Ateliers d'Etran : une activité multisectorielle au service de l'insertion

« En France 1 personne sur 6 est en situation de handicap… Soit 12 millions de français ! Mais 80 % de ces handicaps sont invisibles ». Ces chiffres livrés par la neuropsychologue Maryline Gougeon, ont de quoi faire réfléchir, et à penser autrement l'emploi de personnes en situation de handicap ; non plus comme une contrainte, mais comme une normalité.

Aux Ateliers de l'Etran, c'est une question qu'on ne se pose plus depuis bien longtemps. Cet ESAT a en effet été créé en 1988, 22 ans après la création de l’IME (Secteur Enfance), afin d’accueillir les jeunes ayant la capacité de travailler, devenus adultes. Evoluant en « milieu protégé », encadrés par 34 salariés, ils sont aujourd'hui 152 travailleurs dans l'établissement, aux profils et aux parcours très différents. L'établissement intègre aussi en 1990 une entreprise adaptée, qui vient compléter l'offre d'accompagnement et qui compte aujourd'hui 90 salariés. Celle-ci propose des services aux entreprises et aux particuliers, et génère annuellement 1,3 M € de chiffre d'affaires.

Caramel de pommes et Alpine

Les Ateliers d’Etran se caractérisent particulièrement par leur activité économique multisectorielle, ce qui permet de proposer des travaux adaptés à la capacité de chaque personne accueillie. Bien sûr, la production du célèbre caramel de pommes dieppois en est sans doute la plus célèbre vitrine. Pourtant ce n'est qu'en 2009 que cette activité est née au sein de l'établissement, suite à une baisse d'activité. « Jean-Pierre Roussel maître chocolatier sur Dieppe nous a apporté une recette », se souvient Joël Lemarcis, directeur adjoint de l'APEI de la région dieppoise, l'association qui gère l'ESAT et l'entreprise adaptée ainsi que 9 autres établissements et services. Depuis, le caramel de pommes est fabriqué tous les jours du lundi au jeudi. 105 à 115 pots par an, avec cette année, la création d'une nouvelle recette au sirop d'érable destinée à commémorer le débarquement canadien à Dieppe.

Mais l'ESAT propose bien d'autres ateliers à ses travailleurs. Mise en boîte de chocolats, menuiserie, reconditionnement, mais aussi assemblage de pièces… Il y en a pour toutes les capacités. « Nous avons beaucoup d'activités différentes. On ne fait donc rarement longtemps la même chose », explique le directeur adjoint. Sur chaque atelier, des modes opératoires détaillés sont construits pour accompagner au mieux les travailleurs et garantir un travail de qualité.

Une activité économique viable

La blanchisserie traite à elle seule 3 tonnes de linge par jour. Elle emploie 45 travailleurs encadrés par 5 personnes, avec des clients conséquents comme l'hôpital ou des EHPAD, mais aussi des industriels pour le nettoyage des tenues de travail. Alpine, notamment figure parmi la liste des clients. Pour la blanchisserie, mais aussi pour l'assemblage de pièces, avec un atelier qui est dédié à la marque.

Economiquement, « la blanchisserie, c'est un atelier sécurisé, sur lequel on est plutôt à refuser des contrats car on est en pleine capacité, se félicite Joël Lemarcis. Sinon pour les autres ateliers on répond à la demande des entreprises, mais on doit aussi démarcher. » Les contrats peuvent être de très courte durée, comme sur plusieurs années. « Bien sûr on essaie d'avoir des marchés qui courent sur toute l'année. Mais quand on a une période de creux, on travaille sur l'éducatif et sur les projets individuels des travailleurs », conclut le directeur adjoint. Depuis 2000, les Ateliers d’Eran sont certifiés ISO 9001 pour l’ensemble des activités économiques mais aussi pour l’accompagnement médico-social.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre