Assemblée: le RN cherche une victoire sur l'endométriose, ses adversaires une alternative
En ouvrant sa "niche" parlementaire avec une proposition de loi sur l'endométriose, le RN entend enfin décrocher une victoire parlementaire à l'Assemblée en acculant ses adversaires, qui s'interrogent sur la stratégie...
En ouvrant sa "niche" parlementaire avec une proposition de loi sur l'endométriose, le RN entend enfin décrocher une victoire parlementaire à l'Assemblée en acculant ses adversaires, qui s'interrogent sur la stratégie à adopter face à un texte consensuel.
Ces journées réservées aux groupes minoritaires à l'Assemblée ont souvent viré au casse-tête pour le gouvernement et le camp présidentiel, plusieurs fois battus en raison de leur majorité relative. Cette saison, les députés RN, qui avaient fait chou blanc l'an dernier, ouvriront le bal le 12 octobre dans l'hémicycle.
Et le groupe compte ouvrir la séance par une proposition particulièrement difficile à rejeter pour ses adversaires politiques : accorder aux femmes atteintes d'endométriose un statut d'affection longue durée (ALD) "exonérante", "totalement prise en charge par l'assurance maladie".
C'était "une des propositions centrales de Marine Le Pen" pendant la présidentielle 2022 insiste Jean-Philippe Tanguy, député auteur du texte. Mais la proposition avait aussi été portée par la députée LFI Clémentine Autain qui avait fait adopter une résolution à l'unanimité à l'Assemblée en janvier 2022.
"Le Rassemblement national est dans une stratégie de banalisation", a dénoncé lundi la patronne des députés écologistes Cyrielle Chatelain, au nom de l'alliance de gauche Nupes.
"On verra comment on réagit à cette niche mais en aucun cas (...) il n'y aura de position commune entre nous et le Rassemblement national", a-t-elle insisté.
Fustigeant une "opération grossière" du parti d'extrême droite pour "corriger son image", Clémentine Autain a appelé le ministre de la Santé Aurélien Rousseau à prendre un décret qui viendrait entériner les dispositions de sa résolution, avant l'examen du texte RN.
"Si ce décret arrive, tant mieux", répond Jean-Philippe Tanguy.
"La niche RN, c'est compliqué", reconnaît un député socialiste, qui espère aussi un décret du gouvernement. Dans le cas contraire "on va s'abstenir, jamais on donnera une victoire au RN", assure-t-il.
En attendant, la perspective de devoir se positionner sur ce texte agite le camp présidentiel à l'Assemblée.
Assange et EDF
La question a été soulevée lors d'une réunion du bureau du groupe lundi, avec plusieurs pistes avancées, comme réécrire le texte par amendements pour adopter une version différente, avec d'autres mesures demandées par les associations, ou tout simplement le rejeter. Le groupe doit aborder la question dans sa réunion hebdomadaire mardi prochain.
"On est bien content d'avoir parfois les voix du RN (...) on ne peut pas indéfiniment dire que ça ne marche que dans un sens", estime un autre député de la majorité.
"Je ne vote aucun texte du RN. Ca va être un peu pénible mais on a été solide lors des précédentes niches", tranche de son côté le député Renaissance Marc Ferracci.
"On n'est pas sectaire (...) on va examiner avec responsabilité ces textes", a déclaré de son côté en conférence de presse le président du groupe MoDem Jean-Paul Mattei.
"Il y a toujours des récupérations politiques", regrette Priscilla Saracco, directrice générale d'Endomind, une association française de lutte contre l'endométriose.
"L'ALD a un réel impact positif", insiste-t-elle, espérant une réaction du ministère. "C'est compliqué pour les malades de se retrouver derrière tout ce jargon politique et de comprendre pourquoi il n’y a toujours pas d'avancées concrètes".
Outre l'endométriose, les députés RN ambitionnent de décrocher des succès sur une résolution pour accorder l'asile politique à Julian Assange, également demandée par des députés Nupes, ou sur la suppression dès 2024 de l'Arenh, mécanisme qui contraint EDF à vendre de l'électricité à bas prix à ses concurrents, demandée par des députés de plusieurs bords.
Une victoire sur n'importe quel texte serait un évènement, l'Assemblée ayant jusqu'ici toujours rejeté les textes RN.
"A part quelques individus courageux, nous pouvons craindre un nouveau sectarisme qui nous laisse songeur", a toutefois tempéré Jean-Philippe Tanguy mardi, estimant que le plus "important" était que cela soit "sévèrement condamné par les Français dans tous les sondages".
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