Événement

26e Rendez-vous de la bande dessinée à Amiens

Le 2  juin s’ouvraient les 26e Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens. Pendant quatre week-ends, la ville va vivre au rythme de l’un des festivals majeurs consacré au 9e art, avec des rencontres, des ateliers, des spectacles et des expositions, dont De Goldorak à Goldorak.

Denis Bajram, Pascal Mériaux, Marie-Luz et Laurent Dréano. ©Aletheia Press/ D.La Phung
Denis Bajram, Pascal Mériaux, Marie-Luz et Laurent Dréano. ©Aletheia Press/ D.La Phung

Jusqu'au 2 octobre, la Maison de la culture d’Amiens accueille De Goldorak à Goldorak, une exposition élaborée à l’occasion des Rendez-vous de la bande dessinée, qui plonge le visiteur dans l’univers du héros japonais apparu sur les écrans français en 1978 et à qui Denis Bajam, Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo ont redonné vie à travers une bande dessinée publiée en octobre 2021. 

« Nous ne sommes pas dans quelque chose de nostalgique, nous avons fait évoluer les personnages et imaginé ce que serait la dernière grande bataille de Goldorak », explique Denis Bajram, également auteur de l’affiche des 26e Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens.

L’exposition, co-construite avec Marie-Luz Ceva retrace ce travail collectif et donne à voir aussi bien qu’à lire. « Je me réjouis à l’idée que ce personnage populaire permette à des gens de franchir les portes d’une Maison de la culture où ils ne seraient pas forcément rentrés. Malgré les efforts considérables faits partout, la culture est de moins en moins accessible », souligne l’auteur à qui est également consacré une exposition, toujours à la MCA.

Goldorak est le deuxième album de BD le plus vendu cette année, derrière Astérix. ©Aletheia Press/ D. La Phung

Un festival atypique

« Pour moi, Amiens est l’un des meilleurs festivals de France, si ce n’est le meilleur. Il y a Angoulême qui est incontournable, mais il y a ici une véritable culture de la bande dessinée », observe Denis Bajram. En 1998, alors qu’il vient pour la première fois à Amiens, il rencontre Pascal Mériaux, directeur des éditions de la Gouttière, organisateur du festival et directeur de l’association On a marché sur la Bulle. Entre eux, le coup de foudre est immédiat. « Nous partagions la même vision des choses, nous voulions sortir de ces festivals uniquement organisés autour de la dédicace d’auteur », se souvient ce dernier.

« Amiens est le seul festival capable de faire le grand écart entre une bande dessinée populaire et une bande dessinée très pointue. Ce mélange des genres permet d’attraper de nouveaux publics et de faire venir des gens qui n’étaient jamais allés à un salon du livre », détaille Denis Bajram qui salue au passage la formation du public faite depuis 26 ans. 

« Les visiteurs nous posent des questions très complexes, que l’on pourrait se poser entre collègues, c’est très intéressant de venir ici », ajoute-t-il. Si l’édition 2021 avait rassemblé 12 500 personnes [ndlr, l’événement était encore soumis à une jauge], les organisateurs s’attendent à un record de fréquentation cette année.

Go Nagai a donné son accord pour cette nouvelle aventure de Goldorak. ©Aletheia Press/ D. La Phung

Un travail de terrain

« Tout ce qui est en train de se passer maintenant est la suite logique de 15 ans de travail de terrain, autour de la lecture, de médiation, d’intervention dans les classes. La culture de la bande dessinée est forte à Amiens parce qu’un travail de fond est réalisé toute l’année », résume Pascal Mériaux qui évoque notamment la formation autour des métiers de la BD proposée par l’UPJV. 

« Le DUT s’est transformé en licence, puis on a parlé de master… tout cela nous dépasse. Nous avons semé quelque chose, mais aujourd’hui cela ne nous appartient plus », sourit-il. Un engouement collectif qui permet de faire émerger de nouveaux projets et de faire du 9e art un axe d’attractivité à part entière pour le territoire.

Le projet de Plate-forme des images et de la création (PIC) en est un parfait exemple. Ce tiers-lieu, qui devrait s’installer dans l’ancien du tri postal (quartier Gare La Vallée) pour une ouverture prévue en 2026, doit bénéficier de l’appui de l’État et de la Région. 

Il rassemblera l’association On a Marché sur la Bulle, le Frac Picardie, l’artothèque d’Amiens Métropole et l’école supérieure Esad-Waide Somme, spécialisée dans la création d’images animées. « Je vis un rêve éveillé. On va au-delà de ce qu’on pouvait imaginer et forcément, on a envie d’aller plus loin », confie l’organisateur du 3e plus gros festival français de bande dessinée.