Au Festival du film d'Angoulême, une pluie d'hommes nommée désir

Elle a voulu montrer comment les hommes peuvent "pleuvoir" dans la vie des femmes après 45 ans: près de trois ans après le succès d'"Antoinette dans les Cévennes", Caroline Vignal fait son retour avec une...

La réalisatrice Caroline Vignal et l'acteur Vincent Elbaz pour la présentation du film "Iris et les Hommes" au festival d'Angoulême, le 23 août 2023 © YOHAN BONNET
La réalisatrice Caroline Vignal et l'acteur Vincent Elbaz pour la présentation du film "Iris et les Hommes" au festival d'Angoulême, le 23 août 2023 © YOHAN BONNET

Elle a voulu montrer comment les hommes peuvent "pleuvoir" dans la vie des femmes après 45 ans: près de trois ans après le succès d'"Antoinette dans les Cévennes", Caroline Vignal fait son retour avec une héroïne bien décidée à réveiller sa vie sexuelle.

"Iris et les hommes", son troisième long-métrage, a été présenté mercredi soir en compétition au Festival du film francophone d'Angoulême, qui se tient jusqu'à dimanche.

Au cœur du film, Iris (campée par Laure Calamy, comme dans "Antoinette dans les Cévennes") une mère de famille de deux enfants, mariée, à qui tout semble réussir. Tout ou presque. Voilà des années que toute sexualité a disparu au sein de son couple.

Devenue "une femme gelée" -- titre d'un ouvrage de la lauréate du prix Nobel 2022, Annie Ernaux, qu'elle lit le soir avant de s'endormir --,  la quadra décide de prendre les choses en main en s'inscrivant sur des applications de rencontre. 

Objectif : réveiller le désir qui sommeille en elle, afin de retrouver, in fine, une vie de couple. 

Dimension parallèle

le film est en partie inspiré de faits réels. "Il y a quelques années, une amie m'a raconté qu'elle s'était inscrite sur une application de rencontre et son témoignage était absolument incroyable. C'était comme si on avait basculé dans une dimension parallèle où il pleut littéralement des hommes", explique la réalisatrice de 53 ans dans un entretien à l'AFP.

Si le film met des années à se concrétiser, c'est parce que "je me suis dit que ce n'était peut-être pas quelque chose qui allait passer comme une lettre à la poste", dit-elle.

"Une femme qui trompe son mari avec des hommes dont elle n'est pas amoureuse, elle couche avec eux parce qu'elle a envie de coucher avec eux, ça n'est pas un truc qu'on voit tant que ça et j'avais besoin que les gens adhèrent au personnage, qu'ils puissent s'identifier à elle. Sans la juger", poursuit-elle.

Un pari que Caroline Vignal espère avoir relevé grâce notamment à son actrice fétiche, l'ex-star de "Dix pour cent", Laure Calamy. "Je pense que Laure a ce truc naturel, un peu +girl next door+. Ca peut paraître ordinaire mais ça ne l'est pas et, surtout, c'est ce qui fait qu'on peut se projeter à travers elle", assure la cinéaste.

Le résultat est bien rythmé, drôle et entrecoupé de scènes de comédies musicales -- comme lorsqu'Iris se met à chanter, en français, "It's raining men", que l'ex-Spice Girl Geri Halliwell avait contribué à repopulariser dans les années 2000.

Plafond de verre

"Ce que j'ai trouvé moderne et original en lisant le scénario, c'est que c'est souvent un personnage masculin qui vit son désir comme il l'entend. Là, c'est une femme qui va à l'aventure", commente l'acteur Vincent Elbaz, qui campe l'énigmatique mari d'Iris, auprès de l'AFP.

Mettre en scène des héroïnes -- de leurs aspirations amoureuses et sexuelles à leurs problèmes du quotidien -- a toujours été au coeur du travail de Caroline Vignal, dont le premier film, "Les autres filles", est sorti en 2000.

Une souvenir "traumatisant" pour la cinéaste, qui avait renoncé à la réalisation à la suite de cet échec. Un renoncement qui a duré 20 ans, prenant fin avec "Antoinette dans les Cévennes".

A Angoulême, sur les onze films de la compétition, sept sont portés par des réalisatrices avec, à chaque fois, des héroïnes flamboyantes.

"Les choses bougent, c'est vrai. En même temps, j'ai l'impression qu'il y a encore un plafond de verre pour les femmes", estime la réalisatrice.

"Parfois, je me dis que le moment où les femmes prennent un peu l'ascendant, c'est celui où le cinéma est en crise et que les mecs partent faire autre chose, comme des jeux vidéo. Je ne peux pas totalement me rejouir".

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