Auchan toujours solide travaille à «passer la vitesse supérieure»

 

   

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Auchan Holding a présenté le 14 mars 2016 les résultats de l’exercice 2015 que Wilhelm Hubner, président du directoire et directeur général d’Auchan Retail, a qualifiés de «solides, en croissance». Relevant que «souvent (les journalistes) ont une lecture des résultats au travers du prisme français et, au-delà, du prisme hypermarchés France, mais c’est aussi le cas de certains de nos actionnaires», alors que cette activité hm (hypermarchés) France que pèse que 25% de l’activité hm globale, celui qui a commencé sa carrière chez Auchan comme manager de rayon à Auchan Noyelles-Godault en 1987 a expliqué : «Le fait est que nos résultats progressent, nos entreprises sont sur la voie de la performance durable et vont pouvoir −  c’est l’objectif que je leur ai fixé − passer à la vitesse supérieure.» Des équipes dont il venait de noter la «très forte dynamique» et «la prise de conscience du futur potentiel dans chacun des pays» où l’enseigne est présente suite à la réorganisation du groupe décidée en octobre 2015. «Le gros du changement a porté sur Auchan Retail. Fini le fonctionnement en silo, supermarchés, hypermarchés, e-commerce de façon indépendante et pays par pays. Vive le regroupement de ces trois métiers en une organisation unique permettant à chaque Codir d’avoir une vision globale de l’entreprise, multipays, multiformat et services d’appui. L’objectif, c’est de redonner la main aux pays et de rassembler toutes les forces du multicanal et du multiformat et toutes les compétences dans chacun des pays pour se centrer sur le client, l’habitant qui est unique et de plus en plus omnicanal.»

Chiffre d’affaires : +1,5% en consolidé. Onzième distributeur alimentaire mondial présent dans 16 pays avec 337 800 collaborateurs, le groupe a annoncé un chiffre d’affaires hors taxes consolidé de 54,232 Mds€, en progression de 1,5% et de 1,7% en organique, hors essence et hors effet de change. Cette croissance est tirée par l’expansion (+3,0%) et par l’effet change (+0,3%), quand l’activité en comparable impacte négativement de 1,3% et l’essence de 0,5%. Pour se réjouir de la forte progression du taux de marge commerciale de 23% à 23,5%, grâce en particulier à l’impact positif des partenariats à l’achat signés avec Système U et Metro, Auchan Holding a affiché un résultat d’exploitation courant, «traduction de la performance des activités récurrentes du groupe», en progression de 5,5% à 1,181 Md€. «Cette amélioration témoigne de la robustesse des modèles commerciaux développés par les différents formats d’Auchan Retail, par Immochan et par Oney Banque Accord, dans les pays où ils sont implantés, et malgré des contextes souvent difficiles.»

Le résultat d’exploitation fléchit de 6,3% à 1,109 Md€ compte tenu de l’impact net 2015 défavorable de 73 M€ du poste “autres produits et charges opérationnels” versus d’un impact net 2014 favorable de 63% : «Cette différence de 136 M€ explique à elle seule ce recul.» Conséquence, le résultat net part du groupe est en recul de 11,8% à 518 M€, quand le résultat net ajusté (c’est-à-dire retraité) ressort en hausse de 10,5% à 797 M€.

En matière d’investissements, Auchan Holding a consacré au global 1,946 Md€, en baisse sur les exercices 2012 (2,264 Mds€), 2013 (2,556 Mds€) et 2014 (2,103 Mds€). Ils ont bénéficié à 81,5% à Auchan Retail devant Immochan à 17,8%, à 31,6% à la zone Asie contre 28,6% à l’Europe centrale et de l’Est, 22,3% à la France et 17,3% à l’Europe occidentale hors France. Par nature, 53,3% de l’investissement sont allés à l’expansion devant les remodelings (23,0%), le maintien de l’outil (22,2%) et les acquisitions de terrains (1,5%). Au final, Auchan exploitait, au 31 décembre, 953 hypermarchés (+51 dont 37 en Chine, + 8 en Russie et 1 seul en France, les Halles de Meaux, et 10 fermetures), 2 883 magasins de proximité (+80 en solde), 170 drives (dont 167 en France) et 379 centres commerciaux dont 97 en France.

A noter encore que les grands équilibres financiers du groupe se sont améliorés avec une dette financière nette en réduction de 4,9% à 1,743 Md€ (-70M€) et une capacité d’autofinancement en hausse de 1,7% à 2,216 Mds€.

La France toujours sous pression. Conséquence de la réorganisation d’octobre 2015, Auchan Holding ne détaille plus comme précédemment les activités hypermarchés, supermarchés et e-commerce pour cause de fusion dans Auchan Retail qui pèse 97% de l’activité du groupe. On retiendra qu’Auchan Retail a enregistré un chiffre d’affaires HT consolidé de 52,731 M€, en progression de 1,5% à taux de change courant, de 1,7% en organique, de 1,2% à taux de change constant, mais en baisse de 1,3% en comparable hors essence. «Un chiffre qui est un véritable défi pour nous, a reconnu Xavier de Mézerac, secrétaire général d’Auchan Holding, et que nous voulons faire passer en positif dans les années qui viennent et nous allons nous y employer !» Et là l’impact de l’ex-branche hypermarchés France se fait bel et bien sentir… La zone France affiche une baisse globale de 2,7% à 18,217 Mds€, mais avec un «canal proximité réalisant une meilleure performance que le canal hypermarchés». On n’en saura guère davantage, si ce n’est que la zone euro fait moins bien à -4,1% à 9,649 Mds€, du fait de l’Italie, en nouvelle baisse, alors que la péninsule ibérique affiche un retour à la croissance. La zone Europe centrale et de l’Est s’affiche à 10,366 Mds€ en baisse de 8,9%, mais en hausse de 9,0% à change constant, quand l’Asie est à 14,499 Mds€, en progression de 23,2% et, plus modestement, de 5,1% à change constant.

Quant à l’Ebitda d’Auchan Retail, il progresse de 7,5%, en hausse dans toutes les zones géographiques à change constant, à 2,227 Mds€. En France, grâce à la très bonne performance du canal proximité (+13,6%) qui a compensé le recul hypermarchés (-1,1%), il s’affiche à +,7%, l’Europe occidentale hors France +2,2%, l’Europe centrale et de l’Est -7,0% et l’Asie +10,2%.

A noter en France le développement cross-canal qu’illustre la progression de près de 20% des visites sur Auchan.fr, avec 120 millions de visiteurs, classant le site au 14^e rang des sites marchands en France.

Immochan : -0,3%. A 633 M€, -0,3%, les revenus consolidés d’Immochan sont restés quasiment stables et ont même progressé de 4,1%, retraites de l’impact des cessions réalisées en 2014 et 2015. Bonne nouvelle rassurante pour les financiers, la juste valeur a progressé de 1,2% à 6,949 M€. Immochan gère un total de 2,5 millions de mètres carrés de surfaces commerciales en galerie, dont 68% en propriété en progression de 112 000 m².

Oney Banque Accord devient Oney Banque. C’est le mois prochain, en mai, que la banque d’Auchan Holding changera de nom pour devenir Oney Banque, une simplification qui doit «faciliter la gestion d’image hors de France et les relations avec un groupe hôtelier» natif de la région. Le produit net bancaire d’Oney a progressé de 1,1% à 387 M€ et son coût du risque a baissé à 2,5%, son plus bas niveau depuis 2007. Son résultat net a progressé de 36,9% M€ à 70 M€ en tenant compte de la plus-value de cession réalisée suite à la vente de 51% d’Oney China à Sun Art Retail Group qui souhaite «l’utiliser comme vecteur d’amélioration dans la monétique et la gestion des données».

«Vitesse supérieure» en 2016. «Notre stratégie aujourd’hui, c’est la culture du ‘et’ : et réussir l’hypermarché et la proximité et le e-commerce. Le transformation est en cours. Chaque pays a sa feuille de route...» Wilhelm Hubner est confiant sur l’exercice 2016. Attendu sur la France où «la nouvelle équipe est en place depuis le 1^er décembre», il demande du «temps pour établir le bon diagnostic et mettre en place la stratégie commerciale», convaincu que «les premiers résultats d’inversion arriveront sur la fin du second semestre 2016». «Nous avons des progrès à faire en France en hypermarchés», reconnaît-il en citant le travail à effectuer sur les produits frais traditionnels, parlant même de reconquête, ainsi que sur le non-alimentaire,

Les responsables d’Auchan ne se sont guère étendus sur le rapprochement avec Système U. «Le dossier est en cours auprès des autorités de la concurrence. Nous attendons leur choix, leurs remarques, leur feu vert avant cet été. Notre dossier est sérieux», a pu dire Wilhelm Hubner, quand Xavier de Mézerac précisait : «S’il y a association, c’est parce que nous ne sommes pas en frontal. Ce partenariat, cette alliance, c’est aussi un effort d’humilité de nos deux entreprises. En hypermarché, nous pouvons apporter notre savoir-faire, notre offre non alimentaire, l’événementiel, le e-commerce et nos performances de chiffre d’affaires en mètres carrés peuvent apporter beaucoup. A nous de convaincre les adhérents U. Sur le supermarché, c’est dans l’autre sens… Il y a beaucoup de sujets de synergies abordés. Les perspectives sont forcément séduisantes pour nos deux entreprises.»

Et Wilhelm Hubner d’enfoncer le clou : «Avec des résultats 2015 globalement au rendez-vous de nos prévisions et des fondamentaux solides, la nouvelle organisation va nous permettre de passer à la vitesse supérieure.»