Au procès des viols de Mazan, une première plaidoirie d'acquittement

Pour la première fois depuis le début des plaidoiries au procès des viols de Mazan, la défense d'un accusé a plaidé lundi l'acquittement, reconnaissant une "imprudence" mais pas l'infraction, en l'absence de la "conscience...

Gisèle Pelicot  aux côtés de son avocat Antoine Camus à son arrivée au tribunal d'Avignon dans le sud de la France le 26 novembre 2024 © Christophe SIMON
Gisèle Pelicot aux côtés de son avocat Antoine Camus à son arrivée au tribunal d'Avignon dans le sud de la France le 26 novembre 2024 © Christophe SIMON

Pour la première fois depuis le début des plaidoiries au procès des viols de Mazan, la défense d'un accusé a plaidé lundi l'acquittement, reconnaissant une "imprudence" mais pas l'infraction, en l'absence de la "conscience du non consentement" de Gisèle Pelicot. 

Joseph C., 69 ans, est le seul des 51 accusés jugés depuis septembre devant la cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, à ne pas être poursuivi pour viol ou tentative de viol mais pour "atteinte sexuelle" sur cette femme droguée à son insu, pendant une dizaine d'années, par son époux Dominique Pelicot et donc inconsciente, à leur domicile conjugal de Mazan (Vaucluse).

Contre le retraité qui comparaît libre, le ministère public avait demandé quatre années de détention avec mandat de dépôt, la peine la moins élevée de son réquisitoire.

"D'un côté, vous avez +l'ogre de Mazan+, pervers, égocentrique, diabolique, à la responsabilité colossale. Et de l'autre, il y a les petits poucets, les petits poissons, bernés, trompés, roulés dans la farine", a plaidé lundi matin son avocat, Me Christophe Bruschi.

Joseph C., cette nuit du 9 au 10 juin 2020, "avait le projet d'avoir une aventure libertine. Il a réaffirmé de manière catégorique qu'il ignorait que +l'ogre de Mazan+ droguait sa femme", a dit l'avocat.

"Il s'assied sur le bord du lit, il fait quelques caresses sur les fesses et le sexe, ça va très vite, c'est tout sauf une agression sexuelle. La perception qu'on peut avoir de la réalité d'une situation, elle n'est jamais immédiate, cela suppose quelques minutes, ces minutes qu'il lui a fallu pour se rendre compte de la situation anormale", a-t-il ajouté à propos de son client, qui n'avait pas eu d'érection ce soir-là.

"Il n'y a pas d'élément moral, il n'a jamais eu la conscience du non consentement de Gisèle Pelicot et, dans ce cas, l'infraction n'existe pas. Il a fait huit mois de détention provisoire, ça lui servira de leçon pour son imprudence", a plaidé Me Bruschi. 

"Je demande la relaxe, le doute profite à l'accusé. Tout ce à quoi il aspire, c'est de retourner dans son gîte pour s'occuper de sa fille et de ses deux petites-filles", a-t-il conclu.

Dans leurs plaidoiries mercredi et jeudi, les avocats des cinq premiers accusés, dont Dominique Pelicot, avaient plaidé coupable, estimant cependant pour la plupart largement exagérées les réquisitions du parquet.

Le verdict est attendu au plus tard le 20 décembre.

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