Amir Reza-Tofighi, nouveau président de la CPME, entre dans l'arène

Il est urgent de disposer d'un budget insiste Amir Reza-Tofighi, tout juste élu président de la CPME. Se plaçant dans la continuité de son prédécesseur, il représente un renouvellement qui n'est pas uniquement générationnel.

Amir Reza-Tofighi, tout juste élu président de la CPME. © Anne Daubrée
Amir Reza-Tofighi, tout juste élu président de la CPME. © Anne Daubrée

Direct, dans le maelström. Le 21 janvier, Amir Reza-Tofighi était élu président de la CPME, Confédération des petites et moyennes entreprises, sur fond d'une situation économique qui se dégrade et du vote du PLF, projet de loi de finances 2025, qui traîne depuis octobre dernier. Le 23 janvier, à Puteaux, lors d'une conférence de presse, le nouveau président de la CPME a exprimé une «véritable inquiétude» face à la situation des entreprises. Son message prioritaire? «Il faut un budget, en urgence», a déclaré Amir Reza-Tofighi. Par exemple, «dans le service à la personne où 90% du coût est constitué par la masse salariale, comment voulez-vous que l'on puisse investir quand on ne sait pas combien vont coûter les charges ?», illustre-t-il.

Tout en redoutant un «compromis politique» qui risque d'être «inflationniste sur les déficits», Amir Reza-Tofighi s'est dit «confiant» dans les déclarations du ministre de l’Économie, Eric Lombard, sur le maintien d'une politique de l'offre. Au delà de l'urgence du budget, l'agenda d'Amir Reza-Tofighi comporte la négociation des partenaires sociaux sur les retraites, lancée le 17 janvier par le Premier ministre. La CPME n'y arrive pas avec des «lignes rouges», mais des «exigences fortes» en matière de respect de la compétitivité des entreprises et de limitation du coût des mesures. «Si nous voulons un régime qui tienne vraiment (…) nous pourrions avoir une réflexion plus globale, en se disant qu'il n'y aura plus de déficit permis», propose Amir Reza-Tofighi. Parmi les autres sujets qu'il a abordés figurent la nécessité d'une simplification du Code du travail «trop complexe». Quant à la CSRD, directive relative à la publication en matière de durabilité des entreprises, l’État devrait cesser de faire du «micro-management» pour fixer des objectifs aux entreprises et leur laisser le soin de trouver des solutions, estime Amir Reza-Tofighi.

La possibilité d'un renouvellement

Son nouveau président affiche pour la CPME l'ambition qu'elle «porte la voix des entrepreneurs», qu'elle soit «force de proposition». Elle doit «peser dans le débat public», estime Amir Reza-Tofighi, confirmant une orientation largement consolidé par François Asselin, resté dix ans à la tête de la Confédération. Le nouveau président, largement élu avec 65,4% des voix, a expliqué être « honoré » de lui succéder. Il débute en marchant dans ses traces. Par exemple,en matière de simplification, l'action de la CPME va s'appuyer sur les 80 propositions déjà existantes (dont le test PME avant l’adoption d'un projet de loi).

Pour autant, cette élection apporte un net renouvellement. Générationnel : âgé de 40 ans, le nouveau président de la CPME a 20 ans de moins que celui sortant. Par ailleurs, leurs trajectoires sont très différentes. François Asselin avait racheté l'entreprise familiale de charpente et ébénisterie spécialisée dans le patrimoine. Son engagement était marqué par une matrice personnelle catholique – qu'il ne cachait ni n'affichait. Amir Reza-Tofighi, fils de réfugiés politiques iraniens, a grandi à Grigny, dans l’Essonne. Diplômé de Centrale Supélec et de HEC, il présente le profil du « serial entrepreneur » de succès, tendance tech. Il a cofondé Heetch, plateforme de transport nocturne et Click and Boat, site de location de bateaux entre particuliers. Mais il a aussi cofondé- à 21 ans -Vitalliance, entreprise d’aide à domicile pour les personnes dépendantes qu'il continue de présider. L'engagement au service des autres entrepreneurs réunit les deux hommes : Amir Reza-Tofighi a été président de la Fédésap, Fédération française des services à la personne et de proximité de 2016 à 2022. Et après y avoir exécuté différents mandats, il siège au comité exécutif de l'organisation patronale CPME depuis 2019.