Projet alimentaire territorial
Amiens Métropole et la Safer main dans la main pour développer le maraîchage dans les Hortillonnages
Lieu emblématique d’Amiens, les Hortillonnages sont une zone de production maraîchère. Mais l’activité agricole est en déclin. Faire d’Amiens une ville nourricière, c’est le projet d’Amiens Métropole.
« Dès 2018, nous nous sommes engagés dans un Projet alimentaire territorial (PAT). Nous voulons promouvoir une alimentation locale, faciliter l’accès aux produits locaux et accompagner ce changement pour tout un écosystème d’acteurs », introduit Margaux Delétré, vice-présidente d'Amiens Métropole, en charge du PAT.
Un projet que la communauté d’agglomération entend développer à travers le maraîchage, une activité fortement ancrée dans l’histoire locale, au travers des Hortillonnages qui ont plusieurs centaines d’années. Sur le territoire d’Amiens Métropole, malgré l’urbanisation, on compte encore 271 hectares de ces anciens marais, aménagés pour être cultivés.
Si les surfaces existent, quel est le potentiel du maraîchage sur cette zone qui a notamment vu se développer les jardins privés et le tourisme ? « Depuis ces dernières années, on ressent l’envie des personnes de se reconnecter à la nature et à l’alimentation locale. Mais le métier de maraîcher est compliqué », atteste la vice-présidente d’Amiens Métropole. Pour mieux cerner les exploitations et les enjeux de développement, Amiens Métropole a ainsi demandé à la Safer Hauts-de-France de réaliser une étude dans les Hortillonnages et sur l’île Sainte-Aragone.
Installer des jeunes
L’étude recense un total de plus de 16 personnes ou structures cultivant des légumes sur les deux sites étudiés. Quatorze exercent une activité maraîchère à titre professionnel. Onze structures se situent dans les Hortillonnages et occupent plus de 24 hectares (10% de la surface cadastrale), et trois sont situés sur l’île Sainte-Aragone. Les surfaces sont hétéroclites, allant de 30 ares à un peu plus de trois hectares. Ces maraîchers vieillissent puisque 57% d’entre eux ont plus de 55 ans et trois ont plus de 65 ans. « Nous devons désormais anticiper les départs en retraite pour assurer les reprises des parcelles », assure l’élue.
Mais installer des jeunes exploitants semble plus difficile que prévu. En témoigne un appel à projet, lancé en avril dernier, pour la location d’un terrain de 7 000 m2. Des parcelles sur lesquelles la métropole avait préempté. « Nous n’avons reçu que cinq dossiers. Nous en avons retenu deux qui vont cultiver des fruits et des légumes bio sur 3 500 m2 chacun », explique Margaux Delétré. La gestion du foncier apparaît comme un sujet demandant un travail de sensibilisation. « La crainte de louer des terres se ressent chez les exploitants propriétaires. Nous pouvons les accompagner avec un bail précaire, ce qui leur permettrait de garder un temps de réflexion », détaille Philippe Gautier, chargé de mission et d’opérations foncières à la Safer Hauts-de-France.
Pérenniser les Hortillonnages
Serres agricoles connectées et robotisées ou encore espaces de tests… Des outils pour développer le maraîchage et le rendre plus attractif sont également en phase de réflexion. « Nous souhaitons également développer les formations autour du commerce et du droit agricole et agroalimentaire », conclut Margaux Delétré.
Si Amiens Métropole n’envisage pas d’agrandir le périmètre des Hortillonnages, elle pourrait investir dans des parcelles se libérant. « Elles seront, par exemple, ouvertes à des activités de loisirs, pédagogiques ou d’agriculture », ajoute la vice-présidente d’Amiens Métropole. Une façon de préserver et de faire vivre ce patrimoine unique de façon harmonieuse et cohérente.