Arc France : la culture du tourisme industriel

Depuis de nombreuses années, Arc France ouvre les portes de son usine. Le plus grand site de production verrière dans le monde accueille entre 15 000 et 20 000 visiteurs par an. Visite guidée du huitième plus grand site français industriel.

Trois millions de pièces par jour sont produites actuellement, soit 70 pièces à la seconde. (© Arc International)
Trois millions de pièces par jour sont produites actuellement, soit 70 pièces à la seconde. (© Arc International)

Arc France, leader mondial des arts de la table, ouvre les portes de son site d’Arques depuis de nombreuses années. Faire visiter son usine est même devenu une véritable tradition pour Arc France qui a ainsi créé en 1998 son propre service tourisme. Mais auparavant, la famille Durand, propriétaire de l’entreprise pendant plus d’un siècle, avait pour habitude de recevoir les familles des employés pour leur faire découvrir les lieux. Une façon pour l'entreprise de partager son passé et de faire découvrir ses procédés de fabrication au grand public. L’entreprise est aujourd’hui un lieu régional et national du tourisme industriel.

Aujourd’hui, ce sont 15 000 à 20 000 personnes qui sont accueillies annuellement, dans le respect des protocoles sanitaires. «Les visites ont lieu tous les jours de la semaine, et nous accueillons principalement du public individuel, des familles, sachant que le site est accessible à partir de 8 ans», souligne Aurélie Bronet, responsable tourisme industriel. Les guides ont souvent occupé des postes d’employés de la production. Ils connaissent ainsi parfaitement le procédé de fabrication. A l’image de Dominique Gilles, 41 ans d’ancienneté dans l’entreprise, qui assure la visite du jour. Une visite qui débute par la présentation de l’usine, la méthode de fabrication et une vidéo, avant d’accéder au site de production qui révèle le travail exceptionnel de la verrerie d’Arc France.

Arc veut poursuivre le développement du tourisme industriel. (© Arc International)

Presque deux cents ans d’histoire

Créée en 1825, la verrerie cristallerie d’Arques est reprise en 1900 par Georges Durand. Elle connaît une première évolution de taille en 1930. Cette véritable mutation est due à Jacques, le fils de Georges Durand, qui s’est rendu aux Etats-Unis pour étudier les verreries américaines, équipées de fours à bassin et de machines automatiques. Sous son impulsion, la cristallerie adopte ces technologies, s’équipe peu à peu de machines qui améliorent la production et la qualité en préservant la créativité verrière.

En 2015, Arc perd son dernier dirigeant issu de la famille Durand, Philippe Durand, qui décède à l’âge de 57 ans. La décision est prise d’ouvrir le capital familial alors que l’entreprise traverse une période difficile. Le choix se porte sur un fonds d’investissement, également familial, dirigé par Dick Cashin, qui injecte 58 millions d’euros. En 2018, Dick Cashin nomme son beau-fils, Nicholas Hodler, président-directeur général d’Arc France et international, toujours en exercice.

Dix fours qui fonctionnent sans interruption

La visite se poursuit sur le site même de production. L’occasion de découvrir les dix fours couvrant la production de la gamme de cinq marques : Luminarc, Arcopal, Cristal d’Arques, Arcoroc, Chef et Sommelier, ainsi que les marques distributeurs, dont Ikéa, le premier client professionnel. Trois millions de pièces par jour sont produites actuellement, soit 70 pièces à la seconde ! Une production ensuite distribuée dans 160 pays.

Les fours fonctionnent 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, avec trois équipes postées par deux jours et quatre jours de repos ; 300 ouvriers sont attachés au fonctionnement des fours sur un total de 4 500 employés sur le site et 500 employés en CDD et intérimaires. L’ensemble de la fabrication des pièces est réalisé à Arques. Chaque unité de four dispose de son atelier d’usinage des moules en fonte et inox permettant la fabrication des produits verriers.

Une scénographie sur le site de production

La matière première utilisée est composée de 70% de sable, 15% de soude, 10% de chaux, 5% d’additifs suivant le type de produit souhaité. Le sable provient de Maasmechelen en Belgique. Sa faible teneur en fer assure une meilleure qualité de verre.

A cette matière première est ajouté, à hauteur de 20%, du verre cassé, appelé groisil, qui permet de baisser la température des fours. La fusion plus rapide de la matière se fait ainsi à 1 500°C, soit une baisse de 300°C. Pour son fonctionnement quotidien, l’usine consomme 600 000 mètres cubes de gaz.

Aujourd’hui, Arc veut poursuivre le développement du tourisme industriel. Plusieurs axes de travail sont développés. «La scénographie, c’est cette partie que nous sommes en train d’aménager sur le site de production, nous améliorons aussi le visuel de nos panneaux…» complète Aurélie Bronet. Une réflexion est également menée sur la création d’un nouveau musée : «Un musée existait depuis très longtemps, mais nous avons malheureusement dû le fermer», explique la responsable tourisme industriel.


Reprise d’activité et recrutements en perspective

Impacté par la crise sanitaire, le groupe Arc annonce un chiffre d’affaires, fin 2020, de 688 millions d’euros (dont 393 millions d’euros pour la partie Europe), contre 811 millions d’euros en 2019. Cependant, la reprise se profile en 2021, les commandes sont en hausse dans tous les secteurs et les fours fonctionnent à plus de 90%. Le Groupe Arc estime ainsi atteindre cette année un chiffre d’affaires de 440 millions d’euros pour la zone Europe. Arc France enregistre 250 à 300 départs en retraite en 2021, ce qui amène la société à lancer une campagne de recrutement, avec notamment 350 postes à pourvoir cette année.