Au stade Bollaert de Lens, marée rouge et verte de solidarité avec le Maroc

"On veut aider nos frères": comme des dizaines d'autres supporteurs et habitants, Saïd Saïdi apporte mardi médicaments et vêtements au pied du stade Bollaert de Lens, pour une collecte en faveur des sinistrés marocains, avant le match amical qui doit...

Une femme fait un don pour les victimes du tremblement de terre au Maroc dans un point de collecte au stade Bollaert de Lens, le 12 septembre 2023 dans le Pas-de-Calais © Denis Charlet
Une femme fait un don pour les victimes du tremblement de terre au Maroc dans un point de collecte au stade Bollaert de Lens, le 12 septembre 2023 dans le Pas-de-Calais © Denis Charlet

"On veut aider nos frères": comme des dizaines d'autres supporteurs et habitants, Saïd Saïdi apporte mardi médicaments et vêtements au pied du stade Bollaert de Lens, pour une collecte en faveur des sinistrés marocains, avant le match amical qui doit opposer dans la soirée le Maroc au Burkina Faso.

Couettes, pansements, vêtements: à peine installées près d'une entrée du stade, les tables de collecte croulent sous les paquets, témoignages d'un élan de solidarité qui a gagné tout l'hexagone.  

"Merci pour la France qui est toujours à côté des Marocains, dans la fête comme dans la souffrance", lance Saïd Saïdi, revêtu du maillot de l'équipe marocaine. 

Le match est le premier disputé par la sélection nationale depuis le séisme qui a frappé le Maroc vendredi, faisant plus de 2.900 morts. 

La voix du quadragénaire s'étrangle quand il évoque ses proches: "On veut aider nos frères, partager tout ce qu'on a avec eux. J'aimerais y être, mes parents sont là-bas, hamdoulilah ils sont vivants, mais ça fait mal au coeur".  

S'il souhaite la victoire de son équipe, il anticipe qu'elle ne va pas jouer "comme il faut parce qu'il y a le choc". Autour de lui, une marée aux couleurs des Lions de l'Atlas se dirige vers le stade. Beaucoup sont drapés dans le drapeau marocain.

- "Tous des gueules noires"-

La Fédération royale marocaine de football a annoncé que la totalité des revenus serait versée au "Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre ayant touché le Royaume". La majorité des billets du match, qui se jouera à guichets fermés, a été achetée par la communauté des Marocains résidant à l’étranger, a-t-elle précisé.

Infirmière libérale, franco-marocaine, Fatiha El Gazouani a elle apporté avant d'entrer dans le stade des béquilles, un déambulateur, des boîtes d'antalgiques, des compresses. 

"Le Maroc va s'en sortir, il se relève", assure avec le sourire cette jeune femme dont la famille restée au Maroc n'a pas été touchée.  

Les dons sont immédiatement chargés dans un grand camion pour rallier Algésiras, en Espagne, par la route puis le Maroc par bateau. 

"Ce moment qui devait être festif devient une action solidaire", résume Brahim Koujane, adjoint au maire d'Avion, l'un des élus organisateurs de la collecte, avec des associations.

En plus des dons en nature, de l'argent sera récolté à chaque entrée du stade. De grosses coupures émergent déjà d'urnes placées aux passages des supporteurs. 

"On est dans une ville, une région solidaire", salue l'élu, fils de mineur. "Dans les mines, il n'y avait pas de nationalité, les Polonais, les Italiens, les Marocains, à la fin on était tous des gueules noires". 

Solidarité marocaine

Plus encore que d'autres régions françaises, le Nord-Pas-de-Calais entretient des liens très forts avec le Maroc, protectorat français entre 1912 et 1956.

Quelque 80.000 Marocains recrutés par des intermédiaires y sont venus entre les années 1950 et 1970 travailler dans les mines de charbon. 

"Tout le monde s'est brassé. Des liens assez forts existent toujours aujourd'hui", explique le maire de Lens, Sylvain Robert, joint par téléphone.

Parmi les donateurs, Françoise, qui ne veut pas donner son nom de famille, n'assistera pas au match mais a fait une heure de route depuis Boulogne-sur-Mer pour donner des médicaments. 

Avec son mari, elle avait atterri à Marrakech vendredi vers 15h, pour des vacances. "On a bien ressenti le séisme. On a ouvert la porte de notre Riyad, dans la médina, il y a avait une fumée énorme, des pierres étaient tombées, on s'est retrouvés dans la rue avec nos valises, hébétés" décrit elle. 

"La solidarité marocaine est super, c'est pour ça que ça me tenait à coeur de venir ici" affirme-t-elle. 

bj/cab/swi 

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