Anizy-le-Grand : une nouvelle scierie qui valorise le bois local

Une nouvelle scierie est entrée en service à l'automne dernier à Anizy-le-Grand dans le Laonnois. «Forêt Vivante» lancée par Julien Kikel et Yvain Brochot, entend proposer un bois local et traçable, produit en respectant la biodiversité.

Yvain Brochot et Julien Kikel, fondateurs d'une nouvelle scierie à Anizy-le-Grand.
Yvain Brochot et Julien Kikel, fondateurs d'une nouvelle scierie à Anizy-le-Grand.

Une nouvelle petite scierie a fait son apparition ces derniers mois dans l'Aisne, la chose n'est pas si courante. Julien Kikel et Yvain Brochot tous deux amis, se sont associés pour créer «Forêt Vivante», une scierie assez novatrice puisqu'elle respecte des principes bien ancrés. «Le premier d'entre eux, c'est la localité, nous ne travaillons qu'avec des bois locaux, issus de la forêt de Picardie donc énormément en feuillus, on retrouve quatre essences principalement à savoir le chêne, le châtaigner, le frêne et le peuplier forestier, détaille Yvain Brochot, directeur de production et co-fondateur. L'autre principe, c'est la traçabilité, nous voulons pouvoir dire au consommateur final d'où vient le bois. Nous avons développé un système de suivi des bois jusqu'aux lames de terrasse, nous pouvons leur dire précisément que leur bois vient de la forêt de Saint-Gobain, par exemple.»

Du bois qui respecte la biodiversité

Le duo ne travaille pas n'importe quel type de bois puisqu'il souhaite du bois venant d'une gestion de forêt diversifiée, sans coupe à blanc, maintenant un couvert forestier. «Nous travaillons avec des gestionnaires de forêt ou avec l'ONF pour acheter notre bois avec la garantie que ce bois est géré selon la méthode de la sylviculture mélangée à couvert continu, c'est une culture qui est la plus proche possible de la nature. L'idée est de respecter le sol, de ne pas pratiquer de coupes rases, de maintenir des arbres morts, de maintenir des arbres d'essences différentes et de taille et d'âge variés», précise Yvain Brochot.

Fonctionnement écologique

Le projet bénéficie d'une approche globale fondée sur l'écologie. Le bois acheté provient de Picardie et est revendu en Hauts-de-France et en Ile-de-France principalement, réduisant les bilans carbone. Et le fonctionnement de la scierie se veut écologique : des panneaux solaires ont été installés sur le toit du bâtiment, le séchoir à bois est alimenté en chaleur par les chutes de bois de la scierie, l'eau du site est recyclée, les parking ne sont pas recouverts de matériaux imperméabilisants de type macadam.

La scierie emploie aujourd'hui cinq personnes dont les deux fondateurs. Ces derniers se sont formés dans une scierie-école en Normandie. Yvain Brochot a lui même suivi des études forestières avant de travailler dans d'autres domaines. «C'est en voulant réaliser des chantiers privés comme de faire une extension en bois de ma maison que je me suis rendu compte qu'il était compliqué de trouver du bois local et au-delà de ça, de savoir comment il avait été cultivé et sous quel mode de gestion, se rappelle Yvain Brochot. Plusieurs petites scieries ont fermé dans le secteur, c'est un modèle de scierie qui a périclité. Et globalement en France, il y avait environ 15 000 scieries dans les années 1970 contre un peu plus de 1000 aujourd'hui. Il reste beaucoup de très grosses scieries, qui sont dans un schéma industriel qui ne se marie pas avec une gestion raisonnée des forêts».

Le duo croit en son modèle de scierie et a pu réunir grâce à un troisième associé, un budget de cinq millions d'euros pour débuter l'activité. Une aide de la région et des fonds européens ont aussi été décisifs. Depuis la mise en route opérationnelle à l'automne dernier, Forêt Vivante réalise des commandes en scierie menuiserie (planches, charpente, plots...) à destination de charpentiers et menuisiers mais peut aussi travailler pour des particuliers en réalisant des terrasses ou des plaintes. L'entreprise a récemment réalisé des bardages pour une crèche dans la Somme. Un bon départ qui ne demande qu'à se confirmer.