Assistants MoDem: au tribunal, des souvenirs mais peu de traces du travail demandé
S'il existait des preuves du travail demandé, "tout a été détruit quand j'ai déménagé du Parlement" européen, a regretté mercredi, au procès des assistants parlementaires du MoDem, une ancienne eurodéputée soupçonnée d'avoir endossé...
S'il existait des preuves du travail demandé, "tout a été détruit quand j'ai déménagé du Parlement" européen, a regretté mercredi, au procès des assistants parlementaires du MoDem, une ancienne eurodéputée soupçonnée d'avoir endossé cet emploi au profit de son parti.
Jusqu'au 15 novembre, François Bayrou et dix cadres et élus centristes sont jugés à Paris, soupçonnés d'avoir rémunéré, entre 2005 et 2017 et grâce à des fonds européens, des assistants parlementaires qui travaillaient en fait pour l'UDF puis le MoDem.
Députée européenne entre 2004 et 2009, Anne Laperrouze, 64 ans, désormais retraitée, a été interrogée au troisième jour du procès sur l'une de ses assistantes, embauchée en CDI entre 2008 et la fin de son mandat au Parlement pour une rémunération totale de 58.436 euros.
Recrutée sans entretien d'embauche, elle était chargée de "trouver des salles, des conférenciers, établir des communiqués de presse ou des rapports de réunion", se souvient l'ancienne maire de Puylaurens (Tarn), qui avait entendu parler, au sein du parti, de son "profil expérimenté sur le secrétariat".
Or, durant l'enquête, cette collaboratrice a affirmé n'avoir jamais travaillé sous les ordres de l'eurodéputée - qu'elle croisait "de temps en temps au siège du parti" - mais "quasiment exclusivement" pour l'UDF/MoDem, où elle exerçait d'ailleurs au même moment en tant qu'assistante de direction auprès de François Bayrou.
Me Myriam Mayel, avocate de la défense, a précisé à l'audience que sa charge horaire pour cette fonction, qu'elle exerçait normalement à plein temps, avait été réduite sur la période où elle était l'assistante parlementaire de Mme Laperrouze.
Entre les deux femmes, il n'y a jamais eu réunion, ni d'échange direct. Tout était piloté à Paris par Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou, selon l'eurodéputée.
"Si la réunion démarrait à l'heure, avec les invités présents, ça voulait dire que le travail en amont avait bien été fait", a-t-elle avancé, ne pouvant toutefois apporter des documents à l'appui, format papier ou mails, "détruits" après son départ du Parlement européen.
Très heureuse de l'expérience
Bernard Lehideux, eurodéputé de 1998 à 1999 puis de 2004 à 2009, est également soupçonné d'avoir embauché entre 2005 et 2007 en CDD cette même assistante parlementaire (qui là aussi nie avoir exercé cette fonction), ainsi que deux autres en CDI pour un montant total de 70.147 euros.
L'une d'entre elles était une jeune militante de l'UDF, "sympathique et pleine d'énergie", s'est-il souvenu mercredi à la barre.
La lettre de démission de cette dernière, en 2007, mentionnait: "Je suis très heureuse de l'expérience professionnelle vécue à vos côtés", a rappelé le président à l'audience. Pourtant, selon les éléments de l'enquête, rien dans son ordinateur n'a pu témoigner d'une activité parlementaire auprès de M. Lehideux.
Elle a par ailleurs confié n'en n'avoir "pas le souvenir". Sur cette période, elle disait s'être essentiellement chargée de l'organisation des colloques de François Bayrou, puis s'être investie dans la campagne présidentielle de l'actuel maire de Pau.
Avant d'être embauchée, la troisième collaboratrice avait fait l'objet d'un échange par mail au sein du parti, lequel a été projeté sur grand écran dans la salle du tribunal.
Dans ce courriel était écrit: "Merci d'établir un contrat sur une des enveloppes disponibles d'un parlementaire européen pour (cette femme), pour un montant de 500 euros net".
Au cours de l'enquête, le juge a estimé que le parti avait souhaité "trouver un budget disponible" pour l'assistante recrutée.
Ce que Bernard Lehideux réfute. Il dit l'avoir personnellement sollicitée "pour sa plume", ajoutant: "Je suis un vieux briscard à qui on ne donne pas d'ordre".
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