Démocratie locale
Amiens accueille les Rencontres nationales des budgets participatifs
Sept ans après le lancement du premier budget participatif à Grenoble, ce sont 400 collectivités qui ont utilisé cet outil de démocratie locale en 2022. Pour mieux accompagner cette montée en puissance, les villes pionnières ont souhaité créer l’association du Réseau national des budgets participatifs lors des Rencontres nationales qui se tenaient à Amiens début novembre.
C’est à Amiens, début novembre, que s’est tenue la septième édition des Rencontres nationales des budgets participatifs. Un mouvement qui débute en en 2015. Grenoble est alors la première ville française à proposer un budget participatif.
Le concept ? Soumettre aux votes des habitants des projets déposés par des associations, des écoles, des collectifs de quartiers ou des particuliers. Pour être éligibles, ces idées doivent relever du budget d’investissement, être d’intérêt collectif et localisées dans la commune organisatrice. Les projets plébiscités sont ensuite réalisés par les équipes de la ville et les lauréats.
« Il y a six ans, les villes de Grenoble, Montreuil et Rennes se sont réunies pour échanger sur leurs pratiques. L’intérêt pour le budget participatif n’a cessé de croître et de plus en plus de collectivités se sont emparées de cet outil », se souvient Annabelle Breton, adjointe au maire de Grenoble à l’Éducation populaire, la jeunesse, la vie associative et à la démocratie participative.
Un outil de démocratie locale
« La ville d’Amiens a souhaité faire évoluer la démocratie locale en encourageant la participation citoyenne. C’est dans ce cadre que nous avons lancé, en 2021, notre premier budget participatif doté d’une enveloppe d’un million d’euros », rappelle Brigitte Fouré, maire d’Amiens. Sur 140 projets déposés, 50 ont été soumis au vote. « Il y a eu un vrai engouement pour cette initiative puisque nous avons enregistré 4 355 votants », poursuit-elle alors que la 2e édition vient de s’achever, couronnant onze nouveaux lauréats.
Le Département de la Somme s’est lui aussi engagé dans l’aventure du budget participatif dès 2020 autour du thème de la réussite éducative. Une mesure qui a permis de financer 64 projets pour un montant total d’un million d’euros.
« Il est normal que les villes se saisissent des budgets participatifs : elles ont une relation évidente de proximité avec les habitants. Mais les Départements ont aussi un rôle à jouer, assure Stéphane Haussoulier, président du Département de la Somme avant d’ajouter : La façon de gérer une collectivité a changé. C’est une très belle ambition de redonner du sens à la chose publique. » Un avis partagé par de nombreux acteurs puisqu’en 2022, ce sont 400 communes qui ont eu recours à cette pratique.
Créer une association
Pour accompagner cette montée en puissance, les villes pionnières, dont fait partie Amiens, ont décidé de formaliser cet engagement collectif en créant l’association du Réseau national des budgets participatifs (association RNBP).
« Notre objectif est de construire un outil pour demain qui incarne une volonté commune de partage de la décision publique. Le budget participatif est une brique de la vie citoyenne », souligne Karine Engel, adjointe au maire d’Angers chargée de la Citoyenneté, des Anciens combattants et du devoir de mémoire, élue présidente de l’association. En plus du bureau, le réseau sera piloté par un Conseil d’administration "Collectivités" et d’un Conseil d’administration "Habitants".
Le budget participatif, élément clé ou gadget de la démocratie locale ?
« Depuis 2014 nous assistons à une massification des budgets participatifs, c’est un outil de la démocratie locale, mais cela ne doit pas se transformer en jeux de dupes, à savoir, consulter la population pour des’’ petits projets’’ mais pas pour des projets structurants », alerte Julien Talpin, chargé de recherche en science politique au CNRS et directeur adjoint du Centre d'études et de recherches administratives qui pointe aussi un recours récurrent au numérique, excluant de fait des habitants.
« Pour moi, il n’y a pas de petits projets. Le fait de pouvoir proposer des idées qui nécessitent quelques milliers d’euros permet à des gens qui n’auraient jamais pensé pouvoir participer de se lancer. Et, pour eux, ce sont des projets structurants », répond Jacqueline Quillet, coordinatrice du Relais social à Amiens. Un avis partagé par Stéphane Descombes, adjoint au maire d’Amiens, délégué à la Démocratie locale, à la vie associative et à la participation citoyenne qui souligne que le premier budget participatif amiénois a été « la plus grosse consultation organisée dans l’histoire de la ville ».