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Arketeam entre dans l’ère des «spégiciels»...

Cyberattaque virulente en juin dernier juste après les conséquences de la crise sanitaire et des confinements ! Des événements délicats, violents mais également des sources d’enseignement pour Arketeam, groupe lorrain spécialiste de l’information de gestion adaptée aux usages et métiers. Dans un marché tendu, le groupe piloté par Laurent Pasquier affiche tout de même pour 2020 une croissance de 14 % et un CA cumulé de plus de 9 M€ grâce, notamment, au rachat en septembre 2019 de la société francilienne AddenDa Software. La TPE des débuts a réussi sa mutation en PME en faisant face à l’adversité.

«Il faut «progicialiser» même ce qui est spécifique. Industrialiser nos offres est nécessaire pour faciliter notre développement», assure Laurent Pasquier, président d’Arketeam.
«Il faut «progicialiser» même ce qui est spécifique. Industrialiser nos offres est nécessaire pour faciliter notre développement», assure Laurent Pasquier, président d’Arketeam.

Des «spégiciels», comprenez des progiciels adaptés à des domaines spécifiques voire uniques ! Fer de lance affiché aujourd’hui de Laurent Pasquier, le président d’Arketeam, groupe lorrain spécialiste de l’informatique de gestion adaptée aux usagers et métiers. «Il faut «progicialiser» même ce qui est spécifique. Industrialiser nos offres est nécessaire pour faciliter notre développement», assure le cocréateur (avec Gilles Collin) d’Arketeam en 2008 dans les locaux du siège du groupe rue du Bois de la Champelle sur le Technopôle de Brabois. Exemple typique mis en avant : son produit Net Facturation, «un progiciel permettant de faire de la facturation de masse même complexe.» Un recentrage, une adaptation des axes stratégiques liées à la taille aujourd’hui du groupe lorrain. Une centaine de collaborateurs (dont une grande majorité d’ingénieurs et consultants), une présence sur trois sites Nancy, Nantes et Lille ciblés sur trois pôles d’activité (conseil et expertise métiers, un pôle Date base Expertise technique pour sécuriser les données et un pôle développement de progiciels permettant de dématérialiser et d’optimiser les processus de gestion) et un ancrage réel en région parisienne avec le rachat en septembre 2019 d’AddenDa Software, éditeur de solutions dédiées aux responsables de l’environnement de travail et d’autres pour les services financiers, en totale perdition à l’époque. «Cette acquisition, nous a permis de créer Arketeam Île-de-France qui est une société fille à part entière du groupe. Être ancré à Paris est important dans le cadre de la continuité de développement. Nous avons pu ainsi prendre de la hauteur et faire face aux demandes de digitalisation des organisations.» Reprise en co-construction totale et non pas pour simplement reprendre ses produits et son portefeuille client, l’entreprise francilienne est aujourd’hui de nouveau sur les rails.


Cyberattaque en juin

«En seize mois, nous avons relancé l’entreprise et elle dégage dorénavant des résultats positifs.» Quelques mois après, la Covid-19 faisait son apparition. «L’épidémie, la crise sanitaire et ses conséquences ont confirmé l’importance de la dématérialisation des processus avec toute la problématique de la sécurité liée à la généralisation du travail en home office.» À l’instar de l’ensemble des entreprises, le groupe lorrain s’adapte, peut-être plus rapidement que d’autres, car baignant dans cet univers. «La période a été difficile mais la mobilisation des équipes a permis de faire face.» Arketeam contracte un PGE (Prêt garanti par l’État) à hauteur de 1,5 M€. «Nous ne l’avons pas consommé.» Avec l’ensemble de ses quatre sites, Arketeam affiche une croissance en 2020 de + 14 % et passe de 6,2 M € de CA en cumulé à 9,4 M€. 2021 s’affichait comme bien engagée ! «En juin, nous subissons une cyberattaque ! Cela a été ultra-violent. Pendant plusieurs semaines, vous ne dormez que trois heures par nuit. Du jour au lendemain, vous n’avez plus accès à rien !» Dépôt de plainte, alerte de la CNIL, cellule de crise, mesures d’urgence, mobilisation d’un cabinet de cybersécurité, mise en place rapide d’un cloud privé. «Sur nos 450 clients, tout le monde a compris, seuls deux n’ont pas suivi.» Aujourd’hui, tout est entré dans l’ordre. Une expérience que Laurent Pasquier entend faire partager, notamment, à ses clients en «organisant des rencontres sur un format de deux jours pour faire partager ce que nous avons vécu et surtout voir ce qu’il faut réellement mettre en place. La question pour les entreprises, et toutes les formes de structures et d’organisation, n’est pas de savoir si vous allez être touché par une cyberattaque mais c’est savoir quand ?» Face à l’adversité, le groupe lorrain a pu compter sur la grande majorité de ses équipes. «Ce genre de situation, c’est riche humainement parlant ! Aujourd’hui, nous avons encore réhaussé notre niveau d’exigence», Laurent Pasquier cite Nelson Mandela : «je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends !» Là, l’apprentissage a été optimal...