Tourisme

Art et ruralité : l’équation réussie et exemplaire meusienne…

Découvrir l’art contemporain au détour d’une promenade, c’est la promesse faite depuis vingt-sept ans par le Vent des forêts, association meusienne, qui accueille des artistes d’aujourd’hui en résidence. 150 œuvres sont actuellement disséminées au cœur de 5 000 hectares de forêts. Expérience inédite garantie.

© Benjamin Prost -L'oeuvre disséminée dans la forêt
© Benjamin Prost -L'oeuvre disséminée dans la forêt

Progresser dans des sentiers, au calme et à l’ombre des arbres et se retrouver face à un abri artificiel tout en transparence orné de bas-relief païens, de moulures et de frises déformées évoquant un monde aquatique, poursuivre son chemin et s’arrêter devant des sculptures faites à partir des branches d’un chêne tombé en forêt de Marcaudieu et d’un feutre teinté avec l’écorce de l’arbre. Arriver dans une clairière et apercevoir un château rose girly, fabriqué à partir de tressages de grillages. Elles sont actuellement 150 œuvres d’art réalisées et exposées au cœur d’un territoire d’expérimentation de 5 000 hectares de forêts. Pour les admirer, il suffira au visiteur de se munir d’une paire de baskets et d’arpenter un des sept parcours balisés. Au total, 45 kilomètres de sentiers sont accessibles, que ce soient le plus familial avec trois km pour 12 œuvres jusqu’au plus long pour les marcheurs aguerris avec 14 km et 55 repères culturels. De l’acier, du bois, du plexiglas, du laiton, de la toile de parachute, de la mousse expansive, des briques d’argile cuites… la liste des matériaux de ces œuvres semble infinie, à l’image du profil des artistes venus en résidence en Meuse. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de ce lieu culturel atypique et pionnier qui sait faire rimer ruralité avec culture contemporaine.

La forêt comme cadre de création

Le point de départ de chaque œuvre, c’est l’invitation lancée par Pascal Yonet, le directeur artistique qui sélectionne des artistes d’aujourd’hui. Ils vivent tous de leur art, certains ont fait les beaux-arts quand d’autres sont totalement autodidactes. Ils viennent du Japon, d’Afrique ou d’Europe et tous arrivent sans projet préétabli. Ils vont créer en Meuse, inspirés par la rencontre des contextes ; celui de l’agriculture, de la ruralité, de la géologie… Tous ont toutefois un point commun : ce sont des globetrotters qui vont poser leur regard et leur valise pour plusieurs semaines ou mois chez l’habitant. Dans leur processus créatif, ils sont accompagnés par une équipe qui met à disposition l’ingénierie et les collaborations grâce à un solide ancrage local et autant de partenariats avec des professionnels qui maîtrisent des savoir-faire et des process. À l’antipode d’un musée classique, le Vent des forêts labellisé centre d’art contemporain d’intérêt national a su devenir une référence, le marqueur aussi de la complexité et du millefeuille des parties prenantes de la vie des villages : élus, habitants, chasseurs, bénévoles… qui ensemble ont su se fédérer, foisonnant de libertés, pour redonner de l’espérance, de la fierté et de la bonhommie à la ruralité.

Par Alexandra MARQUET

La maison Vent des forêts

Propriétaire d’une ancienne ferme de 1 300 m2 composée de quatre granges, l’association a engagé des travaux de réhabilitation qui doivent se terminer en 2027. La première tranche vient de se terminer avec près de 530 000 euros investis. L’enjeu est de créer un lieu d’accueil des visiteurs mais également des espaces de stockage, de création et de réunion. Le chantier qui marque «un tournant» pour l’association doit se poursuivre avec deux autres tranches programmées.