Après avoir réinventé la marine marchande, le breton Grain de Sail va s’implanter à Dunkerque
L’entreprise bretonne de fabrication de tablettes de chocolat et de torréfaction de café est parvenue en seulement quelques années à réaliser un pari un peu fou : faire venir plus de 50% de ses matières premières par un voilier-cargo transatlantique, le premier et le seul sous pavillon français. Aujourd’hui, le succès lui impose de financer la construction d’un deuxième voilier et d’implanter un nouveau site de production. C’est Dunkerque qui a été choisie.
L’aventure Grain de Sail a commencé en 2010 à Morlaix (Finistère). Les frères jumeaux, Jacques et Olivier Barreau, imaginent créer une entreprise de torréfaction de café et de fabrication de tablettes de chocolat bio en limitant au maximum les nuisances sur l’environnement inhérentes au transport des matières premières par voie maritime. Une seule solution, très audacieuse, s’impose alors : le transport par voilier-cargo. «Ce moyen de transport de fret longue distance à la voile n’existait pas. Il fallait tout inventer», précise Jacques Barreau. Afin de financer la construction du voilier, les deux frères commencent par implanter un site de production de torréfaction de café en 2013, puis une chocolaterie en 2016, avec transport des matières premières de manière conventionnelle. Rapidement, les produits vendus sous le label bio trouvent leur public et les points de vente de multiplient dans tout l’Ouest de la France. Ils sont 750 aujourd’hui. «En 2018, notre projet de départ se concrétise avec le lancement de la construction de notre premier voilier qui effectue sa première traversée transatlantique en novembre 2020», résume Jacques Barreau.
50% des matières premières livrées par voilier
Avec une dimension de 24 mètres et une capacité de transport de 50 tonnes, le voilier a déjà effectué deux boucles transatlantiques d’une durée de trois à quatre mois en utilisant les seuls sept litres de gasoil nécessaires aux manœuvres dans les ports, en 2020-2021. Il a ainsi importé depuis l’Amérique du Sud 69 tonnes de cacao et 760 kg de café, ce qui a permis à Grain de Sail de combler un peu plus de 50% de ses besoins en matières premières. «Le voilier est parti de Lorient (Morbihan) avec une cargaison totale sur les deux traversées de 23 000 bouteilles de vin français bio que nous exportons sur le marché américain à partir du port de New-York, puis il a rejoint les côtes d’Amérique du Sud pour être chargé en cacao et café avant de rentrer en Bretagne», précise Jacques Barreau.
Implantation à Dunkerque en 2023, une vingtaine d’emplois à la clé
Aujourd’hui, Grain de Sail réalise un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros et emploie 40 personnes, dont une partie en situation de handicap. L’entreprise a l’objectif de produire cette année 50 tonnes de café et 330 tonnes de chocolat. «Si nous souhaitons atteindre notre objectif de 100% de matières premières livrées par voilier, il nous en faut au moins un deuxième. Et pour le financer, il nous faut développer un nouveau site de production puisque c’est ainsi qu’est bâti notre modèle économique. Comme nous voulons désormais pénétrer le marché des Hauts-de-France et de l’Ile-de-France, il faut nous y implanter. Nous avons choisi Dunkerque, d’abord et logiquement pour ses infrastructures portuaires mais aussi pour l’accueil enthousiaste que nous y avons reçu de la part des pouvoirs publics», se satisfait le chef d’entreprise.
Ce deuxième navire sera deux fois plus long que le premier et aura une capacité de transport de 350 tonnes dans ses deux cales. Il devrait être terminé fin 2023, au moment où le site de production dunkerquois ouvrira ses portes, non loin des infrastructures portuaires. L’objectif de Grain de Sail est d’y produire 1 000 tonnes de chocolat par an et entre 50 et 100 tonnes de café. Pour ce faire, une vingtaine de salariés, dont une partie en situation de handicap, devrait être embauchée.