Assises de Foix: la personnalité des meurtriers passée au crible

Le procès du double crime dont sont accusés une infirmière et son amant est entré vendredi à Foix (Ariège) dans l'examen de leurs personnalités, le tableau d'un homme sous influence, à la recherche de l'affection de...

Le palais de justice de Foix, en Ariège, le 17 novembre 2023 © Lionel BONAVENTURE
Le palais de justice de Foix, en Ariège, le 17 novembre 2023 © Lionel BONAVENTURE

Le procès du double crime dont sont accusés une infirmière et son amant est entré vendredi à Foix (Ariège) dans l'examen de leurs personnalités, le tableau d'un homme sous influence, à la recherche de l'affection de sa co-accusée, s'esquissant au gré des premiers témoignages.

Marie-José Montesinos, infirmière de 61 ans, et Jean-Paul Vidal, garagiste-cascadeur de 53 ans, sont accusés d'avoir assassiné en novembre 2017 l'ex-compagnon de la soignante, et d'avoir tué dans la foulée sa fille de 18 ans qui était présente par hasard lors du get-apens qu'ils avaient tendu au jardinier-paysagiste.

La cour d'assises de l'Ariège a débuté les six jours d'audience par les auditions des experts et témoins en mesure d'éclairer les jurés sur le parcours et la psychologie des deux accusés.

Pour Jean-Paul Vidal, la cour a entendu "l'incompréhension" et la "sidération" de ses collègues et amis lorsqu'ils ont appris les faits dont il était accusé.

Selon les éléments énumérés par une enquêtrice de personnalité, celui-ci était unanimement considéré comme "posé, tempéré, serviable, affectueux". Appliqué dans son travail, engagé dans des oeuvres bénévoles et père aimant, M. Vidal était aussi un homme qui "avait du mal à dire non, à s'opposer", qui fuyait les conflits, en recherche d'affection.

L'accusée "caricaturée

Auprès de Marie-José Montésinos, avec qui il a entretenu une relation extra-conjugale à trois reprises au cours des années 2010, il a confié au cours de l'enquête avoir trouvé quelqu'un qui lui accordait "de l'attention".

L'étude de la personnalité de celle-ci devait occuper la cour vendredi après-midi et dès l'ouverture du procès, son avocat, Me Laurent de Caunes, a émis "des réserves" quant à l'absence aux débats pour cause de congé maternité de l'experte chargée d'enquêter sur sa personnalité, "un élément essentiel de ce dossier" alors que celle-ci, selon lui, a été "caricaturée dans et en dehors du dossier".

M. Vidal et Mme Montesinos sont accusés d'avoir il y a six ans roué de coups avec des barres de fer le 30 novembre 2017, Christophe Orsaz, un jardinier-paysagiste de 46 ans, avant de le jeter, agonisant, dans une fosse septique. Ils lui avaient tendu un guet-apens en lui demandant de venir réaliser un devis pour un chantier, dans un hameau isolé d'Ariège, privé de réseau de téléphonie mobile. 

Témoin du crime, Célia Orsaz, fille du jardinier, est ensuite exécutée dans une forêt, d'un tir de fusil dans la tête. La voiture des Orsaz est ensuite incendiée et abandonnée quelques kilomètres plus loin au bord d'une route de montagne, à la limite du département de l'Aude.

Mante religieuse

Dans cette affaire des "disparus de Mirepoix", le bourg où résidait Christophe Orsaz, divers scénarios sont envisagés, jusqu'aux aveux de Jean-Paul Vidal durant sa garde à vue, sept mois plus tard.

Vidal, connu dans la région pour ses spectacles de cascadeur, admet avoir contacté la victime sous un faux nom en l'appelant avec un téléphone portable acheté pour l'occasion. Il dit avoir agi pour satisfaire les desseins de l'infirmière qui, selon l'accusation n'avait pas supporté que M. Orsaz la quitte.

"Il y a une forme d'influence, d'emprise ou de manipulation. M. Vidal c’est un peu le bras armé de Mme Montesinos. Il est responsable de ses actes, il n'entend pas se défausser", a assuré son avocat Mathieu Monfort. 

Acculée durant sa garde à vue, Marie-José Montesinos finira elle aussi par avouer. Selon son avocat, elle voulait en fait "donner une correction", "faire peur" à M. Orsaz mais elle "n'a jamais voulu" ni sa mort, ni celle de Célia, sa fille.

Il décrit sa cliente comme "une personne pleine d'angles, de fractures, de rugosités, en dépression permanente".

"C'est une mante religieuse", a déclaré à l'AFP en marge de l'audience, Xavier Orsaz, le frère de Christophe et l'oncle de Célia. "Je n'arrive pas à comprendre qu'il (M. Vidal) soit tombé dans le panneau comme ça".

Avouant ressentir "beaucoup de haine" envers les accusés, il a dit: "j'attends qu'ils soient punis le plus lourdement possible", je souhaite qu'ils finissent leur vie en prison étant donné l'âge qu'ils ont".

"Nous, on ne fera jamais le deuil, on y pense tous les jours (...) on vit avec ça et c'est le plus dur", a-t-il ajouté. 

Le verdict de la cour est attendu vendredi prochain.

elr/ap/dch   

343T7UJ