Au procès Faïd, une plaidoirie pour le "petit bonhomme" du "grand procès"
C'est un "petit bonhomme", avec une "petite vie"... et un "nom lourd à porter". Au procès de l'évasion de son frère Rédoine de la prison de Réau en 2018, la défense de Brahim Faïd a demandé mercredi à la cour...
C'est un "petit bonhomme", avec une "petite vie"... et un "nom lourd à porter". Au procès de l'évasion de son frère Rédoine de la prison de Réau en 2018, la défense de Brahim Faïd a demandé mercredi à la cour d'acquitter celui qui se trouvait avec lui au parloir.
C'est le premier jour des plaidoiries de la défense au procès de Rédoine Faïd et de ses 11 coaccusés, et la tâche des avocates de Brahim Faïd, 63 ans, pourrait paraître aisée.
La veille, l'accusation a requis 18 ans de prison à l'encontre de son frère Rachid (65 ans), qui a reconnu être monté dans l'hélicoptère en direction de Réau le 1er juillet 2018, avoir scié les grilles menant au parloir où se trouvait leur "petit frère" de 51 ans, le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd.
Les avocats généraux ont aussi réclamé 15, 10 et 4 ans pour trois de leurs neveux ayant participé à l'évasion ou à la cavale de trois mois qui a suivi. Et 22 ans de prison contre Rédoine Faïd, jugé ici pour sa deuxième évasion.
Pour Brahim Faïd cependant, ils ont requis l'acquittement. "Aucun élément matériel" ne prouve que l'homme retrouvé "prostré", "choqué", "incrédule" dans le parloir était au courant des projets de ses frères, ont-ils dit.
Brahim Faïd, ses "yeux écarquillés" devant la vidéosurveillance de l'évasion diffusée à l'audience, ses "mains tremblantes" et sa "voix qui part dans les aigus" à la barre "parce qu'il a peur de vous, parce qu'il attend beaucoup de vous", est "innocent", soutient son avocate, Me Margot Pugliese, face aux jurés et magistrats professionnels de la cour d'assises.
Mais "tant que vous ne l'avez pas dit vous", complète sa deuxième avocate Me Sophie Rey-Gascon, "même si les avocats généraux l'ont cru, on a encore une terreur que ce petit bonhomme soit happé par ce grand procès".
Un "grand procès", dans une "grande salle d'audience", avec du "grand banditisme", des "grands flics", des "grandes tensions", énumère-t-elle.
Bien eu
Brahim Faïd, au parloir avec son frère ce 1er juillet 2018, "comme tous les mercredis, samedis et dimanches depuis des années", avait été placé en garde à vue directement après l'évasion, puis relâché sans poursuites.
L'accusé "qui a failli ne pas être là" ne sera mis en cause que deux ans plus tard, quand un vieux déplacement avec son frère Rachid éveille les soupçons des enquêteurs qui rouvrent son dossier.
Cet homme fin, au crâne chauve comme ses frères, épaisses lunettes, appareils auditifs sur les oreilles, avait l'air perdu devant la cour, quand il avait fallu raconter ce fameux 1er juillet 2018. Jurer et rejurer qu'il n'était au courant de "rien", que ce n'était pas lui qui avait donné le "top départ" du début du parloir, que son frère Rédoine l'avait "bien eu". "Il m'aurait prévenu, croyez-moi, je serais jamais venu".
Rédoine Faïd, délinquant aguerri... "il connaît la chanson", lance Me Pugliese. "Il sait que la première personne qui sera placée en garde à vue est celle qui se trouvait avec lui au parloir".
Et il aurait pris le risque de le mettre, "lui", dans la confidence ?, interroge-t-elle. Brahim Faïd, que ses frères appellent "le peureux", qui "respecte les règles", dont le casier judiciaire est vide ?, demande aussi Me Rey-Gascon.
Alors, face aux enquêteurs qui ont défilé à la barre pendant ce procès pour décrire une affaire "familiale", expliquer que "Rédoine, on lui dit pas non", que "toute la famille Faïd était au courant"..., elles supplient la cour "d'éviter les amalgames" et de ne pas "douter".
"Il ne faut pas qu'il se fasse aspirer", dit Me Pugliese, "laissez-le dans sa petite vie, sortez-le de la grande histoire".
Les plaidoiries de la défense se poursuivent jusqu'à vendredi, celles des avocats de Rédoine Faïd sont prévues vendredi après-midi. Les accusés diront leurs derniers mots lundi matin, avant que la cour ne se retire pour délibérer. Le verdict est attendu mercredi.
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