Au Havre, Siemens-Gamesa voit plus grand
Le constructeur d'éoliennes européen a lancé le 17 février l'agrandissement de son usine havraise. Objectif : produire des pales plus longues pour équiper ses machines dernière génération de 14 MW.
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Elle n’en finit pas de s’agrandir, l’usine Siemens Gamesa du Havre. Toute en longueur, à l’image des pâles en fibre carbone qu’elle moule en son sein. Lundi 17 février, elle a marqué une nouvelle étape dans son développement avec la pose de la première pierre d'une extension destinée à augmenter la taille des pales produites, passant de 75 à 115 m de long. Plus longues car plus légères et résistantes, grâce, notamment, à l'intégration d'une technologie avancée de poutre en carbone. De quoi alimenter des éoliennes plus puissantes avec un rotor de 236 mètres et une puissance de 14 MW.
Avec ce gap technologique et cet investissement de 200 M€, Siemens Gamesa souhaite conforter son positionnement de leader sur ce marché de l'éolien en mer. "Cet investissement doit nous permettre de faire du Havre un pôle stratégique de production au service de l'ensemble du marché européen" a résumé Yara Chakhtoura, présidente de Siemens Energy France et de Siemens Gamesa Renewable Energy France.
Un marché colossal mais très concurrentiel
Et ce marché est en pleine expansion. L'Union européenne s'est fixé pour objectif de porter sa production d'électricité éolienne marine, de 20 GW aujourd'hui, à 300 GW à l'horizon 2050 ! Et la France, à elle seule, souhaite porter sa capacité de production à 45 GW sur le même laps de temps. "Nous sommes déterminés à faire de l'énergie une force pour notre pays", a déclaré Marc Ferracci, ministre de l'Industrie, venu participer à la cérémonie de la pose de la première pierre, aux côtés de l'ex-premier ministre et maire du Havre, Edouard Philippe. "L'éolien en mer doit prendre une part essentielle du mix énergétique. La dynamique est lancée, et pour l'accompagner, nous avons besoin de turbines plus puissantes".
Ce défi technologique, l'Europe doit le relever dans un contexte géopolitique de plus en plus concurrentiel. "Il y a une concurrence féroce et parfois même déloyale, a argué Marc Ferracci. Nous devons nous préparer à la riposte et la France défend auprès de Bruxelles l'intégration de critères de résilience dans les prochains appels d'offres". Ces critères doivent intégrer une part de "préférence européenne" avec un bonus accordé aux dossiers proposant des machines fabriquées en Europe. Et ce, selon le ministre, dès l'appel d'offres numéro 10 qui sera lancé fin mars, avec l'attribution de 8 à 10 GW sur l'ensemble des façades maritimes françaises.
Abandon de l'assemblage des nacelles
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Avec ces nouveaux critères de préférence européenne, la France souhaite donner de la perspective à la filière industrielle, en sécurisant des marchés, et donc des volumes. Des annonces au goût de miel pour Siemens-Gamesa qui voit ainsi validée sa stratégie de parier sur le port du Havre pour sa production. La restructuration de l'usine havraise (ouverte en 2022) s'accompagne aussi de l'abandon de l'activité d'assemblage des nacelles, reportée sur d'autres sites du groupe.
Siemens Gamesa rappelle toutefois que des formations dédiées seront mises en place pour préparer les collaborateurs issus de la production des nacelles et des lignes actuelles de pales à assumer la nouvelle production. Les travaux d’agrandissement devraient s’achever en 2026, avec une montée en puissance de la production. À terme, Siemens Gamesa annonce la création de 200 emplois directs et indirects, suite à cet investissement.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre