Attal veut "déverrouiller" la France au nom de sa "souveraineté"

"Déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser". Gabriel Attal a promis mardi une réforme des bas salaires pour les classes moyennes et "un choc de l'offre" sur le logement, désireux de reconquérir la "souveraineté" du pays...

Le Premier ministre Gabriel Attal, le 30 janvier 2024 à l'Assemblée nationale, à Paris © EMMANUEL DUNAND
Le Premier ministre Gabriel Attal, le 30 janvier 2024 à l'Assemblée nationale, à Paris © EMMANUEL DUNAND

"Déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser". Gabriel Attal a promis mardi une réforme des bas salaires pour les classes moyennes et "un choc de l'offre" sur le logement, désireux de reconquérir la "souveraineté" du pays, un mot qu'il a prononcé 23 fois.

"Je souhaite que la France retrouve pleinement la maîtrise de son destin. Qu’elle soit pleinement souveraine", sur les plans industriel, énergétique, agricole et culturel, a déclaré le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, refusant que "l'identité" française puisse "se dissoudre".

Il a défendu dans cet esprit une "exception agricole française" alors qu'il s'exprimait en pleine fronde des agriculteurs.

Avant même que Gabriel Attal ne prenne la parole à 15H00, les groupes de gauche ont déposé une motion de censure, qui a peu de chances d'être adoptée sans le soutien de la droite.

Dans ce discours solennel d'1H20, cravate bleu marine à liseré rouge au cou, il a apporté une touche personnelle en rappelant qu'il était le premier chef de gouvernement "ouvertement" homosexuel, preuve, selon lui, que "les mentalités évoluent". 

Il a assuré que sa porte "restait ouverte" aux oppositions pour construire des compromis, dans une situation de majorité relative, et ce "malgré leurs hurlements", a-t-il lancé dans le brouhaha.

Aucun souffle

A moins de cinq mois des élections européennes, pour lesquelles le Rassemblement national est donné favori, il a particulièrement chargé l'extrême droite, l'accusant de soutenir un "Frexit déguisé". Il a ciblé en conclusion Marine Le Pen qui vote "tellement contre tout" qu'elle finit "par ne plus défendre les intérêts de notre pays". 

La cheffe des députés RN venait de pointer un "catalogue" sans "aucun souffle".

A l'adresse des classes moyennes, M. Attal a souhaité  "désmicardiser la France" en réformant les bas salaires dès le prochain budget à l'automne, et continuer "à baisser les charges qui pèsent" sur elles. 

"Nous devons répondre aux inquiétudes de la classe moyenne et faire en sorte que ceux qui vont travailler puissent vivre de leur travail, et gagnent toujours plus que ceux qui ne travaillent pas", a martelé Gabriel Attal, qui a cité une quarantaine de fois le mot travail.

"Personne ne demande un droit à la paresse dans notre pays", a-t-il ironisé pendant que la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui défend cette idée, levait les yeux au ciel.

Dans le domaine social, Gabriel Attal a demandé à ses ministres "d'expérimenter la semaine en quatre jours, sans réduction du temps de travail" .

Pro "nucléaire

Il a aussi annoncé "un choc d'offre" pour "déverrouiller" le secteur du logement en crise profonde, en simplifiant notamment l'accès à MaPrimeRénov', mais aussi en revoyant le calcul du quota de logements sociaux par commune.

"Déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser. Oui, mais dans un seul objectif: réarmer notre pays", a résumé le Premier ministre, en écho au mantra du président Macron.

Dans le même temps, Gabriel Attal a appelé à "faire preuve d'une responsabilité exemplaire dans nos finances publiques", alors que la France est lourdement endettée, même s'il entend toujours baisser les impôts de deux milliards d'euros en 2025.

Sur l'environnement, il a annoncé "un deuxième projet de loi industrie verte" et un "service civique écologique". Assumant d'être "pro-énergie nucléaire", il a promis de faire "rimer climat avec croissance", ce qui lui a valu les critiques d'Anne Bringault du Réseau Action Climat, pour qui Gabriel Attal est "passé complètement à côté du sujet de la planification écologique".

Contre les déserts médicaux, il a annoncé la nomination d'un "émissaire, chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins", et souhaité faire de la santé mentale une "grande cause".

Désireux de rétablir "l'autorité partout", il a évoqué la mise en place de "travaux d'intérêt éducatif" pour les mineurs délinquants de moins de 16 ans.

Guerre aux pauvres

Au moment où les tracteurs bloquent les routes autour de Paris, le Premier ministre a assuré que le gouvernement serait "au rendez-vous" avec les agriculteurs: ceux qui n'ont pas encore reçu le solde des aides de la politique européenne de soutien à l'agriculture (PAC) au titre de 2023 seront crédités "d'ici le 15 mars", a-t-il promis. 

Il s'exprimait quelques minutes après Emmanuel Macron qui, depuis Stockholm, a souhaité aussi mener la bataille au niveau européen. 

A peine la déclaration entamée, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui n'est plus député, a fustigé sur les réseaux sociaux le discours "le plus réactionnaire depuis un siècle".

"Vous êtes le jeune visage du vieux monde", a lancé le patron du groupe socialiste Boris Vallaud au Premier ministre de 34 ans, comparé par plusieurs élus à Margaret Thatcher, la dame de fer britannique.

L'eurodéputée Marie Toussaint, tête de liste des Verts aux européennes, a dénoncé une "déclaration de guerre aux pauvres et à la nature".

Le patron de la droite Eric Ciotti a dénoncé une "forme de trahison" au sujet de l'Aide médicale d'Etat (AME) pour les sans-papiers, que Gabriel Attal entend réformer par voie réglementaire sur la base du rapport Evin-Stefanini.

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