Attentat de la basilique de Nice: Brahim Aouissaoui condamné à la perpétuité incompressible
Le Tunisien Brahim Aouissaoui, accusé d'avoir assassiné trois personnes dans la basilique de Nice le 29 octobre 2020, a été condamné mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté incompressible, soit la peine la plus lourde du...

Le Tunisien Brahim Aouissaoui, accusé d'avoir assassiné trois personnes dans la basilique de Nice le 29 octobre 2020, a été condamné mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté incompressible, soit la peine la plus lourde du code pénal, par la cour d'assises spéciale de Paris.
La cour composée de magistrats professionnels et présidée par Christophe Petiteau a suivi à la lettre les réquisitions du parquet antiterroriste qui avait réclamé cette sanction rarissime, appelée "perpétuité réelle", contre l'accusé qui a revendiqué son acte par le "droit" de venger les musulmans tués dans le monde par "l'Occident".
L'accusé de 25 ans, debout dans son box, n'a pas réagi à l'annonce du verdict. Comme souvent depuis le début de son procès, il semblait ne pas s'intéresser à ce qui se passait dans la salle d'audience.
Il a dix jours pour interjeter appel.
Le président Petiteau a fustigé "l'insoutenable cruauté" de Brahim Aouissaoui qui n'a montré aucun remords durant l'audience. La "dangerosité" de l'accusé est "demeurée intacte", a constaté le président en lisant la décision de la cour.
"Vous êtes condamné sans possibilité d'aménagement de peine", a-t-il insisté à l'adresse de l'accusé.
La perpétuité incompressible rend très infime la possibilité d'un aménagement de peine. En matière de terrorisme, cette peine avait été prononcée contre Salah Abdeslam pour les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.
Les familles des victimes et le maire de Nice, Christian Estrosi, exceptionnellement présent à l'audience, ont accueilli le verdict dans le recueillement après trois semaines d'un procès souvent éprouvant.
Cruauté absolue
"Personne ne peut se réjouir de la condamnation à perpétuité incompressible d'un homme", a confié à l'AFP, Me Olivia Chalus-Penochet, une avocate de parties civiles.
"Cependant, a-t-elle ajouté, lorsque celui-ci ne délivre aucun signe d'amendement, de regret, d'excuse, permettant d'espérer une déradicalisation, et que de plus il revendique son jihad à l'audience en soutenant qu'il est en droit de tuer, on peut comprendre la décision de la cour". "Toutes mes pensées vont vers les victimes", a-t-elle dit.
Dans un réquisitoire à deux voix, les avocates générales du parquet national antiterroriste (Pnat) avaient décrit dans la matinée un Brahim Aouissaoui "enfermé dans son fanatisme totalitaire et barbare".
Invité à prendre une dernière fois la parole avant que la cour ne se retire pour délibérer, Brahim Aouissaoui avait une nouvelle fois choisi la provocation en déclarant: "s'il y a une justice, jugez au nom des enfants et des femmes (musulmans) qui sont morts".
Lundi déjà, il avait expliqué son acte en affirmant que "tous les jours, vous (les Occidentaux) tuez des musulmans".
Pour l'accusation, Brahim Aouissaoui a fait preuve d'une "sauvagerie inouïe" en assassinant avec un couteau de cuisine la paroissienne Nadine Devillers, 60 ans, quasiment décapitée, le sacristain Vincent Loquès, 54 ans, égorgé, et la mère de famille Simone Barreto Silva, 44 ans, qui a reçu 25 coups de couteau avant de succomber.
Le jeune Tunisien était également accusé de sept tentatives d'assassinat contre deux amis du sacristain, présents dans l'église, et les cinq policiers municipaux parvenus à le neutraliser.
Il a été reconnu coupable de tous les chefs d'accusation.
Aveuglé par l'obscurantisme
L'attentat de la basilique de Nice a été le troisième acte d'un automne meurtrier après la republication par Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet, le 2 septembre 2020, le même jour que l'ouverture du procès de l'attaque jihadiste dans les locaux de l'hebdomadaire satirique le 7 janvier 2015, ont souligné les avocates générales.
Une semaine après la republication des caricatures, des médias proches d'Al-Qaïda appelaient à frapper la France, "porte-étendard des croisades en Europe". Le 25 septembre, un Pakistanais attaquait avec un hachoir deux personnes qui se trouvaient devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Le 16 octobre, un jeune Tchétchène poignardait et décapitait à Eragny-sur-Oise, près de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le professeur d'histoire Samuel Paty qui avait montré en classe des caricatures du Prophète.
Le 25 octobre, quatre jours avant l'attentat de la basilique de Nice, un média pro Al-Qaïda appelle à "égorger" des Français dans "leurs églises".
"Tout au long de l'audience, nous avons pu voir la noirceur et la haine dans ses yeux. Il s'est enfermé dans une matrice mortifère, aveuglé par l'obscurantisme et par la haine de la France", a résumé une avocate générale.
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