Anne Lesur de l’Institut de Cancérologie de Lorraine : Une femme pour les femmes
Toute de rose vêtue, le docteur Anne Lesur annonce la couleur. En ce mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, elle est sur le pont nuit et jour ou presque. Médecin oncologue à l’institut de cancérologie de lorraine à Nancy, elle a fait du cancer du sein son combat. Ses patientes sont sa priorité. Elle les accompagne au-delà de leur guérison pour les rassurer, pour leur réapprendre à vivre, comme avant. Portrait d’une combattante où les mots ont autant d’importance que les maux.
Ce samedi matin, l’Institut de Cancérologie de Lorraine accueille des malades et des familles de patients. Le docteur Anne Lesur prend le temps de les écouter, de répondre à leurs questions tout en expliquant le fonctionnement du «Parcours Sein» qu’elle dirige depuis décembre 2014. «C’est un vrai travail d’équipe. Du diagnostic jusqu’à l’après cancer, nous prenons en charge la globalité du cheminement pour limiter les complexités administratives des patientes», explique Anne Lesur.
Priorité à l’humain
Le parcours de soins coordonnés, c’est son bébé, l’une de ses priorités. «Nous sommes là pour guérir la patiente mais aussi pour lui faciliter la vie», souligne-t-elle. Le discours peut surprendre chez un médecin. Mais Anne Lesur a de tout temps mis l’humain en avant. Elle a choisi cette voix pour «être utile aux autres». Originaire d’une famille d’ingénieurs et d’enseignants, elle s’est parfois heurtée à l’incompréhension de ses proches. Son diplôme de docteur en médecine en poche, elle ne s’arrête pas là. Elle enchaîne les spécialisations, quitte à en faire perdre leur latin ou plutôt leur grec, aux disciples d’Hippocrate. Brassens aurait pu lui murmurer à l’oreille : «les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux…»
Un parcours atypique
Médecin, gynécologue, cancérologue, chercheur, le docteur Lesur présente un CV atypique. «J’ai pu avoir un problème d’identité à un moment où l’on ne savait pas forcément dans quelle case me ranger», souligne-t-elle. Ses détracteurs, eux, car il y en a forcément, y voit une forme de dispersion. Si l’on ajoute à cela, le fait d’être une femme, plutôt jolie qui plus est, la carrière d’Anne Lesur n’a pas dû ressembler à un long fleuve tranquille. Mais d’un revers de la main, elle balaie la question pour éviter toute polémique. Elle concède bien avoir dû pousser quelques coups de gueule pour se faire entendre mais toujours dans le but d’améliorer le confort des patientes. «Je suis toujours là pour elles. Elles ont mon numéro de portable, mon adresse mail. Elles savent qu’elles peuvent me joindre à tout moment.»
Une passion grand format
Disponible 24 heures sur 24 pour ses malades, Anne Lesur n’en oublie pas sa famille pour autant. Deux de ses trois enfants ont décidé, eux aussi, de choisir une profession médicale. À aucun moment, elle n’a cherché à les en dissuader. Pour se ressourcer, une fois par an, elle se coupe de tout pendant trois semaines pour parcourir le monde avec pour unique bagage, un sac à dos et son indispensable appareil photo. Mais la médecine n’est jamais bien loin. Elle aide par exemple à mettre en place des structures de soins pour les femmes au Maghreb et au Liban, à la frontière syrienne. L’humanitaire pourrait être une seconde carrière pour elle. Pour le moment, il n’en est pas question. Anne Lesur se sent trop bien ici, au milieu de ses patientes.