Ataneo développe un prototype pour les déchets

Issu de la rencontre fortuite entre deux passionnés de sciences, le projet de réalisation d’un process innovant dans le traitement des déchets de l’entreprise Ataneo est à un moment charnière. Après de longues années de recherches et d’études, les travaux pratiques vont commencer.

La question du recyclage serait-elle en passe de trouver une solution ? C’est peut-être ce qui sortira  d’un atelier au milieu des champs, à Téteghem, près de Dunkerque. Un ingénieur turc, un ancien dirigeant des cuisines Mobalpa à Dunkerque et un jeune ingénieur français forment l’équipe de l’entreprise Ataneo. Projet : faire entrer toute la gamme des déchets dans un process unique qui en ferait de l’énergie et récupérerait les substrats (notamment métalliques). Un process hautement valorisant pour tout type de déchets… Hassan Sigergok a travaillé sur la photoélectricité dans les années soixante-dix, et étudié l’astronomie et la chimie en Turquie. En France depuis 20 ans, il travaille à Pau quand il rencontre Paul Soet (qui travaille alors pour Mobalpa) : «Je l’ai rencontré dans un atelier de mécanique où il construisait des prototypes à la manière du professeur Tournesol» sourit le retraité. L’ingénieur turc dépose des brevets depuis 30 ans, souvent relatifs à la convergence des technologies. «Nous nous trouvons devant une véritable rupture technologique avec notre process», affirme Hassan Sigergok.

«C’est trop beau pour être vrai». L’ingénieur parle d’un traitement de tout résidu (à part le verre qu’il faut trier à l’entrée du process). Organiques, inorganiques (ordures ménagères, pneus, déchets hospitaliers, farines animales, boues d’épuration, résidus pétroliers et amiantés… «C’est une reconversion des matières à l’état initial. Notre énergie est produite par les déchets eux-mêmes. Notre procédé est basé sur l’utilisation de l’oxygène pur. On parle d’une thermo-oxy-combustion : c’est Terminator. Nous allons vers le dépôt d’un très gros brevet mondial», sourit-il. En circuit fermé, le processus ne présente aucun rejet. Il valorise le mâchefer et les déchets ultimes et récupère aussi les résidus gazeux. La production d’électricité serait «trois fois plus importante que dans les systèmes actuels» lit-on dans les documents d’Ataneo. «En France, ça ne marche pas pour l’instant. C’est trop beau pour être vrai», plaisante encore l’ingénieur. Mais, mi-mai dernier, des officiels turcs ont fait le déplacement à Téteghem pour procéder à d’autres tests. Eux y ont cru au point d’investir dans la construction d’une mini-usine pilote qui doit fonctionner début 2014. D’autres y croient aussi au vu des 2 millions d’euros déjà dépensés dans ce projet (Oséo, communauté urbaine de Dunkerque, Conseil régional, Feder, fonds privés…). Depuis fin juin, les experts de la Maison de la recherche en environnement industriel de Dunkerque (MREID) procèdent à des tests pour valider la rupture technologique. Le moment de vérité.

 

D.R.

A droite : Paul Soet et Hassan Sigergok, promoteurs d’une nouvelle manière d’éliminer et de valoriser les déchets.