Après la censure, le Nouveau Front populaire bouge-t-il encore?

La France insoumise a décrété son "interruption" après le refus du PS de voter la censure. Pourtant, le Nouveau Front populaire doit continuer, affirment Ecologistes et communistes, qui s'opposent à toute exclusion...

Jean-Luc Mélenchon le 23 janvier 2025, à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne © STEPHANE DE SAKUTIN
Jean-Luc Mélenchon le 23 janvier 2025, à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne © STEPHANE DE SAKUTIN

La France insoumise a décrété son "interruption" après le refus du PS de voter la censure. Pourtant, le Nouveau Front populaire doit continuer, affirment Ecologistes et communistes, qui s'opposent à toute exclusion des socialistes et appellent à la "désescalade".

Construite dans l'urgence, en quatre jours, pour contrer l'extrême droite après la dissolution de l'Assemblée en juin dernier, l'alliance de gauche n'a jamais été aussi proche de l'implosion. 

"Trahison", "déshonneur", "forfaiture": Depuis que le PS a fait le choix mercredi, au contraire du reste de la gauche, de ne pas voter la censure du gouvernement de François Bayrou sur le budget, La France insoumise a lancé l'assaut sur le parti d'Olivier Faure.

La formation de Jean-Luc Mélenchon a décrété que ce "soutien du gouvernement" ne pouvait plus faire partie de l'union, proposant à ses autres partenaires, PCF et Ecologistes, de l'isoler.  

Mais la diffusion sur X d'un visuel mettant sur le même plan le premier secrétaire du PS Olivier Faure et la cheffe des députés du Rassemblement national Marine Le Pen, - supprimé ensuite -  suscite l'indignation.

"Nos désaccords ne doivent pas se transformer en détestation", ont réagi députés écologistes et communistes dans un communiqué commun, jugeant "inadmissible une telle communication". 

Il n'y a pas "d’un côté +la gauche de la vocifération+ et de l’autre +la gauche de la trahison+", ajoutent-ils. 

Pas question en tout cas pour la cheffe des députés LFI Mathilde Panot de s'excuser, sauf si Olivier Faure fait de même sur la non-censure, a-t-elle indiqué sur BFMTV-RMC. 

- "surmontable" - 

De quoi envenimer encore les relations des meilleurs ennemis de la gauche, aux divergences stratégiques assumées, entre un PS qui défend une posture de parti de gouvernement, et une France insoumise adepte de la conflictualisation permanente. 

Les deux formations, qui s'étaient déjà écharpées durant la campagne des européennes, avaient mis un terme à la précédente union de la gauche, la Nupes, à la suite d'une série de désaccords, notamment après l'attaque du Hamas, le 7 octobre, contre Israël.

Cette fois, Olivier Faure assure que le NFP continuera à exister "tant qu'il y aura la volonté de battre l'extrême droite", répétant que Jean-Luc Mélenchon n'est "pas le chef du Nouveau front populaire" et ne peut donc exclure quiconque.

"Cette montée en tension est totalement contre-productive", alors que la majorité des électeurs de gauche appellent à préserver l'unité, déplore auprès de l'AFP le sénateur communiste Ian Brossat.

Il reconnait "une divergence d'appréciation" sur la censure avec le Parti socialiste, mais assure que l'idée d'un NFP sans le PS "n'est pas à l'ordre du jour".

Marine Tondelier le répète : "Le NFP, c'est quatre forces politiques. Si on l'étrique, si on enlève des gens, on perd".

Une position qui s'explique aussi par le fait que "se retrouver en tête à tête avec LFI, ne donne pas envie", admet un observateur de gauche. 

Et les Insoumis, qui sont dans une "stratégie présidentielle", "ne cherchent que des prétextes pour lancer la candidature de Jean-Luc Mélenchon et accuser tous les autres d'être des traitres", ajoute le même, alors qu'"il y a plus de risques de législatives anticipées que d'une présidentielle anticipée".

Même si les Insoumis ont menacé de présenter des candidats aux prochaines élections législatives face aux députés socialistes n'ayant pas voté la censure, le député Laurent Baumel ne se dit "pas vraiment inquiet".

"La première question qui sera posée à tous les appareils de gauche, c’est +est-ce que vous voulez préserver vos sortants+", dit-il, estimant que les députés LFI sont aussi dépendants de l'alliance que les socialistes. 

Et, les récents échecs électoraux de LFI - législative partielle en Isère, municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) - confortent l'idée que le parti de la gauche radicale ne peut à lui seul gagner des élections.

Marine Tondelier, qui joue depuis l'été le rôle de trait d'union, appelle à "la désescalade". "C'est surmontable, et on va devoir le surmonter".

caz/sde/ dch  

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