Attaque au collège-lycée d'Arras: la panique à l'intercours
A l'intercours de 11h, la panique, l'incertitude, le choc: une cité scolaire sans histoire du centre-ville d'Arras s'est retrouvée au coeur d'un drame vendredi quand un jeune homme a poignardé à mort un...
A l'intercours de 11h, la panique, l'incertitude, le choc: une cité scolaire sans histoire du centre-ville d'Arras s'est retrouvée au coeur d'un drame vendredi quand un jeune homme a poignardé à mort un enseignant et blessé grièvement deux autres adultes.
Sur les marches extérieures de l'établissement, quelques gouttes de sang, et une grosse flaque un peu plus loin sur le parking: le professeur, qui enseignait le français au collège selon plusieurs sources syndicales, a été tué avant même que l'assaillant ne pénètre dans l'établissement.
Selon le récit d'une source policière, le premier enseignant agressé est mort devant l'établissement et le professeur blessé est intervenu pour le défendre.
L'agresseur s'est ensuite rendu au secrétariat pour voir le proviseur, sans succès, avant de descendre dans la cour, d'agresser l'agent technique, puis d'être tasé et interpellé par la police, a-t-elle ajouté.
Professeur de philosophe au lycée, Martin Doussau a assisté à un "mouvement de panique" au moment de l'intercours de 11H, quand les collégiens ont dû quitter la cour en raison de la présence d'un jeune homme armé de deux couteaux selon lui.
"J'ai vu que les élèves étaient en train d'être confinés et j'ai vu effectivement l'agresseur s'en prendre à une personne de la cantine", a-t-il raconté à l'AFP.
"Il l'avait déjà apparemment frappé parce que ce chef cuisinier avait du sang sur les mains et semblait blessé", a continué le professeur aux cheveux gris.
Alors qu'un jeune collègue dissuadait M. Doussau d'intervenir, l'agresseur "s'est retourné vers moi en voyant que je m'étais avancé, que j'avais commencé à lui parler, il m'a dit : +Vous êtes professeur d'histoire ? ".
M. Doussau, poursuivi, rapporte s'être "réfugié derrière la porte vitrée de l'établissement", jusqu'à ce que la police intervienne et immobilise le suspect.
"Rester debout"
Un large périmètre de sécurité a été établi autour de la cité scolaire Gambetta qui comprend un collège et un lycée, mais accueille également des classes préparatoires et des BTS.
La police scientifique, en combinaisons blanches, s'affairait devant l'entrée du lycée autour du corps du professeur décédé.
Des parents étaient attroupés à proximité, attendant avec inquiétude la sortie de leurs enfants.
Parmi eux, Lucie, mère de Lucas, 12 ans, en cinquième. "J'ai eu l'information par lui par texto vers 11H, je l'ai appelé direct mais il ne pouvait pas décrocher. J'ai appelé le collège mais ça n'a pas répondu bien sûr".
"Il m'a dit qu'il avait entendu quelqu'un crier dans les couloirs +Je vais vous saigner+", raconte cette mère.
Élève de Terminale, Marius était, lui, en cours de sport au moment de l'attaque. "J'étais dans le gymnase, on a eu l'alerte classique pour intrusion, on a été confinés dans les vestiaires, on pensait que c'était un exercice", raconte le jeune homme, qui a "entendu un nombre interminable de sirènes".
"On a passé quasiment une heure confinés dans les vestiaires à attendre sans trop de nouvelles puis une heure dans le gymnase", témoigne-t-il.
Très vite, des informations ont circulé entre les élèves, indique néanmoins Fabien Dufay, professeur d'EPS, qui donnait un cours dans le gymnase, à une autre classe que celle de Marius.
"Les élèves en savaient tout de suite plus que moi, ils avaient la vidéo de l'agression", explique-t-il.
"Un collègue m'a dit qu'un autre professeur était décédé. Là, on se demande si on va rester debout", confie l'enseignant.
Le petit fils d'Annick Crépin, collégien, et deux de ses amis, ont assisté à l'attaque, qui s'est déroulée dans le hall commun au lycée et au collège. Ils se sont enfuis, et elle les a retrouvés, l'un blanc "l'autre tétanisé; le mien ça a l'air d'aller mais c'est plus tard qu'il va craquer".
Raynald Dumont, père de Claire, 17 ans, en première, a quand à lui été alerté par sa fille, à 11h10. Sa fille "a vu un jeune homme qui s'est fait agresser avec une chaise, puis du sang à terre", rapporte-t-il.
"Il y a une question qui se pose sur la sécurité, comment ce jeune homme a pu entrer ? Je suis en colère, comment un tel drame peut arriver comme ça ?", interroge M. Dumont.
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