Apprendre l’écologie à tout âge
De plus en plus, les préoccupations des Français se concentrent sur la crise économique, et la pollution passe en arrière-plan. Le CESE plaide pour un renforcement de la sensibilisation et de l’éducation aux sujets écologiques tout au long de la vie et en s’appuyant sur tous les acteurs de la société.
En 2007, la pollution représentait un problème très important aux yeux de 65% des Français. Mais ce taux a chuté à 35% au début de l’année 2013, d’après le baromètre TNS Sofres, réalisé pour l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. C’est le chômage qui concentre toutes les attentions. Pourtant, l’urgence écologique est bien loin de décroître : d’après le rapport d’octobre 2013 du Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (le GIEC), l’augmentation de la température, résultant notamment de l’activité humaine, risque d’engendrer de multiples effets pervers, parmi lesquels l’extinction de milliers d’espèces de plantes et d’animaux. Tel est l’alarmant constat rapporté par l’avis du Conseil économique, social et environnemental, qui affirme la nécessité d’une éducation à l’écologie.
Un sujet qui a fait l’objet d’un avis du CESE, intitulé “L’éducation à l’environnement et au développement durable tout au long de la vie, pour la transition écologique”. Le document a été rendu public le 26 novembre 2013. Le CESE préconise plusieurs pistes d’amélioration des dispositifs existants, parmi lesquelles un “continuum éducatif” de l’éducation à l’environnement et au développement durable. Concrètement, il s’agirait non seulement de repenser la manière dont ce sujet est abordé à l’école, mais, en plus, de l’intégrer dans l’enseignement supérieur, “en lien avec les secteurs professionnels, en mettant l’accent sur les formations d’ingénieur ou de management, notamment”, précise le rapport. En complément, cette formation pourrait également être intégrée à la formation continue, dans le champ professionnel. En particulier, les organismes paritaires collecteurs agréés pourraient participer en sensibilisant les entreprises à cette problématique. Autre piste d’amélioration, l’information dans le champ de la consommation. Le CESE recommande de renforcer les informations relatives à la traçabilité sociale et environnementale des produits.
Conseils régionaux, PME et associations. Pour la méthode, c’est par une mobilisation des différents acteurs, privés, publics et associatifs, que le CESE préconise d’avancer. Exemple : un volet concernant le sujet de l’éducation à l’environnement pourrait être inséré dans tous les plans et schémas régionaux, nationaux et départementaux des politiques publiques. Et les dotations financières de l’Etat en faveur des politiques environnementales pourraient être conditionnées à la mise en place de ce volet. La société civile pourrait être également mobilisée, en valorisant un exercice responsable de la citoyenneté. Déjà, le projet “Mediaterre”, qui porte l’écologie dans les quartiers, a accueilli 20 000 volontaires en 2012, et en vise 100 000 d’ici 2017. A ce titre, le CESE recommande de faire de l’éducation à l’écologie l’une des missions prioritaires du Service civique, en réservant chaque année plusieurs milliers de missions à cette cause. Cette préconisation à mobiliser tous les acteurs de la société s’appuie sur un constat : aujourd’hui, ils sont nombreux à s’engager plus ou moins spontanément dans cette voie. Des TPE et PME emboîtent le pas aux grandes entreprises qui se sont investies dans une politique de responsabilité sociale et environnementale, par exemple en sensibilisant le management ou l’ensemble des salariés à ce sujet.
Collectivités locales et groupements de collectivités sont également engagés, via des documents stratégiques, d’orientation ou de planification. Certains sont volontaires, comme les Agendas 21. D’autres sont obligatoires, comme les “plans climat énergie”. Quant aux associations, elles ont joué un rôle “historique” dans l’éducation à l’environnement, rappelle l’avis du CESE. Elles sont nombreuses à s’être saisies de cette thématique : on y trouve des associations de protection de l’environnement, de développement local, de l’accès à la citoyenneté par la pratique des sciences, de l’éducation à l’environnement santé, de défense des consommateurs… Au niveau de l’Etat, les premières politiques publiques d’éducation à l’environnement datent de la fin des années soixante-dix.