Alstom, en crise, annonce un plan pour se désendetter

Branle-bas de combat chez Alstom: le constructeur ferroviaire a annoncé mercredi un plan pour se désendetter avec la suppression de 1.500 emplois dans le monde, des cessions d'actifs et même une possible augmentation de...

Le groupe ferroviaire Alstom a annoncé un plan pour se désendetter avec la suppression de 1.500 emplois dans le monde, des cessions d'actifs et même une possible augmentation de capital "en fonction des conditions du marché" © Pascal GUYOT
Le groupe ferroviaire Alstom a annoncé un plan pour se désendetter avec la suppression de 1.500 emplois dans le monde, des cessions d'actifs et même une possible augmentation de capital "en fonction des conditions du marché" © Pascal GUYOT

Branle-bas de combat chez Alstom: le constructeur ferroviaire a annoncé mercredi un plan pour se désendetter avec la suppression de 1.500 emplois dans le monde, des cessions d'actifs et même une possible augmentation de capital "en fonction des conditions du marché".

"Nous mettons en œuvre un plan d’actions global", notamment pour rassurer les agences de notation et tenir "nos objectifs à moyen terme", a prévenu le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, cité dans le communiqué de résultat.

L'action Alstom a chuté mercredi de 15% à la Bourse de Paris. Depuis le début de l'année, elle a perdu 47% de sa valeur.

Le 12 octobre, Moody's a abaissé la perspective de la note d'Alstom, rapprochant encore l'entreprise de la catégorie spéculative. Ces résultats semestriels viennent assombrir le tableau et constituent un avertissement "d'envergure", dixit le cabinet de conseil Oddo BHF qui souligne la menace d'une dégradation. 

Début octobre, le constructeur ferroviaire a révélé une consommation excessive de trésorerie avec l'annonce d'un flux libre de trésorerie (free cashflow) attendu largement négatif sur l'exercice annuel 2023/2024, de l'ordre de -500 à -750 millions d'euros.

Au premier semestre de son exercice décalé 2023/2024, cet indicateur, central pour l'estimation de la valeur d'une entreprise, s'établit à -1,1 milliard d'euros. La croissance de l'activité "a généré des besoin en en terme de stock, d'inventaire qui ont généré des besoins en cash important. Ils n’ont pas été financés par des rentrées d'argent à hauteur de ce qu'on aurait souhaité", a expliqué le PDG du groupe Henri Poupart-Lafarge lors d'une conférence de presse mercredi.

La performance commerciale d'Alstom, dont les commandes ont chuté de 16% au premier semestre par rapport à l'an dernier pour s'établir à 8,4 milliards d'euros, a été "faible" a-t-il insisté. Les rentrées liées aux acomptes versés lors de la signature des contrats ont donc été décevantes.

D'autres contrats plus anciens plombent le bilan du constructeur ferroviaire comme le programme Aventra, 443 trains destinés au Royaume-Uni et hérités du portefeuille de Bombardier Transport racheté début 2021, et qui a pris un retard considérable.

La digestion de cette acquisition, réalisée il y a deux ans et demi pour 5,3 milliards d'euros, risque de durer encore un an et demi selon les prévisions de M. Poupart-Lafarge.

Cessions d'actifs

Le chiffre d'affaires du groupe s'est lui établi à 8,4 milliards d'euros sur le semestre, en légère hausse de 4,9% par rapport à l'année dernière, et le résultat net part du groupe est tout juste repassé dans le vert, à 1 million d'euros - contre une perte nette de 21 millions d'euros un an plus tôt.

Le plan présenté par Alstom pour se remettre en ordre de marche vise à réduire la dette de 2 milliards d'euros d'ici mars 2025. Actuellement, elle s'élève à 3,4 milliards d'euros.

Pour y parvenir, le groupe, qui fabrique trains et tramways, prévoit des cessions d'actifs de l'ordre de 500 millions à 1 milliard d'euros mais aussi une possible augmentation de capital.

Les 1.500 emplois supprimés pour réduire les coûts le seront uniquement dans les fonctions commerciales et administratives et représentent 10% des effectifs de celles-ci.

Le deuxième groupe ferroviaire mondial entend aussi se positionner sur des appels d'offre plus rémunérateurs, notamment dans le domaine des services, pour privilégier les prises de commande de qualité où la marge potentielle est plus importante. 

Changement de président

La restructuration s'annonce profonde puisque le sommet du groupe va lui aussi être touché. Il a été décidé de dissocier les fonctions de directeur général de celle de président du conseil d'administration à partir de juillet 2024.

Henri Poupart-Lafarge, PDG depuis février 2016 et reconduit à ce poste en juillet dernier, n'en sera donc plus que son directeur général. Pour le remplacer à la présidence, l'ancien directeur général de Safran Philippe Petitcolin a été choisi.

M. Poupart-Lafarge a refusé de parler de "mise sous tutelle" et salué cette nomination comme "une très bonne idée". "On a un conseil d'administration dans lequel il n’y a pas tellement de grands industriels. Il a cette expérience. (Safran) est une activité de projet également, donc il a connu ce que sont des projets à long terme", a souligne l'actuel PDG.

Alstom a d'ores et déjà annoncé son intention de ne verser aucun dividende l'été prochain. 

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