Assassinat de Narumi Kurosaki : peine confirmée en appel pour Nicolas Zepeda

Nicolas Zepeda n'a pas réussi à convaincre : en dépit de ses dénégations et comme en première instance, le Chilien a été condamné jeudi en appel à 28 ans de réclusion par la cour d'assises de la Haute-Saône pour l'assassinat de son...

Ce croquis d'audience montre Nicolas Zepeda après ses derniers mots devant la cour d'assises de la Haute-Saône, le 21 décembre 2023 à Vesoul © Benoit PEYRUCQ
Ce croquis d'audience montre Nicolas Zepeda après ses derniers mots devant la cour d'assises de la Haute-Saône, le 21 décembre 2023 à Vesoul © Benoit PEYRUCQ

Nicolas Zepeda n'a pas réussi à convaincre : en dépit de ses dénégations et comme en première instance, le Chilien a été condamné jeudi en appel à 28 ans de réclusion par la cour d'assises de la Haute-Saône pour l'assassinat de son ancienne petite amie Narumi Kurosaki à Besançon en 2016.

Sa défense a immédiatement annoncé un pourvoi en cassation.

Le Chilien de 33 ans, qui a toujours nié avoir tué l'étudiante japonaise de 21 ans malgré les nombreux éléments à charge, a plongé la tête dans ses mains à l'énoncé du verdict.

Rendu après environ cinq heures de délibéré dans une salle des assises bondée, il met un point final à un procès hors norme, organisé durant presque trois semaines sur trois continents, avec des témoins entendus en visioconférence depuis le Chili, le Japon et le Royaume-Uni et qui a mobilisé six traducteurs en espagnol et en japonais. Il avait été labellisé "Grand Procès" par le ministère de la Justice qui lui a alloué d'importants moyens.

Prostré, recroquevillé sur son banc, Nicolas Zepeda a semblé en larmes, réconforté par un de ses avocats, Sylvain Cormier, puis par son père.

Jour triste

C'est "un jour triste pour les deux familles mais c'est aussi un jour triste pour la justice française" qui a condamné "un innocent", a réagi auprès de l'AFP Humberto Zepeda, qui a toujours cru en l'innocence de son fils. "Le poids médiatique et politique a été plus important que le poids des preuves."

Avec sa femme, il n'a pas assisté au prononcé du verdict.

"La justice française peut être particulièrement fière" de ce procès et du délibéré, a estimé au contraire l'avocat général, Etienne Manteaux, qui avait requis la perpétuité.

"Je ne suis pas un assassin!", avait clamé ce fils de bonne famille, ancien étudiant en économie, dans ses derniers mots à la cour jeudi matin. "Je n'ai pas tué Narumi".

En dépit des efforts de ses avocats, la cour a estimé que le Chilien, souvent empêtré dans ses contradictions, avait volontairement donné la mort et prémédité son geste.

Les jurés ont suivi le scénario proposé par M. Manteaux : Nicolas Zepeda, extradé du Chili en juillet 2020, a commis un crime de "possession" enraciné dans un orgueil de "mâle blessé" qui n'a pas supporté d'être éconduit par Narumi.

Cette dernière, étudiante brillante qui avait décidé de faire des études à Besançon, ne supportait plus le "contrôle" qu'il lui imposait, elle avait rompu et entamé une nouvelle relation avec un étudiant français, Arthur Del Piccolo. Partie civile au procès, il fut son dernier petit ami.

Nicolas Zepeda a alors traversé l'Atlantique depuis le Chili pour renouer avec elle. En cas d'échec, il était prêt à la tuer, selon l'avocat général.

Sans pouvoir détailler précisément les faits, ce dernier avait avancé le scénario suivant : dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, dans la chambre universitaire de Narumi, Nicolas Zepeda a sans doute "étouffé" ou "étranglé" la jeune femme qui avait manifestement refusé de reprendre le fil de leur relation.

Il s'est ensuite débarrassé du corps dans une zone boisée où il avait fait des repérages auparavant. "Un féminicide", avait soutenu M. Manteaux.

Une fois sa peine de réclusion achevée, Nicolas Zepeda sera interdit de revenir sur le territoire français.

Secrets

"Est-ce qu'on peut condamner dans le doute, sans savoir comment une victime est décédée? Je pense que non", a déclaré Sylvain Cormier, l'un des avocats de la défense qui, outre la cassation, envisage un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.

"C'est une déception", a concédé son collègue, Renaud Portejoie, qui nourrit l'espoir d'un "vrai débat" devant la Cour de cassation. "L'affaire Zepeda n'est pas finie", a-t-il affirmé.

"La cour d'assises a tranché, Narumi Kurosaki, même si son corps n'est plus là, même si on ne l'a pas retrouvée" a bien été assassinée par Nicolas Zepeda, s'est félicité Randall Schwerdorffer, l'avocat d'Arthur Del Piccolo.

Conseil de la famille de Narumi, Sylvie Galley a elle évoqué "un verdict satisfaisant". "Malheureusement, Nicolas Zepeda repart avec ses secrets". "La famille (de Narumi) est convaincue qu'il a conservé une partie de l'âme de Narumi avec lui".

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