Attentat islamiste: Arras "debout", avant un hommage national lundi

"Nous sommes debout": des milliers de personnes ont rendu hommage à Arras dimanche au professeur tué par un ancien élève radicalisé, avant une minute de silence nationale lundi, sur fond de risque attentat...

Rassemblement à Arras à la mémoire de l'enseignant Dominique Bernard, tué dans un attentat islamiste, le 15 octobre 2023 dans le Pas-de-Calais © DENIS CHARLET
Rassemblement à Arras à la mémoire de l'enseignant Dominique Bernard, tué dans un attentat islamiste, le 15 octobre 2023 dans le Pas-de-Calais © DENIS CHARLET

"Nous sommes debout": des milliers de personnes ont rendu hommage à Arras dimanche au professeur tué par un ancien élève radicalisé, avant une minute de silence nationale lundi, sur fond de risque attentat exacerbé par le conflit au Proche Orient.

Plus de 5.000 personnes selon la préfecture se sont rassemblées sur la place centrale d'Arras, non loin de la cité scolaire Gambetta, théâtre de l'attaque de vendredi, qualifiée par le président Macron de "terrorisme islamiste".

"Arras est à l'épreuve, mais Arras est debout ... nous sommes debout", a lancé le maire divers centre, Frédéric Leturque, aux participants, certains aux yeux rougis.

L'attentat au couteau, commis par un Russe de 20 ans fiché S, a provoqué une onde de choc alors que la France commémore lundi l'assassinat il y a trois ans d'un autre enseignant, Samuel Paty, décapité pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.

Le professeur tué vendredi, Dominique Bernard, 57 ans, était agrégé de lettres modernes.

Parmi les trois blessés, le plus grave, un responsable des équipes techniques hospitalisé en urgence vitale, "semble aller mieux", a indiqué une source proche du dossier.

"Il est insupportable d'avoir à revivre le même effroi", a lancé à la tribune Catherine Piecuch, co-secrétaire FSU pour le Nord et le Pas-de-Calais. "L'Etat doit prendre toutes les mesures pour assurer la protection des personnels et des élèves."

Une minute de silence est prévue lundi à 14H00, en hommage aux victimes d'attentats contre l'école, dans tous les établissements scolaires.

Le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a assuré dimanche soir sur TF1 qu'il ne "tolérerai(t) aucune contestation" au cours de cet hommage.

Il a annoncé réunir "la semaine prochaine les collectivités locales compétentes" en matière de sécurité des établissements scolaires, appelant à "aller plus loin" en évoquant "portiques", "vigiles", ou "vidéosurveillance".

Le gouvernement a activé vendredi le niveau urgence attentat du dispositif Vigipirate, le plus élevé, et jusqu'à 7.000 soldats de la force antiterroriste Sentinelle doivent être déployés d'ici lundi soir.

Signe de la fébrilité ambiante, le Louvre et le château de Versailles ont été évacués samedi après des alertes.

Extérioriser

Lundi, les cours débuteront à 10H00 dans le secondaire, pour permettre un temps d'échange entre enseignants.

Clothilde Mienville, enseignante en CE2 à Arras, ne sait "pas encore trop comment" aborder le sujet avec ses élèves, dont certains, "choqués, traumatisés", ont des grands frères ou sœurs à Gambetta. "Il faut leur permettre d'extérioriser".

Neuf personnes étaient encore en garde à vue dimanche, dont l'assaillant Mohammed Mogouchkov, né dans la république russe à majorité musulmane d'Ingouchie selon l'administration française et arrivé en France à cinq ans selon une source policière. Deux frères, une soeur, sa mère et un oncle sont également en garde à vue.

Le jeune homme, qui aurait crié +Allah Akbar+ selon des témoins, "ne s'est pas expliqué" depuis son arrestation, a indiqué à l'AFP une source policière.

Amalgame

Il était suivi depuis peu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en raison, selon Gérald Darmanin, des liens avec son frère, emprisonné pour sa participation à un projet d'attentat visant l'Elysée, et avec son père, lui aussi fiché S. Ce dernier, expulsé en 2018 est "très probablement" en Géorgie, selon une source policière.

La DGSI avait brièvement interpellé l'assaillant la veille des faits, a précisé le ministre de l'Intérieur, excluant samedi une "faille des services de renseignements".

"Rien dans les éléments qu'on avait pu obtenir ne permettait de prédire que cet individu (...) pouvait passer à l'acte", a renchéri la Première ministre Elisabeth Borne dans La Tribune Dimanche.

Gérald Darmanin, pronant l'"expulsion systématique de tout étranger (...) considéré comme dangereux par les services de renseignement", a évoqué "une atmosphère de jihadisme, de passage à l'acte évidente depuis samedi dernier", date de l'attaque d'Israël par le Hamas.

"L'ennemi, c'est le terrorisme islamiste. Il faut le cibler sans opérer d'amalgame", a estimé le député LFI de la Somme, François Ruffin, dimanche sur BFMTV.

En déplacement dans son fief du Pas-de-Calais, la patronne des députés RN, Marine Le Pen, a dénoncé "une chaîne de défaillances tellement longue, tellement grave, qu'elle a permis que se déroule sur notre territoire un épouvantable drame supplémentaire", appelant à la démission de Gérald Darmanin.

Depuis l'attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 (12 morts) une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France.

33Y97DP