Politique de la ville
Amiens : une commission plénière pour réfléchir aux économies d’énergie
Brigitte Fouré et Alain Gest ont présenté aux élus d’Amiens et d’Amiens Métropole des pistes pour réaliser à court et à moyen terme des économies d’énergie. Si la collectivité n’est pas dans une situation critique et que les investissements prévus ne sont pas menacés, elle se prépare cependant à faire face à une hausse durable de sa facture énergétique.
Fin octobre, Brigitte Fouré, maire d’Amiens et Alain Gest, président d’Amiens Métropole, ont réuni l’ensemble des élus pour évoquer la flambée des coûts de l’énergie. « La crise en Ukraine et la crise climatique nous obligent à nous adapter et à le faire rapidement », souligne l’édile qui rappelle les nombreuses actions engagées par la collectivité comme la création d’un réseau de chaleur, l’arrivée de 43 bus électriques, l’aide à la rénovation énergétique, la création d’une ferme solaire ou encore l’objectif d’atteindre l’autonomie énergétique en 2050.
« Les élus ne sont pas restés sans rien faire ! Nous faisons face à un défi important, mais cela ne signifie pas l’arrêt de nos investissements », assure Alain Gest avant de souligner que les collectivités ne bénéficient pas de bouclier tarifaire et sont donc pleinement exposées à la hausse des prix.
Des pistes pour le court terme
« La réduction de nos consommations énergétiques passe par un changement d’usage des bâtiments, comme la baisse de la température des bureaux à 19 °C° », pointe Brigitte Fouré. La question du niveau de chauffage dans les gymnases est également posée.
« Nous regardons jusqu’où nous pouvons aller », lance Alain Gest qui évoque la possibilité de descendre à 14°C quand un élu parle de 12°C. La baisse d’un degré dans les piscines est aussi sur la table. « Nous l’avons déjà fait dans une piscine sans rien dire, nous n’avons eu aucune plainte », ajoute le président d’Amiens Métropole qui parle aussi de baisser la température de l’air ambiant d’un ou deux degrés.
L’éclairage public est aussi une piste sérieuse d’économie. « Je ne pense pas que l’éteindre complètement soit une bonne idée pour une question de sécurité », explique Brigitte Fouré qui propose de stopper l’éclairage des bâtiments entre 23 heures et 7 heures ou minuit/ 6 heures.
Une démarche qui pourrait aussi être adoptée pour les décorations de Noël. À la question des vitrines et enseignes lumineuses des commerçants, Brigitte Fouré a rappelé qu’ils étaient dans l’obligation de les éteindre la nuit et qu’un travail de pédagogie devait encore être réalisé.
Des solutions pour le moyen terme
« Tout ceci sont des pistes qui peuvent être engagées rapidement, mais nous devons aussi réfléchir au plus long terme », note Alain Gest qui aborde la question de la rénovation du patrimoine avec huit sites prioritaires, dont le Coliseum et 61 sites pratiques comme des écoles, des gymnases ou des restaurants scolaires.
Ces rénovations, estimées à 30 millions d’euros, permettront de réaliser 17% d’économie d’énergie d’ici 2030, soit « la consommation annuelle de 1 200 foyers », précise-t-il Le passage en LED sera accéléré pour être achevé en 2025, entraînant une économie de 750 000 euros/ an dès 2026.
« Il faudra aussi aborder la question de l’organisation du travail. Ce sont des axes de réflexion, tout sera discuté avec les organisations syndicales », rassure Brigitte Fouré qui pense à la réduction de l’ouverture de certains services ou équipements non-essentiels ou un recours accru au télétravail. « En appliquant toutes ces mesures, nous arriverions à une économie de 10% sur nos dépenses », confie Alain Gest. Les actions retenues seront annoncées début novembre.
Un réseau de chaleur pour faire baisser la facture
« Nous sommes protégés par notre contrat avec notre fournisseur jusqu’à fin 2023, mais cette crise est prévue pour durer », avertit le président d’Amiens Métropole. En 2018, la collectivité avait dépensé 2 millions d’euros pour le gaz et 9,5 millions pour l’électricité.
Selon ses prévisions, en 2022, la facture s’élèvera à 4,5 millions d’euros pour le gaz et frôlera les 14 millions d’euros pour l’électricité. Petite lueur d’espoir, le basculement progressif du gaz vers le réseau de chaleur qui fonctionne avec 60% d’ENR et dont le prix du MWh est très avantageux. Cinquante-quatre sites publics sont actuellement raccordés. L’extension du réseau de chaleur va prochainement bénéficier à plusieurs quartiers de la ville, comme Saint-Acheul ou Saint-Anne.