Au Touquet, les problématiques du Brexit discutées

Le Palais des congrès, au Touquet, a accueilli le colloque : «Brexit, divorce ou nouveau départ ?», avec des invités de marque tels que Michel Barnier ou encore Clément Beaune.

Michel Barnier s’est affiché confiant, tout en reconnaissant un «affaiblissement des deux partenaires du Brexit». (@Aletheia Press / MR)
Michel Barnier s’est affiché confiant, tout en reconnaissant un «affaiblissement des deux partenaires du Brexit». (@Aletheia Press / MR)

Réfléchir sur le post-Brexit. De Michel Barnier, ancien commissaire européen et ex-négociateur en chef pour l’Union européenne, Clément Beaune, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, Julian King, ex-ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, Yann Leriche, DG de Getlink, ou Jean-Marc Puissesseau, président de la société d'exploitation des ports du Détroit, ils étaient nombreux à venir débattre au Palais des congrès de la station balnéaire du Touquet le 16 avril dernier. Compte-rendu.

Avant le Brexit, le commerce extérieur français était excédentaire de 12,5 milliards d’euros avec le Royaume-Uni qui était alors le principal partenaire du Continent en 2019. Depuis l’entrée en vigueur du divorce, les échanges qui se sont effondrés : -30% d’exportation vers la Grande-Bretagne, et -60% de la Grande-Bretagne vers le Continent…

«C’est la preuve que l’on avance»

Derrière ces chiffres catastrophiques, Michel Barnier s’est affiché confiant, tout en reconnaissant un «affaiblissement des deux partenaires du Brexit. (…) Pour la première fois de son histoire, les Etats européens vont faire des emprunts ensemble. Il faudra continuer, c’est la preuve qu’on avance». Mieux, l’ancien commissaire dresse un embryon de programme pour l’Europe : «des ressources propres sans nouvelle taxe. Et faire porter l’effort sur les marchandises importées qui ne respectent pas nos normes, ainsi que les géants du numérique. Sortir également de la règle des 3%». Dans les faits, toute l’Europe en est sortie depuis des mois...

Le constat est préoccupant selon Patrick Martin, président délégué du Medef : «La situation est désolante avec le Brexit. Les entreprises sont pro-européennes, surtout celles qui adhèrent au Medef et qui travaillent avec la Grande-Bretagne. Le Brexit intervient dans un contexte géopolitique mondial de plus en plus compétitif en sus des problèmes sanitaires que nous connaissons.» 

23 licences et un accord toujours pas ratifié

Chez Getlink, entreprise franco-britannique de droit européen, Yann Leriche a rappelé qu’un quart des échanges avec les Anglais se faisait par le Tunnel. «La question, ce n’est pas le Brexit ; ça dépend de ce qu’on veut faire, quel est le niveau d’énergie qu’on met pour changer de monde... L’Union européenne reste le premier continent en termes de richesse. Il faut se souvenir que lorsque le texte arrive, on est le 24 décembre et qu’il vaut une semaine plus tard…»

Jean-Marc Puissesseau reste, quant à lui, préoccupé : «Dans trois semaines, on termine le plus grand chantier d’infrastructure. Mais nous avons toujours le problème migratoire. Que ce sujet ne soit pas oublié. Faites remonter ce problème au président de la République et au 10 Downing Street. La Jungle de Calais a coûté 1,5 million de passagers au port de Calais. Les conséquences économiques sont énormes.» 

Et la confiance n'est pas toujours au beau fixe entre Européens et Britanniques : 23 licences de pêche ont été octroyées aux marins-pêcheurs français sur 108… Pire : quatre mois plus tard, les 1 200 pages de l’accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ne sont pas ratifiées par tous les pays.