Stratégie

Amiens : levée de fonds de 100 millions d'euros pour Tiamat et ses batteries au sodium-ion

Créée en 2017, la start-up amiénoise Tiamat prépare une levée de fonds de 100 millions d’euros d'ici fin 2023 pour ses batteries au sodium-ion. Ces batteries de puissance offrent une alternative à la technologie lithium-ion à destination de différents marchés et notamment de l’hybridation automobile.

Tiamat Energy exploite une technologie sodium-ion dédiée aux marchés de puissance issue de travaux de recherche entre du CEA et du CNRS.
Tiamat Energy exploite une technologie sodium-ion dédiée aux marchés de puissance issue de travaux de recherche entre du CEA et du CNRS.

Spécialisée dans la technologie sodium-ion, l'entreprise Tiamat prévoit de clôturer un tour de financement de 100 millions d'euros d'ici à la fin 2023 pour ses batteries au sodium-ion, dont 50 millions en fonds propres. Ces batteries de puissance offrent une alternative à la technologie lithium-ion dont la production repose sur des matériaux critiques par leur rareté et leur provenance géostratégique. 

Issu du Réseau français sur le stockage électrochimique de l’énergie (RS2E) porté par le CNRS, Tiamat dispose aujourd’hui de plusieurs prototypes fonctionnels, et planche actuellement sur la construction d’une gigafactory sur un terrain de dix à 20 hectares. Cette usine ouvrira à la fin de l’année 2025 à Amiens avec une capacité d'un GW extensible à cinq GW. La nouvelle usine de Tiamat produira jusqu'à 700 000 batteries sodium-ion par jour. 

Objectif : fournir le marché européen en cellules prismatiques à destination de différents marchés et notamment de l’hybridation automobile. De nombreux acteurs français du secteur des batteries se trouvent dans le Nord, une opportunité pour étoffer un écosystème de la batterie dans la région qui profiterait à l’ensemble de la filière. Tiamat développe des batteries de nouvelle génération à partir des travaux de recherche sur le stockage électrochimique du CNRS, du CEA. 

La start-up - hébergée au Hub de l’énergie à l’Université de Picardie Jules-Verne et qui compte à son capital CNRS innovation -, dispose de brevets protégés à l’international. Elle s’oriente notamment vers la fourniture de petites batteries aux constructeurs d’automobiles hybrides, qui auraient une puissance et une rapidité de recharge supérieure aux batterie lithium-ion. Tiamat a notamment noué un partenariat avec Plastic Omnium pour équiper ses voitures hybrides et avec BMS PowerSafe et Neogy du groupe Startec pour développer des batteries sodium-ion dans le « design industriel de solutions électroniques et de stockage d’énergie ».

Objectif : créer une première usine capable de produire plus de 500 000 batteries par jour, probablement à Amiens, dans la Somme.

Passer au stade industriel

Pour mener à bien ce projet, la société, créée en 2017, qui emploie 20 personnes, veut boucler d'ici à la fin de l'année un financement d'une tout autre ampleur que ses deux précédents tours de table, menés en 2018 et 2021, pour un montant total de cinq millions d'euros. 

Présentée comme plus durable, mais aussi plus efficace que les technologies actuelles (Lithium-ion) du marché, cette technologie pourrait, selon les dirigeants de Tiamat, permettre de répondre à l'explosion des besoins en solutions de stockage de l'énergie. Pour rendre son modèle industriel viable, Tiamat doit parvenir à un volume critique de production. Les batteries Sodium-ion de puissance Tiamat disposent de très hautes densités de puissance en décharge et en charge avec moins de dix minutes pour recharger complètement et la réduction de taille et du poids du pack. Elles offrent aussi un niveau de sécurité très élevé. 

Cette technologie sodium-ion s’affranchit de matériaux traditionnels, pas de nickel et de cobalt. Tiamat utilise des composants disponibles abondamment. « Tiamat prend en compte la mesure de l'urgence climatique et énergétique depuis sa création, et vise à innover pour réduire l’emploi des énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir », souligne l’ingénieur Hervé Beuffe, Pdg de la start-up dont les efforts se concentrent sur les premières commercialisation d’ampleur a l'horizon 2024. 

De plus en plus d’industriels cherchent en effet à trouver des alternatives aux batteries lithium-ion pour le stockage d'électricité. Les batteries sodium-ion pourraient être un très bon substitut. De plus ces batteries auraient une vitesse de charge/décharge plus importantes que leurs concurrentes. Les équipes de Tiamat ont d'ailleurs reçu en mars la visite du président de Région Xavier Bertrand au LRCS sur la ligne pilote de cellules cylindriques Sodium-ion, pour présenter le projet de future Gigafactory.