Apprendre à mieux connaître ses vaches pour éviter l'accident

Il y a les meneuses, sûres d'elles, et il y a les soumises, plus introverties: à travers une formation dispensée en Auvergne, des éleveurs apprennent à déterminer le caractère de...

Des vaches lors d'une séance de formation en éthologie visant à mieux comprendre leur comportement au sein d'un troupeau, le 25 septembre 2023 à Saint-Germain-Laprade, en Haute-Loire © JEFF PACHOUD
Des vaches lors d'une séance de formation en éthologie visant à mieux comprendre leur comportement au sein d'un troupeau, le 25 septembre 2023 à Saint-Germain-Laprade, en Haute-Loire © JEFF PACHOUD

Il y a les meneuses, sûres d'elles, et il y a les soumises, plus introverties: à travers une formation dispensée en Auvergne, des éleveurs apprennent à déterminer le caractère de leurs vaches pour limiter le risque d'accident.

"Il y a quelques années, lors d'une vaccination, un broutard (jeune bovin destiné à la production de viande, NDLR) m'a chargée et envoyée contre un mur, j'ai été blessée à l'épaule", se souvient Fabienne Liotard. 

Cette éleveuse installée en bio à Saint-Germain-Laprade (Haute-Loire) est à la tête d'un troupeau de 120 limousines, vaches à viande, avec son époux et son fils. 

Pour éviter d'encaisser de nouveaux coups, elle participe en cette journée d'automne à une formation en éthologie proposée par la MSA Auvergne (mutuelle sociale agricole).

L'éthologie, plus souvent associée aux chevaux, est l'étude scientifique du comportement animal.

Bousculade, coups de cornes, coincement sur barrière, charge: le bovin est la première cause d'accident chez les éleveurs et le risque augmente lors des interventions comme les soins, le tri ou l'embarquement, explique Nadège Mallet, conseillère en prévention des risques professionnels à la MSA.

En France, tous élevages confondus, les animaux représentent 26,6% des accidents du travail chez les exploitants agricoles, selon la MSA. Et en Auvergne, terre d'élevage, les vaches sont impliquées dans 30,5% des accidents, souligne Nadège Mallet.

Quel est l'intérêt de disposer des brosses dans l'étable? Comment fonctionne la vision des vaches? Pourquoi refusent-elles de monter dans une bétaillère? Une matinée théorique a permis de répondre aux questions des éleveurs avant la mise en pratique l'après-midi.

Dans le vaste bâtiment agricole qui abrite les vaches de la famille Liotard, dix vêles, jeunes vaches de un an, ont été regroupées dans un parc pour l'expérience.

Pauline Garcia, comportementaliste animalière, avance lentement vers le troupeau pour ne pas effrayer les animaux -leur vision décompose les mouvements- et dispose devant eux plot de chantier ou oiseau géant en plastique.

"Les perceptions des bovins sont souvent opposées à celles des humains", explique-t-elle.

Curieuses, les vaches plus téméraires s'approchent de leurs nouveaux jouets pour les renifler, tandis que d'autres, plus méfiantes, restent en arrière.

-"Coeur du métier"-

L'exercice insolite doit permettre aux éleveurs de déterminer trois catégories de vaches: les dominantes, les meneuses et les soumises.

"Des animaux mieux identifiés, cela permet de faciliter la circulation des bovins par exemple", explique Nadège Mallet.

"Aujourd'hui, on apprend comment identifier le caractère de nos vaches, pour agir en fonction. Savoir que, toutes petites, certaines sont déjà dominantes ou soumises va nous aider dans le travail au quotidien. On peut comprendre les signaux qu'elles vont nous envoyer pour savoir comment interagir avec elles", témoigne Fabienne Liotard.

Le but de la formation "est d'améliorer le quotidien des éleveurs sur la ferme. 

Quand on comprend mieux les animaux, on gagne en qualité de travail, en sécurité, en santé et en plaisir", souligne à ses côtés Pauline Garcia, par ailleurs éleveuse dans le Cantal.

"Plus vous allez vous adapter à vos élèves -car je considère que ce sont des élèves- plus vous serez un bon prof. Vous aurez des animaux moins invasifs, moins brutaux", dit-elle à destination de son auditoire.

La comportementaliste leur montre également comment parvenir à brosser un jeune veau tout en lui distribuant une ration de nourriture, voire à le faire manger dans la main: "on rapproche l'animal de nous par un élément qui répond à un besoin primaire et cette action va être intégrée dans tout le quotidien de l'éleveur".

"On reprend la base, pour comprendre ce qui se joue dans le troupeau et les rapports sociaux à l'intérieur du troupeau. Les animaux et +comment je les élève+ c'est le coeur du métier de l'éleveur", souligne Nadège Mallet.

Mais, assure la conseillère, "loin de nous l'idée de leur apprendre à s'occuper de leurs vaches, simplement leur faire une piqûre de rappel sur des savoirs qu'ils ont eus mais qu'ils ont parfois oubliés".

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