Associations et entreprises font évoluer leurs relations
Bon gré, mal gré, entreprises et associations ne vivent plus dans des mondes séparés, et leurs démarches se rencontrent de plus en plus souvent. État des lieux des relations pas toujours simples et témoignages de fonctionnement, au récent Forum national des associations et fondations.
Associations et entreprises se regardent- elles toujours en chien de faïence ? Fin octobre, à Paris, au Forum national des associations et des fondations, une table ronde était consacrée aux interactions entre les associations, les fondations et les entreprises. «Pourquoi et comment s’allier pour faire avancer la société», s’interrogent les intervenants. Aujourd’hui, les relations entre ces acteurs «font encore débat, mais chacun est dans de meilleures dispositions. Et la palette d’outils pour travailler ensemble s’est considérablement développée», estime Charlotte Debray, déléguée générale de Fonda, laboratoire d’idées du monde associatif, qui a mené une étude auprès des associations, syndicats et entreprises au sujet de leurs relations. Parmi les outils «pour travailler ensemble», figurent, par exemple, le mécénat financier et de compétences, mais aussi «les relations commerciales dans une approche décomplexée », complète Charlotte Debray.
Palette d’interactions
Plusieurs témoignages montrent la diversité des relations qui se tissent entre ces différents acteurs. Les partenariats avec les entreprises «nous tirent vers le haut», considère Hervé Baulme, directeur général d’Écodair, structure qui réinsère des personnes en souffrance psychique par le travail. Ses salariés reconditionnent des ordinateurs usagés, ensuite redistribués à des personnes qui n’ont pas les moyens d’en acheter de neufs. Ces partenariats sont aussi noués avec le secteur public, dont Écodair reconditionne des parcs informatiques, notamment en Île-de-France. Autre témoignage, à l’Adive, on cherche des débouchés commerciaux pour les entreprises nées dans les quartiers enclavés. «Il n’est pas facile de convaincre les acheteurs des grandes entreprises de travailler avec de nouvelles entreprises», témoigne Majid El Jarroudi, créateur de l’Adive. Le partenariat avec Vinci Facilities, qui fournit des prestations de services liées aux bâtiments et à leurs occupants, comme des services d’accueil ou de sécurité, est donc particulièrement bien ciblé. Et l’entreprise s’y retrouve aussi . «Nous sommes poussés par des clients qui cherchent à avoir une démarche RSE», précise David Ernest, directeur du centre d’expertises chez Vinci Facilities.
Union autour de maigres ressources
Mais d’autres motivations président à ces liens resserrés entre associations et entreprises. En effet, le mécénat en France représente 3,5 milliards d’euros. «Un petit chiffre», commente Francis Charhon, directeur général de la Fondation de France, qui mène des programmes qui lui sont propres, abrite 715 fondations et soutient financièrement 8 500 projets. En fait, «Il n’y a plus assez de financement ; il faut faire des montages», explique Francis Charhon, qui agglomère différents acteurs au sein d’un même programme. Pour la Fondation de France, vu la faiblesse des fonds, «on ne peut agir qu’à la marge, donc, il faut agir là où cela peut faire des effets de levier», explique le responsable qui entend «favoriser la transformation sociale».Un autre type de mutualisation des ressources a été initié par la Fondation SNCF, très engagée notamment auprès des jeunes. «Il est important de soutenir des projets qui soient co-construits», estime Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation. C’est ainsi que cette dernière a approché le réseau national des maisons d’associations, qui regroupe 80 maisons, pour proposer des appels à projets qui demandent des réponses communes à plusieurs associations. Au bout de deux ans, le bilan est de 80 projets soutenus par 307 associations. Autre cas de figure encore, la démarche initiée par Pro Bono Lab qui a mis en place un dispositif de rencontres et de collaboration entre des petites associations qui manquent de certaines compétences précises en interne (informatique…) et des entreprises qui ont besoin de mobiliser leurs salariés. «Aujourd’hui, nous avons un partenariat avec vingt entreprises. En général ce sont des grandes mais aussi quelques petites», note Yoann Kassi-Vivier, fondateur de Pro Bono Lab.