Après Macron, Attal au Salon de l'Agriculture dans le calme, sur fond de campagne contre le RN

Entre verre de lait et gorgées de rhum, Gabriel Attal a arpenté mardi le Salon de l'agriculture dans un calme qui contrastait avec le tumulte de son inauguration par Emmanuel Macron, sur fond de campagne...

 © Louis SIBILLE
© Louis SIBILLE

Entre verre de lait et gorgées de rhum, Gabriel Attal a arpenté mardi le Salon de l'agriculture dans un calme qui contrastait avec le tumulte de son inauguration par Emmanuel Macron, sur fond de campagne contre l'extrême droite en vue des élections européennes.

Le Premier ministre est resté de 07h00 à 19h45 Porte de Versailles, une longue visite interrompue durant l'après-midi par la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée.

Le climat était bien différent de celle du président samedi: une inauguration du Salon retardée, des huées d'agriculteurs en colère et une très forte présence policière.

"La politique que je porte, les engagements que j'ai pris (...) ce sont mes engagements, mes mesures mais aussi celles du président de la République. On agit ensemble. Et c'est grâce au président de la République qu'on a obtenu beaucoup d'avancées au niveau européen", a tempéré Gabriel Attal.

Sur le plan politique, le message était le même, résolument tourné contre le RN.

A peine arrivé, après avoir levé un verre de lait devant la traite des vaches, M. Attal a d'emblée accusé, sur la radio RTL, les responsables du Rassemblement national d'être les "passagers clandestins" de la crise agricole qui "instrumentalisent" la "détresse" des agriculteurs, pointant leur "incohérence absolue".

Le chef du gouvernement a ensuite rencontré sans la presse les syndicats agricoles puis petit-déjeuné avec les filières professionnelles, avant de déambuler dans les stands des éleveurs, de l'Outre-mer et des équidés.

Dans l'après-midi, il s'est notamment attardé sur le stand de la région Occitanie, accompagnée de la présidente socialiste de la région, Carole Delga. Il s'est ensuite rendu aux stands pour échanger avec les représentants de différentes filières (céréales, fruits et légumes, spiritueux, vins, brasseurs) avant de s'éclipser pour cause de dîner d'Etat à l'Elysée avec l'Emir du Qatar.

-"Dans le bon sens"-

Les agriculteurs "me disent que les mesures prises vont dans le bon sens", a affirmé Gabriel Attal, "mais qu'il faut qu'elles puissent maintenant être vécues de manière palpable et tangible dans leur vie quotidienne". 

Notamment sur les questions de trésorerie, centrales pour les agriculteurs en difficulté. "Des engagements très concrets ont été pris par les banques" ce mardi, a tenu à rassurer le Premier ministre, notamment concernant les reports ou des étalements d'annuités.

Seuls quelques cris de "Marine Le Pen présidente" ou de "Frexit" ont émaillé sa visite à la vache égérie Oreillette, dont il a observé le "calme" dans le brouhaha du Salon.

Gabriel Attal venait tout juste de quitter le Hall 1 de l'élevage quand des manifestants de la Confédération paysanne ont investi brièvement le stand du géant laitier Lactalis pour réclamer une meilleure rémunération de leur production, a constaté une journaliste de l'AFP.

Dans l'après-midi, de faux avis de recherche où figuraient les logos de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) d'Ile-de-France, ont été placardés sur les portes du Hall 2 mettant en cause les conseillers de l'Elysée Benoît Faraco et Mathias Ginet, ainsi que l'eurodéputé Renaissance Pascal Canfin, décrits comme des "incompétents" et des "nuisibles".

La colère des agriculteurs a été attisée par l'idée - attribuée à ces conseillers - du chef de l'Etat d'organiser au Salon un grand débat, pour lequel a été évoquée une invitation du collectif écologiste Soulèvements de la Terre.

Le Premier ministre a de son côté reçu à plusieurs reprises les syndicats agricoles et formulé trois salves de mesures, sans pleinement convaincre la profession malgré la levée des blocages.

Passe d'armes avec Le Pen

Dans les allées, un éleveur laitier qui avait participé au blocage de l'A7 l'a appelé à ne pas user de "mots provocateurs" comme le chef de l'Etat. Lors de la venue d'Emmanuel Macron samedi, il n'y avait selon lui "pas de gens extrêmes" mais "des gens extrêmement en colère".

"Il y a eu des scènes qui étaient inacceptables", lui a répondu le Premier ministre, avec "des personnes venues pour bordéliser".

L'exécutif est soucieux d'occuper le terrain et d'effacer les images inédites de l'ouverture chaotique du Salon, où le président a déambulé sans beaucoup de public et au prix d'une importante présence policière, sur fond d'une crise agricole installée depuis plus d'un mois.

Désireux de sortir de ces tensions, Emmanuel Macron a choisi d'évoquer les élections européennes et de pilonner le RN qui fait la course largement en tête dans les sondages face à une Macronie à la peine.

Gabriel Attal a repris le flambeau mardi, accusant Marine Le Pen et Jordan Bardella de venir "butiner sur cette crise" alors qu'en 40 ans de Parlement européen, le RN n'a "absolument rien fait, rien proposé" et montré "une incohérence absolue" en votant alternativement pour ou contre la Politique agricole commune (PAC).

A l'Assemblée, le chef du gouvernement a répondu à Marine Le Pen sur l'Ukraine, avec qui il a eu une passe d'armes.

Pour la cheffe de file des députés RN, Emmanuel Macron "a franchi un pas vers la co-belligérance" en affirmant qu'il n'excluait pas l'envoi de troupes occidentales en Ukraine. Une déclaration critiquée par plusieurs capitales occidentales.

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