Au NPA, deux extrêmes gauches irréconciliables

Avec moins d'1% à la dernière présidentielle, le NPA fait figure de petit poucet à l'extrême gauche du champ politique. Et la scission du parti en deux branches, qui paraissent irréconciliables tant elles sont engagées...

Christine Poupin (g), Philippe Poutou (c) et Olivier Besancenot, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) lors d'un meeting de campagne le 12 avril 2012 à Paris © BERTRAND LANGLOIS
Christine Poupin (g), Philippe Poutou (c) et Olivier Besancenot, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) lors d'un meeting de campagne le 12 avril 2012 à Paris © BERTRAND LANGLOIS

Avec moins d'1% à la dernière présidentielle, le NPA fait figure de petit poucet à l'extrême gauche du champ politique. Et la scission du parti en deux branches, qui paraissent irréconciliables tant elles sont engagées dans une bagarre de légitimité, sème la confusion.

"C'est vrai que tout ça fait des noeuds aux cheveux", reconnait Gaël Quirante, porte-parole de la "plateforme C" du Nouveau Parti anticapitaliste.

Après son dernier congrès en décembre 2022, le parti trotskiste s'était divisé en deux: d'un côté la "plateforme B", celle des médiatiques candidats à la présidentielle Philippe Poutou et Olivier Besancenot, et de l'autre la "plateforme C", forte du soutien des jeunes du NPA.

La plateforme B avait réuni 48,5% et la C 45,3%, sur environ 2.000 votants. 

De loin, la différence entre les deux mouvements est ténue. L'adresse de leurs sites internet respectifs est identique, la seule différence étant que l'un finit en .org et l'autre en .fr. 

Chacun des mouvements a également son propre compte X (anciennement Twitter), le plus ancien et le plus suivi étant celui du NPA plateforme B.

"L'ancienne direction est partie en privatisant les réseaux sociaux", regrette Gaël Quirante, qui considère que son organisation est le seul NPA qui vaille et accuse ses "camarades" et opposants d'avoir claqué la porte du congrès - et donc du parti - en décembre.  

"On n'a pas quitté le NPA", lui répond sèchement Christine Poupin, une des porte-paroles de la plateforme B, qui accuse "l'autre NPA" de ne pas avoir leur "légitimité politique". 

La plateforme C se prévaut d'avoir pour elle "l'association historique de financement du NPA" et rappelle que la plateforme B a créé il y a quelques mois un nouveau mini-parti, appelé "Les Amis du NPA", et une nouvelle association de financement.

"On a toujours le journal", l'Anticapitaliste, hebdomadaire crée en 2019, rétorque Christine Poupin. "Eux ont créé un autre journal".

Liste commune ?

La confusion que créent ces dissensions est apparue au grand jour après l'attaque sanglante du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre. 

Le NPA B a réagi en rappelant "son soutien aux Palestiniens/nes et aux moyens de lutte qu'ils et elles ont choisis pour résister", ce qui lui vaut d'être visé par une enquête pour "apologie du terrorisme". 

"Bien évidemment, le Hamas ne se bat en rien pour la justice sociale et l'émancipation des peuples. C'est une organisation réactionnaire et obscurantiste, soutenue par des gouvernements tout aussi oppressifs que ses ennemis", a réagi de son côté le NPA C.

Pas question pour autant de se réjouir du malheur des autres. 

"Les propos tenus par les camarades et la répression dont ils font l'objet justifient de notre part une totale solidarité", explique Gaël Quirante.

Le dialogue est-il encore possible entre les deux NPA, dans le monde déjà très fracturé et électoralement minoritaire de l'extrême gauche française? 

"On a proposé à nos camarades un accord à l'amiable", indique Gaël Quirante, bien conscient du "poids médiatique écrasant" de Philippe Poutou et Olivier Besancenot. 

De l'autre côté, on tempère un peu. "On essaye de discuter de temps en temps", répond Christine Poupin.

Un des principaux points de divergence est la stratégie à adopter pour les élections européennes de 2024.

Le NPA B a proposé une alliance à La France insoumise. Le NPA C a proposé une alliance à Lutte Ouvrière - qui devrait la décliner - et se prépare à se présenter de manière indépendante. 

"S'ils veulent faire des listes communes, c'est en leur nom, pas au nom du parti", prévient Gaël Quirante qui assure que voir le logo du Nouveau Parti anticapitaliste sur une liste avec LFI, mouvement de gauche radicale qui a vocation à gouverner, constituerait un "franchissement du Rubicon" et menace, dans ce cas, de saisir la justice.

Jusqu'ici le NPA C ne l'a pas encore fait - "ce n'est pas notre culture", justifie Gaël Quirante. Mais le parti a quand même envoyé au mois de juin une mise en demeure à Philippe Poutou pour lui demander d'arrêter de se prévaloir du titre de "président du NPA". 

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