Au cœur de Paris, les commerçants inquiets après une nuit d'émeutes
"C'est la première fois en 25 ans que je vois ça". Des commerçants et habitants du centre de Paris constataient vendredi, dépités, les dégâts d'une nuit de pillages et de...
"C'est la première fois en 25 ans que je vois ça". Des commerçants et habitants du centre de Paris constataient vendredi, dépités, les dégâts d'une nuit de pillages et de saccages au cœur de la capitale.
"Aujourd'hui c'est une journée de travail de perdu", confie Yvan - il n'a pas voulu donner son nom de famille -, agent d'entretien de la boutique Arche de Châtelet-les Halles, assis sur des marches à proximité du magasin.
Vitrines en miettes, chaussures volées... La boutique Arche comme le magasin Nike à quelques mètres ont été pillés et saccagés en pleine nuit.
"C'est la première fois que je vois ça, je ne vais pas pouvoir travailler aujourd'hui... J'ai une famille à nourrir, c'est idiot de faire ça", ajoute-t-il désemparé, attendant l'arrivée de la gérante de la boutique.
En face, Marieline, qui n'a pas voulu décliner sont identité complète, cogérante du café "Au cœur couronné", a dû faire entrer à l'intérieur tous les clients installés sur la terrasse au cours de la nuit.
"On a été et on est très inquiets, avoue-t-elle. Quand ils ont attaqué les magasins. J'ai appelé la police, j'ai même éteint un feu de poubelle à côté du restaurant".
Elle ne compte pourtant pas fermer le bar la nuit prochaine. "J'ai des réservations, je suis obligée d'ouvrir, mais si ça continue, je vais peut-être fermer plus tôt", ajoute-t-elle.
Après avoir "eu très peur pour le restaurant", Noëlle, salariée de la Maison Pouquelin à Châtelet, s'avoue inquiète si les émeutes continuent.
"On est passé par le Covid, tout le monde a lâché, alors si c'est comme ça maintenant les commerçants sont morts", estime-t-elle, accoudée au comptoir du restaurant.
- "J'ai peur qu'ils reviennent" -
Rue de Rivoli, Luisa Viera, 58 ans, habite entre les magasins Mauboussin et Jott, saccagés et pillés dans la nuit.
Gardienne de l'immeuble, elle a été réveillée par un "bruit énorme" et vers deux heures du matin a mis un cadenas sur la porte du magasin Jott, pour éviter que "les gens ne continuent à passer et voler des vêtements".
"Cette nuit, j'ai peur qu'ils reviennent et fassent pire", avoue-t-elle adossée à la porte d'entrée de l'immeuble.
Présent avec les émeutiers dans la nuit, Ibrahim (prénom d'emprunt), assis face au magasin Nike, confie avoir assisté à des "tirs de mortiers" d'artifices. Mais il a "été surpris" par la tournure des événements au fil des heures.
"Ils ont ni raison, ni tort, car voler et piller ne va rien apporter à l'enquête. Mais montrer notre colère, ça montre qu'on en a marre des bavures policières", argumente-t-il, sans savoir encore s'il participera aux rassemblements prévus dans la soirée de vendredi.
A la suite des dégradations, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a réuni une cellule de crise de la ville dans la matinée.
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