Au procès du "violeur de Tinder", 19 ans de prison requis contre celui qui ne "reconnaît rien"
Une peine "nécessairement sévère" pour un "homme dangereux" et qui "ne reconnaît rien". Une condamnation de 19 ans de réclusion criminelle a été requise jeudi devant la cour criminelle de Paris à l'encontre de Salim Berrada, "le violeur de Tinder"...
Une peine "nécessairement sévère" pour un "homme dangereux" et qui "ne reconnaît rien". Une condamnation de 19 ans de réclusion criminelle a été requise jeudi devant la cour criminelle de Paris à l'encontre de Salim Berrada, "le violeur de Tinder" accusé de viols et agressions sexuelles par 17 femmes.
La peine demandée qui frôle le maximum encouru - 20 ans - se justifie selon l'avocat général Philippe Courroye par le nombre de victimes attirées chez ce photographe d'aujourd'hui 38 ans via des sites de rencontres, et la "dangerosité" de cet "insatiable chasseur égocentrique" qui a contesté tous les faits.
Debout à son pupitre, l'avocat général s'est adressé à l'accusé, accoudé au bord du box vitré. Depuis la semaine dernière ce dernier a "vu, entendu" les plaignantes venues à la barre avec leurs "plaies encore béantes", lui dit-il.
Mais Salim Berrada est resté "inflexible", "bunkerisé dans le béton de ses dénégations". Les relations étaient consenties, ou n'ont pas existé, a maintenu jusqu'au bout l'accusé.
"Il est seul contre toutes" et les plaignantes serrées les bancs des parties civiles ... "vous êtes toutes des menteuses!", lance l'avocat général à ces femmes qui ne se "connaissaient pas et sont maintenant coude à coude".
"Regardez-les !", lance aussi le magistrat, mais Salim Berrada ne tourne pas la tête.
Il ne lâche pas l'avocat général des yeux pendant ces deux heures trente de réquisitions mais réagit peu. A peine secoue-t-il la tête de son habituelle dénégation un peu désolée.
S'il a l'air "inoffensif" dans le box, l'homme "addict au sexe et à la prédation", au "mode opératoire très rodé, sournois, compulsif" est "extrêmement dangereux", soutient l'avocat général.
Le magistrat revient longuement sur chacune des histoires racontées à la barre par ces femmes qui y gardaient "les paupières baissées" au moment de raconter leur viol, "comme si elles revivaient avec intensité ce huis clos de l'appartement de Salim Berrada d'où il fallait sortir vivante".
Il réitère
Il est "certain" que l'accusé les droguait pour la plupart, via les verres d'alcool qui leur tendait systématiquement. Le magistrat énumère les "flashs de lumière", "la tête qui tourne", "les jambes qui ne tiennent plus", les "cerveaux dans le coton" décrits.
Et puis, "allez hop", comme avait marmonné Salim Berrada à l'une d'elle avant de l'attraper par les cheveux. Là, "je me prépare à être violée", avait décrit une autre, voyant Salim Berrada comme "possédé".
L'avocat général cite encore une plaignante : "J'ai pleuré du début à la fin. Plus je pleurais plus il y allait fort".
"C'est du consentement ? Que faut-il de plus, Monsieur, pour vous faire comprendre ?", s'agace-t-il face à l'accusé, qui ne bouge toujours pas.
Salim Berrada est aussi "dangereux" parce qu'il "réitère": remis en liberté après deux ans et demi de prison dans ce dossier, il avait vite été mis en examen pour des faits similaires, et renvoyé en prison. Au delà des "17 vies détruites" que l'on juge ici, "combien d'autres, qui restent tapies dans le silence, la honte, le déni, et qui ont vécu la même chose ?", s'interroge encore le magistrat.
L'accusé est enfin "dangereux "car il n'a aucune capacité d'introspection", poursuit-il. "Comment pouvez vous espérer un changement de comportement... il ne reconnaît rien".
M. Courroye évoque Charline, 18 ans quand elle s'était rendue chez Salim Berrada, 10 de plus aujourd'hui, venue tous les jours à l'audience bouillonnante d'une rage froide. Elle avait hurlé depuis les bancs quand il avait écorché son nom lors d'une interrogatoire, lui qui a assumé voir les femmes comme des "numéros".
Et après sa déposition, rappelle l'avocat général, Charline s'était tournée vers lui - c'est la seule -, lui avait longuement parlé en le regardant dans les yeux. "Tu as assassiné mon enfance", lui avait-elle dit, tremblant de tout son corps, avant de lui demander: "et toi, quand as-tu lâché la main de ton enfance ?"
"J'ai vraiment pensé que ça pouvait avoir touché son humanité", reconnaît l'avocat général. Mais "il est resté de marbre. Le blindage a bien fonctionné".
"Aucun pardon, aucun regret". Le verdict est attendu vendredi soir.
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