Attention, le PV furtif est arrivé

Depuis quelques mois, les célèbres papillons ont disparu des pare-brise à Lille pour faire place à un billet pas très doux. Explication.

Plus de PV mais ce petit billet que le vent emporte.
Plus de PV mais ce petit billet que le vent emporte.
D.R.

Plus de PV, mais ce petit billet que le vent emporte.

Observateurs vigilants ou bénéficiaires d’un PV pour stationnement, les habitués des rues lilloises auront remarqué que les traditionnels «papillons» ont disparu des pare-brise. Plus de ces rectangles de carton où il suffisait d’apposer le timbre amende trouvé au tabac le plus proche pour s’acquitter dans la minute, mais un petit papier coloré. 

Ce billet, pas doux du tout, informe qu’un PV a été dressé et qu’il sera adressé par la poste. C’est que tout simplement la Ville de Lille a adopté, après la police nationale, le terminal d’ordinateur. Chaque agent est doté d’un boîtier. En deux temps trois mouvements, il pianote les renseignements idoines : lieu et nature de l’infraction, heure, matricule de l’agent et bien sûr l’immatriculation du fautif.

Et hop ! Un clic sur «envoi» et le PV s’envole, par la voie des ondes, vers le centre informatisé des PV à Rennes. Pas moyen de l’arrêter. En instant T comme disent les pros.

 

Retour douloureux. De Bretagne, un avis parviendra au domicile du contrevenant ou chez son patron s’il s’agit d’un véhicule de société. C’est là que le bât blesse. Quantité de personnes n’ont pas forcément envie que tout le monde sache où ils étaient tel jour, à telle heure.

Sans parler du théâtre de boulevard où maris ou femmes jouent à cache-cache,  ce système peut aussi dénoncer un employé qui sort de son itinéraire. Cela peut aussi gêner la confidentialité des affaires. Tout n’est pas forcément transparent entre associés, ou entre un patron et son entourage, ou entre un commercial et ses camarades et néanmoins rivaux. Bref, sans penser à mal, il y a des quantités de raisons pour que tout le monde n’apprenne pas où vous étiez.

Il suffit de payer le stationnement, nous rétorquera-t-on, mais il n’est pas toujours facile de maîtriser la durée d’une intervention, d’une réunion. Tout le monde n’a pas le Piaf, ce micro-ordinateur qui débite des sous sur votre compte prépayé au fil des secondes de stationnement.

Plus que jamais, il faut payer ! Malgré la trêve estivale, vous avez tous les risques d’être verbalisé en plein midi d’août dans une rue déserte tandis que les cyclistes slaloment sur les trottoirs, écouteurs sur les oreilles, devant des agents indifférents, passant parfois au ras de leurs pieds. Le piéton, lui, doit se méfier d’autant que nul ne verbalise non plus tous les objets, comme ces réclames de restaurants en bois, qui encombrent les trottoirs où, finalement, le seul vrai tort est de dépasser l’heure limite de stationnement.

Les terrasses peuvent sortir de leurs limites, les allées des marchés être encombrées de panneaux publicitaires. Rien ! Une minute de dépassement : 17 € par surprise quand le vent ou la pluie ont escamoté le billet rose. C’est le progrès !