Reynald Andrieu, dirigeant de la société GRISS à Armentières
«Aucun compromis sur la qualité et la performance»
Entreprise de robinetterie industrielle fondée en 1890, elle est aujourd’hui l’un des principaux fournisseurs d’EDF sur le marché du nucléaire. Reportage à Armentières dans les coulisses de la société GRISS ou Générale de Robinetterie Industrielle et de Systèmes de Sûreté.
Entièrement dédiée aux systèmes de robinetterie industrielle pour le marché du nucléaire, la société installée sur l’avenue Pierre Brossolette à Armentières est «une entité légale indépendante» pour reprendre les termes de son dirigeant Reynald Andrieu, intégrée au groupe américain Emerson.
Un partenaire «essentiel» d’EDF et des acteurs du nucléaire
L’histoire débute il y a 133 ans, à Lille, lorsque Jules Cocard se lance dans la fabrication de robinets pour l’industrie. Au fil des années, l’entreprise grandit et emménage en 1968 à Armentières, sur son site actuel, avant de se spécialiser sur les produits destinés aux centrales nucléaires à partir des années 1980. Et c’est en 2017 que la société GRISS intègre le Groupe Emerson pour rapidement se concentrer uniquement sur ce marché spécifique et fortement dépendant des orientations politiques. «L’entreprise compte à ce jour 110 salariés - dont un tiers en production - pour 18 000 m² d’ateliers et d’entrepôts, et 3000 m² de bureaux» précise Reynald Andrieu. «Nous sommes certifiés ISO 9001 et ISO 19443, une certification propre au nucléaire que nous avons été l’un des premiers à obtenir et qui implique un niveau d’exigence élevé et une pleine maitrise de la qualité».
L’entreprise d’Armentières offre désormais une expertise probante dans le design, la fabrication et la maintenance de robinetterie d’isolement et de systèmes de sécurité, comme des soupapes de sureté, et s’appuie sur «une gamme large qui nous permet de nous positionner sur de nombreuses applications au sein des centrales nucléaires via des marques connues dans le monde entier».
La société GRISS est ainsi un partenaire «essentiel» d’EDF et des acteurs du nucléaire à l’international. «Nous travaillons sur le marché français et en Chine, notamment, un marché important qui nous a permis de passer un cap même s’il est aujourd’hui sur le déclin. Mais le marché mondial est porteur avec des projets de construction de nouvelles centrales en France et en Grande-Bretagne… et nous sommes au bon endroit. La construction de six nouveaux réacteurs est programmée sur l’Hexagone, cela représente pour nous dix ans d’activités ! Nous sommes en négociation avec EDF sur de très gros projets, peu d’industriels ont cette visibilité».
Et de poursuivre : «Il n’y a pas beaucoup de concurrence, car cela demande une maitrise technique et des risques, ainsi qu’une forte capacité financière, mais nos concurrents sont tous bons ! Sans le groupe, ce serait compliqué… au-delà de maintenir notre savoir-faire sur le long terme, il faut se mettre en permanence à jour des nouveaux standards. Après l’incident de Fukushima, en 2011, les requis ont été renforcés et sont de plus en plus élevés. Quand on travaille pour le nucléaire, on ne peut faire aucun compromis sur la qualité et la performance, c’est une chaine de responsabilité du client au fournisseur. Il faut être capable de concevoir les produits, de les qualifier… c’est une grande responsabilité que tout le monde ne peut pas prendre en charge au regard du contexte légal et juridique».
Vers une digitalisation des produits
Les ingénieurs sont donc naturellement en force au sein des équipes de la société GRISS avec pour mission, notamment, de répondre aux nouvelles contraintes réglementaires mais aussi aux nouvelles attentes des clients. «On nous demande de plus en plus de digitalisation pour que les clients puissent suivre la vie des produits, et nous aussi, pour la gestion des documents - on s’amusait avant à dire que nous livrions au client une caisse pour le produit et une autre pour la documentation - et pour l’ensemble des aspects périphériques, comme la maintenance… c’est un vrai enjeu pour notre activité» explique Reynald Andrieu. «De plus, si nous étions avant purement sur de la mécanique, nous sommes devenus également une société de services. Nos clients comme EDF attendent un accompagnement sur l’installation des produits, alors qu’avant tout était géré par les équipes internes des centrales nucléaires, et donc que nous soyons en mesure de leur fournir des équipes qualifiées».