Dominique Garnier, président du comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française
«Les banques régionales sont solides»
Après une année 2022 jugée comme quasi historique en termes de résultats, les organismes bancaires de la région s’attendent à une autre donne pour l’année en cours du fait de la conjoncture actuelle et certaines inconnues notamment sur la sphère internationale. Entre inflation, hausse des taux, investissement des entreprises en recul un cap délicat à franchir mais loin d’être insurmontable. Le point avec Dominique Garnier, le président du comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française.
Dans le climat conjoncturel que l’on connaît et par rapport à certains épisodes plus qu’inquiétants pour certaines banques étrangères, certains analystes évoquent même la possibilité d’une crise financière en provenance des États-Unis, les banques régionales sont-elles solides ?
Dominique Garnier : Il faut comparer ce qui est comparable ! La notion de crise financière à venir que certains peuvent évoquer, je n’y crois pas un seul instant ! Oui, les banques françaises et les banques régionales sont solides. Elles ont la capacité à absorber les chocs conjoncturels et les risques et surtout les anticiper pour y faire face. Elles peuvent continuer à accompagner et à prémunir leurs clients aussi bien professionnels que particuliers. L’an passé, l’ensemble des banques régionales a bouclé l’exercice 2022 avec des résultats quasi historiques. Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir sur le système bancaire français même si aujourd’hui il y a un cap à franchir un peu délicat.
La hausse des taux, aussi bien réglementés que de marchés, inquiètent fortement. La situation va-t-elle perdurer ?
Cette hausse des taux est surtout le fait de la volonté des banques centrales de lutter contre une inflation jugée galopante. L’évolution des taux va avoir un impact certain sur la situation économique globale et naturellement sur les comptes de résultat des banques. Conséquence directe pour les banques, le coût de la collecte et le coût des refinancements se sont retrouvés dès le début de l’année 2022 à être durablement supérieures au prix des crédits dont l’augmentation ne peut être que progressive, d’autant plus pour ce qui est des crédits immobiliers encadrés par l’usure. C’est dans ce secteur spécifique de l’immobilier que les plus importantes interrogations se posent. Les taux vont continuer à monter encore pendant un certain temps. Mais à y regarder de plus près, c’est quasiment une phase de rééquilibrage après des années de taux extrêmement bas. Il y a à peine une dizaine d’années, les taux que nous connaissons actuellement étaient quasiment la norme.
Les PGE (Prêts garantis par l’État) ont été fortement sollicités par les entreprises à l’occasion de la crise sanitaire, certaines inquiétudes étaient présentes sur le fait de leur remboursement. Leur remboursement s’effectue-il dans la région ?
Le remboursement de cette typologie de prêts s’opère progressivement dans une grande majorité des cas. Il est notable que des dossiers entrent aujourd’hui en contentieux. Les difficultés et les entrées en contentieux ont retrouvé leur niveau de 2019. Ce qui n’a rien d’exceptionnel, ni d’alarmant.
Les entreprises régionales continuent-t-elles d’investir ?
L’an passé les crédits d’équipements étaient en forte hausse. Depuis le début de l’année, nous commençons à ressentir un ralentissement sur l’investissement des entreprises, des prémices avaient déjà été enregistrées à la fin 2022. Il y a moins de volume de crédits. Au niveau régional, la Fédération bancaire française est en lien direct et constant avec l’écosystème économique et entrepreneurial pour prendre le pouls de l’activité et ainsi pouvoir anticiper les éventuelles problématiques à venir que les chefs d’entreprise nous font remonter. Quand l’économie régionale va bien, les banques régionales se portent bien.