu’il se passait avant.

Le contournement nord va être un vrai plus pour le développement économique de la ville…

Le docteur Forest, maire de la ville de 1946 à 1984, disait toujours : “Maubeuge, c’est le cul du bonnet.” Il faut vraiment développer nos infrastructures et rattraper notre retard. Nos infrastructures, c’est évidemment la Sambre à nouveau navigable en 2021, et ce sont les infrastructures routières. Le contournement nord va permettre de gagner du temps et d’offrir une meilleure qualité de vie aux Maubeugeois. Pour quelqu’un qui fait Jeumont-Valenciennes, vous n’imaginez pas le gain de temps, et une entreprise comme Myriad, ce sont 500 000 camions par an qui traversent les zones urbaines. Il faut aussi parler de la RN2. Si elle est sur les rails, c’est grâce au pacte territorial signé avec l’Etat quand le président de la République est venu (le 8 novembre 2018). Cela a été rendu possible parce que le territoire a parlé d’une seule voix avec un projet commun. On peut être fiers des décisions.

Avec ce réseau routier qui se développe, c’est la possibilité de voir de nouvelles entreprises s’installer…

Je pense également aux entreprises belges… Ce qu’il faut réussir maintenant, c’est la reconversion de nos friches industrielles. Autour d’Aulnoye, de Boussois, vous en avez encore beaucoup. Moi, je n’en ai plus sur ma ville. Le site du Gazomètre, là où on va faire le bowling demain, est un bon exemple. Il s’agit d’une ancienne zone polluée qu’on a nettoyée. Il faut poursuivre la dépollution de ces friches pour avoir des terrains à commercialiser, qui seront aussi satellites du contournement nord. Aujourd’hui, certains industriels commencent à acheter des terrains autour. Ils feront pareil autour de la RN2 qui, demain, permettra de rejoindre Laon, puis Paris. Les infrastructures routières, c’est la base. Sans ça, pas de développement économique !

Vous avez annoncé l’arrivée de Log’s avec une centaine d’emplois à la clé. Vous avez été récemment en Chine à la rencontre du responsable du groupe Emporium qui souhaite investir près de 150 millions d’euros pour un parc d’activités touristiques, là on parle de 300 emplois… Vous êtes un élu qui se bouge pour l’emploi et pour sa ville !

Le plus important pour moi est de fédérer. Tout seul, je ne peux pas faire. On écoute ce qu’il se passe ailleurs,et on a l’intelligence de s’écouter les uns et les autres, afin de faire fonctionner nos projets. L’idée du parc d’activités touristiques ne vient pas de moi, mais ma responsabilité veut que j’aille au bout de la démarche si c’est un projet qui vaut la peine, et de tout faire pour que ça fonctionne. Aujourd’hui, on doit être la ville où c’est possible, et on est en train de démarrer beaucoup de choses. Quand on évoquait Maubeuge, on parlait de la grande endormie… On la réveille !